Réveil à répétitions

Yeza Ahem

De la difficulté de sortir du monde onirique...

Je sursaute. Mon réveil me crie de me lever. Je lui donne un coup, véritable smash digne de Jeanne ou Serge. Le réveil se retrouve propulsé à l'autre bout de la pièce, déformé par la pression que la vitesse lui inflige. Mais je reste sur mes gardes, debout, jambes légèrement écartées pour mieux amortir la passe que me fait une coéquipière que je perçois sans la voir sur la droite. J'entends, diffus, tout autour, le brouhaha des supporters. Le stress monte. La partie se joue sur ce point. Il faut que je réceptionne la balle, sinon... Une sonnerie stridente me fait me retourner un instant, trop long : le réveil s'incruste dans ma mâchoire et...

Je sursaute. Mon réveil me crie de me lever. Cette fois, je suis vraiment réveillée, juste un peu groggy. Je m'assoie dans mon lit, et finit par tendre mon bras pour éteindre mon satané réveil. Ma main tâtonne, finit par appuyer sur un bouton qui stoppe la musique. Mais mes doigts semblent s'enfoncer dans l'appareil rendu mou, caoutchouteux... Je tourne vivement ma tête vers l'engin, tout en essayant de libérer mes doigts. La matière s'étire mais ne se détache pas. Je saisis avec l'autre main ce qui ressemble encore à mon radio-réveil. Mais, au lieu de détacher mes premiers doigts, me voilà avec mon autre main collée. Je commence à m'impatienter, je soulève l'objet, mais la table de nuit vient avec. Sur mon lit je m'enfonce, je dois me libérer, je m'apprête à glisser un pied entre mes deux bras pour appuyer contre la face du... mais je me ravise : une gueule vorace s'ouvre. Je regarde à gauche, à droite : personne ne peut m'aider ; je m'enfonce, je ne sais plus quoi faire quand une douce mélodie arrive, par-delà les créatures. Je crie et...

Je sursaute. Mon réveil me crie de me lever. Je tâte à gauche : je trouve et éteint mon réveil. Je tâte à droite : mon amoureux est là, chaud et doux. Je me blottis contre lui, je ne sais pas trop pourquoi. Mais je sens que j'ai besoin d'être rassurée, protégée. Je sens mon plexus se soulever, mes muscles se décontracter. Allez ! il est temps pour moi de me lever...

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