RIEN DU TOUT

Amarille


Dans cet Ensemble, je ne suis Rien car Tout ce que je suis jaillit de cet Ensemble.

Tout comme un rien, ce sont nos limites : celles que nous avons et que nous ne dépassons pas. Parce que la peur impose cette limite.

La peur est un doux leurre.

Il est étrange de constater que marcher pieds nus, la nuit, dans l'inconnu nous mène juste à regarder devant et avancer, et non de se focaliser sur là où on va poser ses pieds. Etrangement, on peut se heurter à un cailloux, se tordre la cheville parce que il y a un trou, mettre le pied directement dans la flaque… mais, de tout ceci, il est important de retenir que certes le chemin a été pris, mais qu'en plus de cela, on est arrivé là où on devait, et en vie, et que on peut encore marcher, qu'on a pas si mal que ça.

Paradoxalement, si l'on prenait le même chemin de jour, on passerait beaucoup de temps à faire attention à chacun de nos pas, à ne pas marcher sur un caillou, et si c'était le cas, on souffrirait le martyre car on projetterait la peur de la douleur avant même que la chair ne soit touchée, et donc, la douleur prendrait corps et serait un frein à la marche, voire même un motif pour passer la marche arrière.

Ainsi l'Ensemble n'est Ensemble que lorsque la pensée est libérée du fardeau de la vision du chemin ; c'est aveuglément que l'on voit le mieux, car on ne cherche pas à esquiver ce qui doit être en le formatant par l'œil, mais on le vit par l'émotion que prodigue en soi le bonheur d'aboutir. Ainsi, il est possible d'envisager l'horizon non comme un amalgame entre ciel et terre, où l'on se pose la question d'où commence l'un et où se termine l'autre – clin d'œil à Forrest Gump – mais plutôt comme s'il nous était octroyé la possibilité d'aller au-delà de cet Ensemble – limité finalement, car objectif  – par l'horizon, animée d'infinité. Si l'Univers existe, c'est que l'Ensemble mène au-delà de lui-même…

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