Rose de Perse (part II)

Alice Liddell (Falling Cards)

C'est le complot, par groupe emplumés

Devant l'effarement des pâles eunuques blancs :

Les yeux graves chargés de désir et de kohl,

Tournés vers les étables de faïence et d'émaux

Où sommeillent les nègres.

Ont des éclairs de volonté.

Là-bas quelques esclaves juives

Proposent aux eunuques

Des colliers de lapis

Contre les clefs libératrices.

Tandis que s'approchant des grilles encore fermées

De tendres favorites vont soupirer, peureuses,

Les nègres, pressentant leur plaisir,

Ils s'éveillent, s'agitent.

Nègres d'Asie, d'Afrique,

Faits prisonniers avec les éléphants et les sultanes,

Ceux de la clé d'argent

Ceux de la clé de fer.

Celui de la clé d'or...

Collant leurs mufles noirs sur les portes qui s'ouvrent,

Ils miaulent, glapissent, regardent, sortent...

Et comme des chats bleus couverts de pierreries,

Les reins ployés, les yeux gourmands, les ongles prêts,

S'avancent, ondoyant, en troupe encore inquiète...

Les grands noirs d'Arabie

S'élancent les premiers

Huilés de chaudes sèves,

Et les Océaniens

Parfumés de cannelle

Vont suivre les Hindous recouverts de coraux.

Celui-ci a saisi une almée par la taille

Et comme un carnassier,

Rampant, l'emporte sous un arbre.

D'autres bras, noirs et nus sur les gazes lamées

Frissonnant et s'enroulent, les muscles se jouant.

Et dans les grands coussins de plumes silencieuses

Cent couples vont creuser des berceaux de fruits lourds

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