Riverside

enola-alone

Je l’entends, le monde qui appelle. Les mélodies timides et bouleversantes, les forêts profondes, les secrets engloutis, les amours étouffées, les fantômes autour de nous comme autant de voiles bienveillants posés sur nos yeux. Monde du dedans.

Je l’écoute battre à l’intérieur.

Et puis la vie. Rapide course vertigineuse elle n’attend pas. Autant de visages le long des routes, autant de mots, trop de mots tus, trop de silences, et lourds, trop de silences et pas assez de musique. Trop de soleil. De vent et d’eau. Trop. Trop d’images devant nos yeux. Ô tant de visages le long des routes. Souvenirs tissés mais la course folle course effrénée encore et encore. Souvenirs étirés malmenés meurtris le long des routes. Usés les uns contre les autres. Mais toujours, d’autres souvenirs d’autres moments d’autres blessures d’autres bonheurs.

Près de la rivière, le clapotis de l’eau murmuré au creux de la nuit. Une chanson ancienne dans ma mémoire. La nuit est tiède, odeur de cyprès de lavande séchée par le soleil du jour fini. Je voudrais m’étendre. Seule et complète.
Seule et complète.

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