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Rêve salvateur
_aylden_r
A une heure banale –
Cher journal,
Cadavres de bouteilles sur le comptoir,
Je crois qu'il commence à se faire tard
J'ai toujours mal à la tête
Je ne vois plus que toi
Tu dois trouver ça bête
Tu ne penses pas à moi
Debout, à faire grincer tes cordes,
Je te parle tout bas et depuis ce jour de fête,
Et les secondes que tu m'accordes,
Il tombe une pluie d'une autre planète
Bilan inattendu et effrayant : une soirée a suffi pour résumer une année et peut-être quelques autres…
***
Les carcasses exquises ont valsé devant moi
Quatre fois
Deux amis
Deux de mes vies
Je me sens incroyablement seule, même si je suis entourée
Et ce vide en dedans semble m'aspirer toujours un peu plus chaque jour.
J'ai peur de me lever,
De devoir marcher dans le corridor étroit et sombre,
De distinguer à peine formes, couleurs, lumières.
J'ai peur que tout s'écroule autour de moi et plus encore lorsqu'un visage tendre reste face à mes souvenirs, immobile et droit comme un pic fier.
***
Incomparable ? Justement, à quoi comparer un trou béant ?
***
Dehors, les sentiers regorgent de petits graviers multiformes, granuleux, rigoureusement taillés et curieux.
Deux camarades échangent trois sourires, un geste de la main et une voix.
Les feuilles d'un cyprès se penchent pour y jeter un œil indécent et remuent quelque peu.
L'ombre triste retire son voile de satin et se couche sur le banc, dans un coin intime du jardin.
Les sensations désormais réinventées, simple beauté à l'état brut
Les faces jaillissent hors du puits, se regardent, se tordent puis se confondent
Mais les corps se ramollissent, se tassent et s'écrasent sur le sol fracassé,
La gravité ne suffit toujours pas et les affects s'insularisent.
***
Je rêve d'un ami,
Un petit prince, un homme, un ange venu du Paradis
Qui me ferait exister avec ses ris
Qui me porterait, sans trop le vouloir, me faisant prendre cette hauteur bénie
A mourir de son silence gardé,
A délier toutes les coutures de sa langue,
A faire coulisser librement ses pensées hors de ses minces lèvres ingénues...
Je rêve d'un ami,
Un petit prince, un homme, un ange venu du Paradis
Qui me fait exister avec ses ris
Qui me porte, sans trop le vouloir, me faisant prendre cette hauteur bénie
Car l'ombre heureuse ne me permet toujours pas de ne plus abrutir mon cœur de sanglots inutiles, et me condamne aux fers d'une romance sans paroles, pour l'instant encore à la figure d'un amant sous auréole.
Je rêve d'un ami,
Un petit prince, un homme, un ange venu du Paradis…
Vainqueur, champion, roi
Lève-toi
Créateur, électron, hors-la-loi
Marche près de moi
J'ai rêvé d'un ami,
Sûrement un homme, ou peut-être un ange du Paradis.