Romagnas du Mont Davis / Chapitre 4

Kris T.L

Chapitre Quatre

 

Lorsque je les ouvris enfin, j'eus l'impression que mon cœur allait cessé de battre. Je me mis à haleter tant la magnificence des lieux me tournait la tête.

Oh la vache, j'étais réellement dans la mouise !

J'étais sur le point de faire demi-tour quand je vis Cummings rentrer à son tour. Il fut salué par le majordome comme s'il était un familier des lieux.

Bon allez Lisy plus que quelques pas et tu sauras combien va te coûter ta stupidité. J'espère que tu te rends compte de combien tu es ridicule, tu es venue ici pour aider Teresa, et au lieu de ça tu vas te ruiner.

Prenant une profonde inspiration, je décidais de me rendre jusqu'à la réception. Des colonnes en marbre rose encerclaient cette immense salle, des tapis bleu-roi en couvraient le sol et des canapés de la même couleur étaient disposés de façon à créer une atmosphère Belle Epoque.

Un sapin de Noël majestueux trônait au milieu de cette salle, c'était féerique.

Une jeune femme se tenait derrière le comptoir, blonde, la quarantaine, cheveux tirés en arrière dans un chignon strict, tailleur bleu marine, elle leva son regard vers moi et m'adressa un sourire commercial, mais on sourire s'illumina lorsqu’elle remarqua la personne qui se tenait derrière moi.

Wow ! J’imagine que j'avais dû faire la même tête lorsqu'il m'avait ouvert la porte de son bureau.

C'était effrayant, elle avait les yeux pétillants, sa langue frétillante faisait des allers retours sur ses lèvres rouge sang.

Herk !

Toutefois, je la vis blêmir au moment même où je sentis le corps de Cummings se presser contre le mien. Une sensation de chaleur envahit mon corps causant un certain engourdissement de mes membres inférieurs. Il posa de nouveau ses mains sur mes hanches pour me stabiliser.

— Monsieur Cummings.

Elle s'adressa à lui en baissant les yeux comme dans un signe de dévotion.

— Bonjour Myranda.

—Voici la clé de votre suite monsieur, chuchota-t-elle en lui tendant la clé du bout des doigts.

Je restais bouche bée, ne sachant comment me comporter,  je fis volteface, me retrouvant le nez collé contre son torse, j’inspirai à pleins poumons la fragrance de son parfum qui me fit perdre littéralement les pédales.

Boisé, avec des notes de citron, de bois de gaïac, de cacao, de cèdre, de poivre de Sichuan et de vétiver.

Il allait devenir sans aucun doute l’un de mes parfums préférés.

Il baissa les yeux sur moi, surpris.

— Ne me dites pas que je viens de dire ça à haute voix ? demandai-je en rougissant fortement.

Il hocha la tête et me fit un sourire en coin.

— J'ai... j'ai comment dire, un odorat très développé, balbutiai-je en rougissant encore plus.

La réceptionniste lança une œillade à Cummings et celui-ci la remercia en retour en lui faisant son plus beau sourire.

— Mais vous n'en avez pas marre ? lui demandai-je en me dégageant exaspérée par son attitude.

— Pardon ? Je ne vois pas où est le problème.

— Mais vous êtes là à vous vendre tout sourire. Brrr, vous êtes effrayant !

— Me vendre tout sourire ? Mademoiselle O'Brian ne serait-elle pas un tantinet jalouse, par hasard ? rit-il.

— Quoi ?

Euh, non pas du tout, enfin... non !

— Oui : jalouse, fière, butée, ça vous dit quelque chose ?

— Oh ! Certainement pas, mais merci pour l'analyse. Toutefois, ne vous attendez pas à ce que je vous règle des honoraires.

— Ne vous inquiétez pas, pour vous ce sera gratuit. Bien venez, je vais vous montrer notre chambre. Se saisissant de ma valise, il commença à se diriger vers l'ascenseur.

— Je ne peux pas faire ça !

— Écoutez, c'est vous qui êtes venue jusqu'ici pour me voir. Alors, suivez-moi. Vous allez pouvoir vous mettre à l'aise et pendant ce temps je vais nous commander à manger. Son ton était quelque peu autoritaire, ce qui me fit gémir.

— Non, dis-je une nouvelle fois.

— Je peux savoir quel est votre problème ?

— Je ne monterai pas dans une chambre avec vous. Je ne suis pas venue ici pour ça, fis-je en lui lançant un regard qui se voulait direct et froid.

— Pardonnez-moi. Je crois que vous vous méprenez sur mon compte. Il n'est pas question qu'il se passe quoi que ce soit entre nous. Et alors que je saisissais le sens de ces mots, une pointe de déception me serra les entrailles. Je dormirai sur le canapé, ajouta-t-il pour être sûr que j'avais bien compris le message.

— Oh, très bien. Dans ce cas.

Je ne sais pas s'il perçut mon changement d'humeur, mais il fit comme si de rien n'était et c'est sans mot dire que je le suivis dans cet ascenseur ou comme tout bon gentleman qui se respecte, il me fit passer la première. Je me collai contre la paroi, puis baissant la tête j'attendis qu'il rentre à son tour.

— Pour une fois les portes ne se referment pas sur moi, ricana-t-il en appuyant sur le bouton du deuxième étage.

Je hochai timidement la tête en comprenant à quoi il faisait allusion.

Une fois arrivés sur le palier, nous longeâmes un grand couloir feutré, une moquette épaisse dans les tons crème havane et blanche amortissait nos pas. Mes mains étaient de plus en plus moites au fur et à mesure que nous nous approchions de cette chambre.

— Comment se fait-il que vous ayez une chambre dans ce magnifique hôtel ?

— Oh pas d'inquiétude, je viens ici pour le travail.

— Pardon ?

— C'est une habitude chez vous ?

— De quoi ? demandai-je surprise, ne sachant pas où il voulait en venir.

— De dire pardon à tout bout de champ.

— Oh ! Oui désolée.

— Pardon. Désolée. Vous n'avez pas à l'être. Je vous taquine. En fait le directeur de cet hôtel est un client de notre agence. Il a mis une pièce à ma disposition afin que je puisse venir le voir quand lui ou ses clients ont besoin de mes services.

— Oh et vous ne vous en servez qu'à titre professionnel ?

Oups !

— Miss O'Brian, vous me semblez bien curieuse tout à coup. L'idée que j'aie pu faire certaines choses dans cette chambre vous gênerait-elle ?

Nan ne pars pas dans cette direction Lisy ! me cria ma conscience, alors que je virais cramoisie.

— Non, non absolument pas, dis-je en triturant les boutons de mon manteau.

— Vous en êtes sûre ?

— Écoutez, je n'ai pas envie d'être analysée d'accord et je n'ai nullement envie de savoir ce que vous avez fait dans cette chambre. Je suis venue pour vous parler de Teresa.

— Teresa ?

Il s'arrêta net devant la porte de la chambre puis se tourna vers moi en arquant un sourcil.

—Votre sœur, enfin je veux dire Tess, bégayai-je sous son regard insistant.

Il inséra la clé dans la serrure avant d'ouvrir la porte. Il se montra une nouvelle fois galant et me laissa passer.

Je fis quelques pas à l'intérieur de la pièce et avant même d’avoir compris ce qu'il m'arrivait, il me coinça face contre mur, son torse collé dans mon dos, sa main posée à la base de mon cou.

Je poussai un cri de surprise en capturant sa main dans la mienne.

— Qui êtes-vous ?

— Pardon ?

— Qui êtes-vous ?

Il prononça ces mots un peu plus fort, écrasant son corps contre le mien.

— Je vous ai déjà dit qui j’étais, assénai-je en déglutissant de le sentir si près.

Prenant sa main dans la mienne, je fis une rotation de son pouce. La douleur occasionnée lui fit lâcher son emprise et avant qu'il ne puisse réagir je le basculai en arrière, le bloquant au sol.

— Lisy O'Brian, gynéco à El Paso au Texas.

— Vous êtes sûre ?

— Sûre de quoi ?

— D'être gynéco ? Vous avez plus les manières d'un flic.

— Je suis la fille d'un Border Patrol et j'ai pris des cours de self défense l'année dernière.

— Vous pouvez me lâcher, je crois que vous avez le dessus, ajouta-t-il en suffoquant.

— J'ai toujours le dessus, répondis-je du tac au tac.

Voyant les yeux de Cummings s'élargir, je réalisai le double sens de mes mots, mais ma conscience complètement subjuguée par ses beaux yeux bleus ne sourcilla pas d'un cil.

Je relâchais la pression, mais en un dixième de seconde, il retourna la situation en sa faveur, me basculant en arrière, je me retrouvai à mon tour coincée sous son corps fort et musclé.

—Vous disiez ?

Il accentua la pression en faisant un mouvement de bassin et la friction de nos deux corps imbriqués l'un dans l'autre me fit gémir.

— Je suis venue ici pour votre sœur, répondis-je haletante.

— Qui me dit que c'est la vérité ?

L'électricité entre nous était palpable, j'avais du mal à respirer. J'étais surprise par sa question, mais en effet, qui lui prouvait mes intentions.

—Vous pouvez tout aussi bien être la personne qui la détient prisonnière. Que voulez-vous ? Pourquoi ne pas nous avoir appelés afin de nous prévenir que vous l'aviez retrouvée.

— Je ne pouvais pas, murmurai-je incapable d'en dire plus. Comme je vous l'ai dit je suis gynéco et la semaine dernière j'ai rencontré votre sœur.

— Va falloir vous expliquer, Miss O'Brian.

— Je suis là pour ça, monsieur Cummings, dis-je avec sincérité.

Il me regarda droit dans les yeux, s'attardant quelques instants comme s'il essayait de déceler en moi une quelconque faille, mais je ne mentais pas et après quelques secondes qui me semblèrent durer une éternité, il me relâcha.

 

 

 

 

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