Rien de vraiment neuf en Australie !

daniel-m

Une fois de plus, AC/DC fait du AC/DC et il le fait bien, mais rien de plus.

 

Né dans les années 70 de deux musiciens écossais immigrés en Australie, AC/DC nous gratifie régulièrement depuis, de leurs brulots affutés faits d'un hard rock simple et efficace qu'ils ont, il faut l'avouer, inventé de toutes pièces. Orphelins de leur chanteur de la première heure, Bon Scott disparu accidentellement et prématurément au tout début des années 80, c'est Brian Johnson qui prit le relais, car la maison de disque d'alors avait fait pression sur le groupe en le convainquant qu'il serait dommage de cesser de battre un fer alors chauffé au rouge. La fameuse «voix de goret» que l'on égorge de Brian Johnson prit donc durablement le relais sur celle de Fe Bon Scott, chanteur d'exception au charisme surnaturel, qui pour moi fera toujours terriblement défaut à ce groupe qui avait alors fait le mauvais choix, le choix commercial, n'en déplaise à ses millions de fans !

 

Les frères Young et leur orchestre n'ont, il faut bien l'avouer, rien publié de vraiment original et de transcendant depuis l'album « For those about to rock, we salute you » qui date tout de même de 1984 ! Is ont usé et abusé d'une formule qui marche et l'on ne pourra le leur reprocher, même si je regrette grandement que le fantastique talent de bluesman d'Angus Young et que cette magnifique osmose avec son frère Malcolm,  n'aient servi qu'à nourrir sans grande originalité durant plus de trois décennies, la machine à fric bien huilée du rock business international. Le groupe a vendu plus de 200 000 000 d'albums tout de même. Dans les maisons d'édition, l'on n'avorte pas une affaire qui marche !

 

L'album bien nommé « Rock or bust » (Rock ou crève) est sorti le 24 Novembre 2014 et des millions de fans, plusieurs générations confondues, ce sont bien sur rués alors vers les disquaires, qu'ils soient virtuels ou bien réels. La Fnac croulait déjà sous les réservations un bon mois avant la parution de l'album par exemple. AC/DC reste un phénomène rock à la notoriété internationale indiscutable, et rares sont aujourd'hui les formations qui pourront se targuer d'une telle longévité. Laissons donc à César ce qui appartient à César ! Bon, il est vrai qu'entre temps, le guitariste et principal compositeur du groupe ‘Malcom Young', sujet à des crises de démences, s'est retrouvé récemment interné dans un hôpital et ce de façon définitive (que dieu le garde et le préserve !) et c'est son neveu surdoué lui aussi, qui le remplacera pour la tournée à venir !? Pardon, mais déjà je ne peux pas imaginer un seul instant que le groupe puisse continuer égoïstement sa carrière sans celui qui a brillamment inventé et créé son style et sa musique ! Le sort s'acharne, puisque c'est ensuite au tour du batteur Phil Rudd, accusé de conspiration de meurtre, de se trouver lui en prison. Disculpé quelques temps plus tard, il reste cependant sous surveillance judiciaire puisque mêlé à de nombreuses histoires de drogues. Ayant vu quelques images de son jugement sur Youtube, j'ai pu surtout constater que le beau gosse des années 80 ressemble aujourd'hui à une espèce d'épave humaine qui doit probablement manipuler ses baguettes grâce à l'aide du St esprit. … L'on ne soupçonnait pas encore à l'heure presque prématurée à laquelle je rédigeais alors cette modeste chronique, que le chanteur Brian Johnson (la voix de goret) commençait à souffrir d'un mystérieux problème d'oreille lié directement au fait qu'il forçait sa voix (de goret) depuis trop longtemps.

 

J'en viens à l'écoute de l'album qui comporte comme d'habitude onze titres et qui contrairement au précédent « Black Ice » est présenté de façon plutôt modeste et basique. Très franchement, et c'est là bien sur très personnel, je me suis lassé au bout du sixième morceau. On est cependant agréablement surpris par un son clair et épuré et des compositions bien plus rock'n'roll, très éloignées de la production passée au Caterpillar de Black Ice (2008) donc.  Comble du bonheur, les envolées de Gibson d'Angus Young qui manquaient tant sur le précédent album sont revenues. Le pacte riffs efficaces et solos de guitare est agréablement respecté et retrouvé. Même la voix de Brian Johnson est moins forcée et de ce fait plus naturelle et plus écoutable (ouf !). Un album donc très formaté, avec des titres efficaces mais sans aucune originalité. Une fois de plus, AC/DC fait du AC/DC et il le fait bien, mais rien de plus. Disons, que sans surprendre outre mesure les cages à miel habituées des aujourd'hui fans sexagénaires de la première heure dont je fais partie, AC/DC nous a encore pondu un album qui correspondra aux critères commerciaux du genre.

 

En ce qui me concerne, moi qui avait découvert AC/DC avec un plaisir presque orgasmique d'adolescent boutonneux avec « Crashbody in blue » ou "Crapsody", c'est selon les éditions, sur un Juke box de troquet des années 70, la coupe est pleine et j'avoue ne pas avoir eu de plaisir et de surprises à l'écoute de cet énième album, mais cela est bien sur très personnel. Le groupe a cependant le mérite de toujours exister et d'être fidèle à sa vocation et à son image de groupe de rock brut de décoffrage qui ne revendique rien d'autre que du plaisir et une vie brulée pour le bonheur de ses fans, fans qui sans être encore aux portes de la maison de retraite, sont aujourd'hui plus près du bouillon de volaille de 19 heure, juste après « question pour un champion », que d'un Jin fizz servi frais dans la piété nocturne d'un délire alcoolisé d'un samedi soir situé à trois heure du mat', … environ.

 

Il m'est avis tout de même, que nos rockeurs irréprochables, du moins pour ce qu'il en reste, devraient songer à une retraite bien méritée et définitive et laisser la place à la relève, car elle existe, au risque de devoir sucrer les fraises avec notre Johnny national en chantant la fameuse chanson  d'un chanteur parti lui avec la classe … « Quand j'étais chanteur »

 

Vous avez aimé AC/DC, vous allez adorer Airbourne, … rien ne se perd, tout se transforme, … heureusement !

 

PS : Je remercie Mr Roubignolle de m'avoir donné envie de sortir cette vieille chronique de mes tiroirs, grâce à une de ses dernières publications.

 

Signaler ce texte