Révolution

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Révolution

Lundi 8H00 G.M.T  Toit du palais national.

A présent dans les rues meurent les vérités d'hier, cent mille personnes l'applaudissent quand il se présente à la tribune du Linodrome(*) A. PINOCHET la semaine dernière, lors de la présentation des nouveaux chars d'assaut en mouvement attaqués par nos parachutistes, (seulement cinq morts accidentels) et aujourd'hui cent mille personnes attaquent les bâtiments nationaux et nos forces de police, saccagent les représentations artistiques du guide et pillent les magasins de sa famille, tout cela parce que de nombreux jeunes ont la chance de ne pas travailler et que le prix de l'huile et de la farine augmente.

Alors notre simili tsar rouspète :

« Où, sont passés les grands idéaux, on ne peut tout de même pas créer cent mille postes de policiers en plus et sans huile ni farine, ils changeront de régime, c'est ce qu'ils demandent non. » 

Il sait qu'il peut compter sur moi, en fidèle chat policier, mon tableau de chasse l'affirme : des corbeaux bavards, des souris et poules imprudentes, des maquereaux au teint blanc, des fouines trop curieuses, un roitelet fantoche, les rondelets pigeons, les colombes si naïves, des tourtereaux lunaires, et tous les canards fureteurs ; car ici le charivari est strictement interdit.

Lundi 10H00 G.M.T  Palais national.

Le maréchal HOUPP  arrive dans le bureau présidentiel, il refuse d'entraîner ses troupes au côté de la police, et demande la démission de mon maître, qui en retour le destitue.

Maintenant les feux sont faits.

Sur le chat dédié aux félins de dictateurs, Mao contacte un infidèle barbu baptisé « le Cha », prononcé le tcha, toujours gavé de rats, mais pas de réponse, après ceux d'Iran qui se disent perses, pas de réponse,  puis les siamois qui  de Corée se taillent, toujours pas de réponse, le monde extérieur est muet et sourd car les services secrets coupent tous les liens extérieurs.

Lundi 11H00 G.M.T  Aéroport militaire N. CEAUCESCU.

Ah ! Là,  l'épisode se finit,  il faut laisser ce pouvoir miné, mais pour notre maître tout est prêt, personne  ne voit que c'est son sosie qui  embarque pour se réfugier, selon le plan A sur la côte d'Azur dans sa résidence gardée par sa milice, ou selon le plan B, aux Etats Unis dont sa politique sert les intérêts en luttant contre les extrémistes voulant interdire sur la chaîne nationale les séries TV policières américaines.

Lundi 13H00 G.M.T  Héliport X.

Resté parmi nous dans  une partie secrète du palais, la professeure Inès Tétik le ravale, bouchant les fissures, retendant les tissus, alignant les canines et replantant les clairières sommitales avant de teinter toute pilosité, puis elle change le ton de mon pelage noir en créant trois taches blanches, apportant une touche normandy style.

Malgré sa nouvelle identité, son odeur ne change pas, il me reconnaît c'est le principal.  Il ressemble à l'opposant historique en exil qui est plébiscité par les manifestants, et dont le retour de Suède est annoncé comme triomphal et imminent.

Lundi 18H00 Aéroport Stockholm.

Direction Stockholm par hélicoptère et avion privé, la garde rapprochée procède à la capture dans les toilettes de l'aéroport de l'appelé, torturé jadis par nos bons soins, ne sachant plus rester une heure sans souiller ici le carrelage, ou là des faïences.

Lundi 24H00 Aéroport national.

Le fuyard est emporté dans le même avion que le dictateur en fuite, et en vol la professeur Inès transforme l'opposant d'hier en dictateur déchu, à livrer dès l'arrivée à la foule pour un juste lynchage sur la piste même.

 

(*) Un linodrome est une sorte de stade aménagé avec tribunes au Paraguay durant la dictature pour assister aux défilés militaires.

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