Rêverie diurne‎

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    Depuis combien de temps je guette ce moment ? Combien d'années à me condamner pour ce preux espoir ? Combien de nuit à errer et à m'acharner sur les mots plutôt que de mettre fin aux miens ?


    Qu'importe, à présent mes mains s'enlacent tout contre sa gorge, telle la ronce affamée charcutant pour une goutte de sang. Une fois son dernier souffle expiré je pourrai m'envoler un instant, un instant seulement et respirer le doux parfum d'une peur effacée. Je suis le bâtard de votre société qui, lassée de me voir fantasmer, a voulu me contrôler et me dominer.


    La vie le quitte, je le sens, je le sens si bien, si intensément que j'en tremble et m'en mords la lèvre. C'est dur et douloureux car il faut serrer fort et fermement, affronter ces yeux révulsés injectés de sang, les cris étouffés telle la truie qu'on égorge et cette pâleur bleutée qui honore son visage.


    Mais le meilleur passage est sans doute celui où son pouls s'affaiblit, où je finis par ne plus le sentir entre mes mains, me permettant enfin de relâcher ma mortelle étreinte, laissant toute cette chair s'affaler sur le sol, inerte et inutile.C'est toujours juste avant le dernier acte, au moment de la jouissance authentique et diabolique, que je me réveille en sueur, dévoré par la frustration et le désir.


_ Qu'en dites-vous docteur ?


Et pour seule réponse son silence.

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