Rose de Perse (part IV)
Alice Liddell (Falling Cards)
Les esclaves, couchés au milieu des coffrets, des oiseaux, des parfums,
Se reposent
Tandis que frénétiquement
De plus en plus
Nègres et favorites, ivres de toutes joies,
Tournoient dans la musique qui rôde en lourds effluves.
Et gronde
Comme un orage tout strié de lueurs.
Comme dans une torride jungle, parfois éclate
Le cristal frémissant d'une goutte de pluie.
Les barbares mélopées,
Fièvres, râles,
Chants d'amour,
Exacerbent les danses.
Une odeur de sang tiède apportée par le vent
Se mêle à la transpiration des roses.
Les porteurs d'amphores roulent parmi les coupes
Et le vin répandu
Et les nains dans les fleurs.
Shéhérazade debout, au centre de l'orgie,
Est nouée dans les bras puissants du nègre d'or
Et tourne dans le tapis dansant des couleurs
Des deux cents favorites qui,
Leurs voiles déployés
Flottant dans les fumées des parfums de haschich,
Jettent vers les plafonds des vols de pierreries.
Tandis que, tels des animaux fardés,
Les nègres fous,
Secouent leurs bras chargés, leurs ventres cuirassés,
Hurlent et chantent et piétinent
Comme s'ils agitaient pour leur éternité !...