révolution
cheetah
C’est l’histoire d’un vieux crocodile, donc, qui se prélassait au bord de la rivière, en plein soleil par une chaude après-midi de février (et oui en Afrique il fait chaud en février). Récemment il avait perdu nombre de ses compères et il se disait qu’il prendrait bien sa retraite. C’est pas comme s’il ne l’avait pas méritée. Tant de gnous, d’antilopes et de villageois dévorés, tout ça l’avait bien ereinté.
Mais avant même de pouvoir mettre son plan en action, soudain, la rivière se vida et les cadavres de ses proies passées, digérées et recrachées refirent surface dans le sable. Il réalisa alors qu’il était trop tard, que même si le lionou l’éléphant parfois lui venaient en aide cette fois-ci il était seul. Seul face à la colère des fantômes de ses exactions. Seul pour la première fois devant la violence et la révolte de ses êtres qu’il méprisait et considérait comme des moins que rien.
Le lion et l’éléphant observaient la scène depuis la berge, silencieux et grinçant des dents. Eux aussi on allait leur reprocher leur inactivité d’alors, quand ces massacres avaient eu lieu, et les faveurs que le vieux crocodile avait pu leur octroyer. La savane toute entière se félicita alors de la chute du saurien dont les dents acérées n’avaient plus aucune force, même si tous les habitants de la savane avaient su ce qui se passait, ils n’avaient rien dit ni fait, s’étaient contenté de profiter des bonnes grâces du crocodile. Jet privé ou vacances au bord de l’eau, tous les dignitaires de la brousse avaient plongé dans le panneau et ils s’en mordaient aujourd’hui les doigts.