Rigel

damian

Il hésita puis cliqua sur Envoyer. Après une micro-seconde, l'écran afficha :

« Votre message a été envoyé. Merci Martin. »

« Voilà ; se dit-il ; le mal est fait.»

L'homme éteignit l'écran de la console de transmission avant de s'en détourner pour contempler l'horizon de Rigel flamboyant à travers le hublot. Il sortit une petite balle en caoutchouc de sa poche et se mit à la lancer en l'air puis à la rattraper distraitement, le regard plongé dans les volutes se formant à la surface de l'étoile. Même à cette distance, les nappes de plasma tourbillonnantes formaient un étrange ballet au mouvement hypnotique.

Après quelques minutes, Martin Haler cligna des yeux et s'arracha au spectacle des vagues bleutées.

« On peut dire que tu sais t'y prendre pour fasciner ton monde, maudite étoile. » Marmonna-t-il.

Depuis dix mois que cette mission d'exploration de l'espace profond avait commencé, les problèmes n'avaient fait que s'accumuler. C'est une équipe de douze hommes et femmes qui était partie à bord de l'Emphytrion pour s'aventurer dans la constellation la plus proche de Terra Deux à la recherche d'un environnement favorable pour établir une nouvelle base avancée. Mais dès qu'ils étaient arrivés dans les environs de Rigel, tout s'était détraqué. La propulsion les avait lâché en premier sans qu'ils puissent réussir à savoir quelle était l'origine du problème. L'officier mécanicien Willis avait tout essayé pour la faire repartir, sans succès. Les occupants du vaisseau d'exploration s'étaient donc retrouvés bloqués en orbite lointaine de la géante bleue sans rien pouvoir faire d'autre qu'attendre une équipe de secours qui mettrait plusieurs mois à les rejoindre. Les scanners longue portée étant toujours opérationnels, le commandant Persey avait alors proposé qu'ils étudient les environs immédiats pour voir si une planète n'était pas accessible à l'un des modules d'exploration autonomes. Si c'était le cas, ils pourraient alors rejoindre la surface de ce monde inconnu pour y accomplir une partie de leur mission.

Après quelques scans infructueux, ils avaient fini par découvrir un planétoïde suffisamment proche pour y envoyer une équipe d'exploration. La moitié de l'équipage avait alors quitté l'Emphytrion à bord d'une navette à destination de la surface de ce nouveau monde. Ils y parvinrent sans encombre et établirent une petite base d'opération, commençant à collecter des informations sur la planète.

Pendant les semaines qui suivirent, l'équipe envoya régulièrement des données au vaisseau, accomplissant consciencieusement leur tâche pour ne pas penser à l'attente. Martin traitait ces informations, les rassemblant dans un rapport destiné à Terra Deux. Aussi fut-il le premier à s'apercevoir que quelque-chose clochait. Après six semaines passées sur le planétoïde, l'équipe au sol commença à donner des signes de fatigue puis de troubles plus importants. Les données ne parvenaient plus au vaisseau que de manière très aléatoire et c'était tout juste si les six hommes et femmes se trouvant à la surface répondaient aux communications.

Martin s'en ouvrit au commandant Persey qui décida que si les choses ne s'arrangeaient pas, elle enverrait une seconde équipe pour les ramener à bord.

Trois jours plus tard, plus aucune donnée ne parvenait au vaisseau et personne ne répondait plus. Comme elle l'avait dit, Iana Persey rassembla trois volontaires pour les envoyer secourir leurs camarades. Mais un nouvel incident sur l'Emphytrion les contraignit à renoncer à ce projet. Quelques minutes avant qu'ils ne rejoignent le second module d'exploration, ce denier se détacha du vaisseau avant de se mettre à dériver dans le vide spatial. Le seul autre module existant étant celui qui avait emmené la moitié de l'équipage vers la petite planète, les autres membres se retrouvèrent donc coincés dans l'Emphytrion. Lorsque le commandant Persey demanda des explications au lieutenant mécanicien, ce dernier lui répondit qu'un dysfonctionnement d'origine indéterminée était la cause de la perte de la seconde navette.

Au cours des jours suivants, ils tentèrent en vain d'entrer en contact avec leurs collègues au sol, refusant de les abandonner à leur mystérieux sort.

Dans le même temps, ils lancèrent plusieurs appels de détresse vers l'espace proche, espérant qu'un vaisseau croisant dans le même cadran spatial le capterait et se porterait ainsi à leur secours. Mais les jours défilaient sans que personne ne réponde. Le navigateur en second s'abîmait les yeux sur l'écran de son radar, essayant de détecter le moindre signal qui pourrait leur redonner un peu d'espoir. Mais hormis le passage de nombreux débris inexorablement attirés par le champ gravitationnel de l'étoile, le radar restait désespérément silencieux.

Prisonniers dans le carcan métallique de leur vaisseau à la dérive et sans nouvelles de la base de Terra Deux, les membres d'équipage commencèrent à voir leur moral baisser. L'officier de communications Héléna Wirst fut admise à l'infirmerie souffrant de dépression nerveuse. Son compagnon, le navigateur en second, abandonna alors régulièrement ses écrans pour venir lui rendre visite.

Nell Asturian, le médecin de bord, faisait tout son possible pour maintenir le moral des occupants du vaisseau mais commençait à se sentir dépassée par les événements. Aussi Martin, qui la connaissait et la fréquentait depuis plusieurs années, la rejoignait fréquemment pour la soutenir et lui tenir compagnie. N'ayant plus de données à envoyer à leur base principale, il avait beaucoup de temps libre, tout comme les autres d'ailleurs.

Un soir où la jeune femme était particulièrement épuisée, ils se retrouvèrent dans les quartiers de Martin pour partager leur repas et discuter un peu. Une chose en entraînant une autre, ils finirent par passer la nuit ensemble, partageant le réconfort de pouvoir serrer un autre être humain dans leurs bras. Cette nuit ne fut pas inoubliable mais elle contribua au moins à rendre un peu le sourire au docteur Asturian qui s'endormit tout contre son amant après s'être largement confiée à lui.

Un signal d'alarme les tira brutalement de leur sommeil bienheureux au plus profond de la nuit. Le communicateur de Martin se mit à grésiller aussitôt.

« Ingénieur Haler, ici le commandant Persey. Nous avons besoin de vous de toute urgence sur la passerelle. »

« J'arrive, commandant. »

Il sortit de son lit, enfilant sa tenue de travail puis se pencha pour embrasser l'épaule de sa compagne. Celle-ci lui caressa le bras en retour puis s'extrait elle aussi de leur couche pour se vêtir.

« J'imagine qu'on va bientôt avoir besoin de mes services également. » Dit-elle. « Merci pour cette nuit. »

Les deux amants échangèrent un dernier baiser avant de se diriger vers les coursives du vaisseau de façon à ce que chacun puisse rejoindre son poste.

Une vive agitation régnait sur le pont lorsque Martin s'y présenta. Le commandant Persey, d'habitude si attentive à son apparence, avait les cheveux défaits et le visage encore marqué par le sommeil, preuve que l'affaire devait être grave.

« Que se passe-t-il ? » Demanda l'homme.

« Des signaux extrêmement inquiétants en provenance de l'étoile... Ils ont déclenché une alarme mais nous avons besoin de vos lumières pour savoir exactement de quoi il retourne. »Répondit le commandant.

Le navigateur en second se tenait à quelques pas de là. Il tendit alors à Martin une tablette sur laquelle de nombreuses lignes défilaient. Ce dernier en prit rapidement connaissance avant de relever la tête, l'air inquiet.

« C'est une éruption solaire de forte intensité, madame. Il faut mettre tout le monde à l'abri et couper tous les ordinateurs sinon nous allons griller. »

« Couper les ordinateurs ? Vous êtes certain que l'on ne peut pas faire autrement ? Avec le système de propulsion à l'arrêt, je ne sais pas si la puissance du réacteur central suffira à les relancer ensuite. »

« Si nous ne les éteignons pas, c'est tout le circuit électrique qui risque de partir en flammes, commandant. Autant vous dire que notre situation deviendrait extrêmement critique dans ce cas-là. »

« Je comprends, oui. Hors de question de prendre le risque. Merci Haler. Terry, passez-moi le lieutenant Willis. »

Le navigateur en second pianota quelques instants sur un panneau de commande puis une voix grave se fit entendre dans le haut parleur du système de communication.

« Willis, j'écoute. »

« Willis, ici le commandant Persey. Nous allons affronter une tempête solaire. Il faut que vous coupiez le jus dans tout le vaisseau, hormis dans l'espace de survie. »

« Vous êtes sûre, madame ? »

« Oui, lieutenant. Je sais ce que vous vous dites mais nous n'avons pas le choix. Coupez tout et rejoignez nous en salle de quarantaine. »

« A vos ordres, commandant. »

L'officier en chef Persey coupa la communication avant d'activer le système d'urgence.

« Ici le commandant Iana Persey. A tout le personnel, je demande de rejoindre la salle blindée. Une perturbation stellaire de grande intensité menace les occupants de ce vaisseau. Docteur Asturian, accompagnez vos patients et munissez-vous d'une trousse de premiers soins. »

« Je vais l'aider. » Fit Martin.

Le commandant lui lança un regard perçant, fronçant ses fins sourcils.

« Entendu mais faites vite ! »

Martin se précipita alors à travers les couloirs pour rejoindre l'infirmerie. Une sourde vibration commençait à secouer le vaisseau, rendant la progression de l'homme difficile.

Lorsqu'il déboucha dans la pièce, Nell rassemblait quelques affaires qu'elle glissait dans un sac passé en bandoulière. L'officier Wirst était cramponnée au lit sur lequel elle reposait, en proie à une grande panique. L'homme échangea quelques mots avec cette dernière et tenta de l'aider à se mettre sur ses pieds. Mais ceux-ci se dérobèrent et il dut la retenir pour ne pas qu'elle tombe. Voyant qu'elle ne réussirait pas à marcher, Martin la souleva dans ses bras et fit un signe de tête au médecin qui lui emboîta le pas. Ils coururent le long des coursives alors que le vaisseau tremblait de plus en plus fort et eurent seulement que le temps d'atteindre la salle de quarantaine où les attendaient le reste de l'équipage avant que la tempête ne se déchaîne.

Pendant plusieurs heures, l'Emphytrion fut ballotté et secoué dans tous les sens. Dans l'espace blindé, les six membres de l'équipage serraient les dents, sanglés à leurs sièges, attendant l'accalmie. Finalement les convulsions cessèrent, leur permettant enfin de se détacher. Le commandant Persey fut la première sur ses pieds.

« Haler, pouvez-vous me dire si l'alerte est passée ? »

« Nous devrions attendre encore quelques minutes mais le pire est derrière nous. »

« Très bien. Lieutenant Willis, je veux un rapport concernant l'état du vaisseau. »

« A vos ordres ! »

Persey et le navigateur en second regagnèrent la passerelle pendant que Martin aidait Nell à ramener l'officier Wirst à l'infirmerie. Peu après, le mécanicien Willis rétablissait le courant dans le vaisseau. Alors que l'homme se dirigeait vers la salle des moteur pour évaluer les dégâts, il remarqua un sas ouvert en direction du pont d'embarquement. Le récepteur de communications de l'infirmerie crachota :

« Docteur Asturian, ici Willis. J'ai besoin de vous sur le pont d'envol. Deux membres de l'équipe au sol sont revenus pendant la tempête. »

Quand Nell arriva dans la zone d'embarquement, elle constata que la situation n'était pas brillante pour les survivants. L'intérieur du module d'exploration était dans un piteux état. Sans doute le résultat de la tempête solaire. Affalé sur le siège du pilote, le sergent artilleur Edwyn Gram respirait à peine. Il avait une grande partie du visage et des mains brûlés par les radiations et sa peau fumait encore. Dans l'espace de transport, la xénolinguiste Sienna Row gisait sur le sol, au milieu d'un chaos indescriptible. La jeune femme ausculta rapidement le sergent Gram mais conclut que la seule chose à faire était d'apaiser la douleur qui le dévorait ; le pauvre ne survivrait jamais à ses blessures. Sienna quant à elle ne présentait pas de traumatisme particulier hormis le fait qu'elle soit inconsciente. Pendant que Nell examinait cette dernière, elle envoya le mécanicien chercher un brancard ainsi qu'un caisson stérile pour lui permettre de transporter les deux rescapés à l'infirmerie. Lorsqu'ils y furent installés, elle les veilla toute la journée, faisant de son mieux pour soulager le brûlé.

Informée de ces événements, le commandant fit un passage pour constater l'état de santé des deux officiers.

« Contactez-moi dès que notre xénolinguiste se réveille, docteur. Nous avons besoin de savoir ce qu'il s'est passé à la surface de cette planète. »

« Bien, commandant. »

Pendant ce temps, Martin, informé lui aussi de ce retour miraculeux, vint analyser les informations contenues dans l'ordinateur de la navette mais n'y trouva rien.

La nuit suivante, il retrouva Nell et ils échangèrent longuement leurs impressions sur cette histoire. L'un et l'autre ne comprenaient pas ce qui avait pu pousser ces deux personnes à quitter la sécurité relative du planétoïde en pleine éruption solaire. Si le sergent Gram n'en connaissait pas forcément les effets, Sienna Row, avec sa formation scientifique devait par contre le savoir. La discussion se prolongea fort tard dans la nuit aussi finirent-ils de nouveau par rejoindre le même lit, s'enlaçant tendrement.

Quelques heures plus tard, Martin fut réveillé brutalement par quelqu'un qui lui secouait l'épaule. Nell se tenait au dessus de lui, le visage déformé par la panique.

« Martin, il se passe quelque-chose ! Je crois avoir entendu des coups de feu ! »

L'homme ouvrit les yeux et se redressa pour envelopper les épaules de la jeune femme de son bras.

« Tu as dû rêver. Je crois que la fatigue de ces derniers jours est en train de te porter sur les nerfs... »

A cet instant, des raclements métalliques et le bruit d'une cavalcade résonnèrent quelque part dans les coursives. Les haut-parleurs se mirent soudain à émettre un son strident et désagréable.

« Ici le navigateur en second ! A tout le personnel, le commandant Persey est morte. Nous ne savons pas ce qu'il s'est passé mais quelque-chose rôde dans le vaisseau. Haler, si vous m'entendez, venez nous rejoindre ! Vous êtes le seul à avoir des connaissances suffisantes pour nous... Eh, qu'est-ce que vous faites là ? Attendez ! Non, ne... AHHHHHHHHHHHHH ! »

Le système de communication transmit un hurlement déchirant pendant de longues secondes avant de ne plus diffuser que des gargouillements. Haler sentit Nell se mettre à trembler contre lui.

« Martin, que se passe-t-il ? »

« Je ne sais pas. Il faut aller voir. »

L'homme bondit hors du lit et enfila ses vêtements.

« Restes ici et bloques la porte derrière moi. Je reviens dès que j'en sais plus. »

« Non, je t'accompagne ! Je ne reste pas toute seule ici. »

« Très bien. »

La jeune femme se glissa dans un pantalon puis vint se placer à coté de lui. Ils s'apprêtaient à sortir dans le couloir quand tout à coup, les lumières s'éteignirent. Au bout de quelques secondes, l'éclairage de secours prit le relais, diffusant une lueur blafarde dans le vaisseau. Nell avait frémi en lui prenant la main puis ils s'étaient tout deux dirigés vers la passerelle.


Martin se frotta les yeux en soupirant. Il n'arrivait toujours pas à croire que tout cela s'était produit à peine une journée plus tôt. Il y avait encore quelques heures, il tenait la main de Nell dans la sienne alors qu'ils marchaient dans les coursives mal éclairées. Et maintenant, elle était morte. Tous les autres étaient morts, à dire vrai. Il ne restait plus que lui, barricadé dans le poste de pilotage du vaisseau, attendant que l'attraction diabolique de cette gigantesque étoile finisse par entraîner l'Emphytrion droit vers son cœur en fusion.

Ce qui s'était vraiment passé, il ne le savait pas. Quand ils étaient arrivés sur la passerelle, Nell et lui avaient découvert les corps massacrés du commandant Persey et de son second. Les cadavres étaient mutilés, leur sang ayant éclaboussé les murs et le sol. La jeune femme s'était instinctivement approchée des dépouilles pour voir si elle pouvait encore faire quelque-chose pour eux mais il était trop tard.

C'est alors qu'un grognement guttural avait résonné dans la coursive. Se retournant, Martin avait aperçu la silhouette de la xénolinguiste Sienna Row se tenant à quelques pas de lui. Elle avait les bras, le torse et le bas du visage maculés de sang. Son regard vide brillait d'un éclat bestial. Martin n'avait eu que le temps de se jeter en arrière pour refermer la porte métallique et la verrouiller avant que ce qui avait été l'officier Row ne se jette contre le battant, griffant furieusement le métal de ses ongles. Nell avait laissé échapper un bref cri d'angoisse avant de s'écrouler en sanglots.

S'assurant que la porte ne risquait pas de céder, Martin était ensuite venu enlacer la jeune femme pour tenter de la calmer.

Plusieurs heures s'étaient écoulée, la créature vociférante se jetant contre le battant et Nell tremblant à chaque assaut. Enfin, lassée de ne pas arriver à les atteindre, Row avait disparu. Ils l'avaient entendue errer dans les couloirs, saccageant tout ce qu'elle trouvait.

Le docteur Asturian avait fini par se calmer et s'excusa de sa crise de larmes. Martin l'avait alors réconfortée pendant de longues minutes, lui assurant qu'il comprenait.

Après deux nouvelles heures, le comportement de la jeune femme était soudain devenu étrange. Elle s'était mise à s'agiter, faisant les cent pas dans la pièce. Haler avait tenté de l'apaiser, sans succès. Il l'avait vue changer progressivement d'attitude, passant de la terreur à l'euphorie puis à la colère. Elle s'en était pris à tout ce qu'elle trouvait à coup de poings et de pieds. Martin avait voulu la contenir pour ne pas qu'elle se blesse mais elle s'était vivement dégagée avant de s'éloigner de lui.

Un moment plus tard, elle s'était rapprochée, se faisant plus câline. Il l'avait enlacée alors qu'elle lui sautait littéralement dessus, basculant au sol et la tenant toujours dans ses bras, se demandant d'où lui venait soudain cette fougue. C'est alors qu'elle avait tenté de lui arracher la gorge avec les dents. Martin avait lutté pendant de longues minutes avec la créature qui n'était plus Nell puis, saisissant l'arme que portait le commandant Persey à la ceinture, avait fait feu vers la jeune femme. La balle avait atteint cette dernière en plein front, la tuant sur le coup. Coincé sous le corps sans vie, Martin s'était dégagé avant de rejoindre l'autre extrémité de la pièce, en larmes, le pistolet tremblotant dans sa main.


Voilà où il en était quelques heures seulement après avoir tenu cette jeune femme tout contre lui dans son lit. Ne pouvant supporter la proximité de tous ces corps et le regard vide de Nell, il avait fouillé dans un placard et découvert des couvertures qu'il avait étendu sur les dépouilles. Puis, se voyant seul, isolé et à la merci d'une dangereuse créature dans un coin d'espace désert, il avait pensé à mettre fin à ses jours. La seule chose qui l'avait retenu au dernier instant, c'était le souvenir qu'une équipe de secours était en route. Il devait faire quelque-chose pour les empêcher de venir, pour que ce qui avait attaqué l'Emphytrion ne puisse pas s'en prendre à d'autres. Aussi s'était-il dirigé vers la console de communication et avait-il rédigé un message dans lequel il décrivait sa situation avant de l'expédier vers Terra Deux. Ceci fait, il avait constaté que l'arme dont il disposait n'était plus bonne à rien. Il ne lui restait plus qu'à attendre que l'étoile attire le vaisseau suffisamment près pour le détruire. Dans cette optique, Martin avait saboté les boucliers, toujours barricadé dans la passerelle, avant de s'installer pour attendre. Il ne voulait manquer cet ultime spectacle pour rien au monde...


« Major, nous recevons un message de l'Emphytrion. »

« Ah, très bien ! Ils ont failli être en retard pour leur rapport. Que disent-ils ? »

« Avons subi des avaries mécaniques. Les moteurs sont en panne mais tout va bien à bord. Avons repéré une planète accueillante. Envoyez colons et équipe de réparation dès que possible. »

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