Rose de Perse (part III)
Alice Liddell (Falling Cards)
Contre la grille d'or, frémissante, extatique,
Shéhérazade s'est ruée.
L'eunuque n'osa point
De plus beau nègre bleu ouvrir la cage d'or,
Tous deux secouent la grille, enragés et hurlants.
Et la porte s'abat.
Le nègre bleu sourit.
Dans son pantalon d'or, il fait un bond énorme,
Enlève d'un seul bras la femme préférée
Du maître redoutable.
Il a des yeux d'enfant et des lèvres de bête.
Shéhérazade se pâmant
Le suit sur la litière
Où tantôt sommeillait Shariar.
Quand ils sont tous couchés dans le sérail immense.
Des jardins les esclaves arrivent en cortège :
Les nains, porteurs de fruits, élèvent sur leurs têtes
Des plateaux surchargés comme des jardins du ciel.
Sous le martèlement des porteuses d'amphores
Le lourd tapis sanglant des roses mutilées
Palpite
Les pétales volentant aux chevilles
Les frappeurs de cymbales suivent ces serviteurs
Et précèdent encore les charmeurs de gypaètes.
Mais le vin, la senteur des chairs jeunes et chaudes
Fait bondir un nubien au milieu du tapis.
Un nègre gris le suit, que rejoignent les autres
Et toutes leurs compagnes, épouses,
Odalisques,
Bayadères,
Almées.