Rossignol.

Alice Liddell (Falling Cards)

Un petit air de nostalgie, oublié depuis longtemps, j'ai reposé le regard sur Rossignol Roméo, le temps n'a rien arrangé, je pense néanmoins que le texte mérite un petit coup pour en retirer la poussière.

Une idée lancée sur le papier d'une traite, d'une seule.

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Observez Rossignol. Admirez l'étendue de vos actes. Admirez donc maintenant l'étendue de ma solitude. Moi, à qui la vie a souhaité tout offrir, or, prestige,domaine... Je n'ai jamais été aussi vide. Aussi vide qu'à ce jour. Vous êtiez là, face à moi, mais je sentais qu'au delà de nos différence, il s'y terrait une abomination vorace.

Vos yeux étaient fixés vers moi, mais cette impression désolante qu'ils ne me voyaient pas, que j'étais transparent, me brise le coeur. Tout ce que la vie peut offrir, je l'avais presque au creux de la main. C'était ce que je pensais. Ce que je croyais penser.

Ô Rossignol... Quelque chose en vous dépasse l'entendement. Votre... être, pardonnez m'en l'expression, est un réel coup de poignard. Toute ma vie, dans le silence, j'ai secrètement, sans même le savoir espéré croiser votre chemin. Et voici que maintenant que nos routes se soient croisées, la flèche de fer me perce le coeur, il n'était rien que je puisse faire. Ma pire et de loin plus délicieuse des erreurs était de fondre pour vous. Il n'avait fallu que d'un regard, que d'un moment d'éloignement pour l'esprit, et me voici loin de tout monde. Loin de toute matière, plus rien ne pourra rappeler le passé. Le passé et mort, mon passé est mort. L'amour... L'amour est-il donc un sinistre concept pensé par les Dieux pour tourmenter ceux qui croient être touchés par la grâce ?

L'amour est le pire des poisons, votre visage... J'en pleure. Je reste là, face à ma plume et tout en moi fait ressurgir votre visage, votre nom, votre voix, votre odeur. Je n'en peux plus, ce visage aux traits si fins, si beau, il est là quand je dors, mais votre voix au fond de moi me dit que je vaux rien, que nous sommes trop différents, que jamais je ne pourrais espérer...

L'amour n'est qu'un poison. Un poison que l'on s'inflige soi même et sans même le savoir... Jamais rien de plus que la plus cruelle des tortures. L'homme masochiste a su créer des Dieux pour tout, car ils ne comprenaient pas pourquoi le ciel, pourquoi les étoiles... Et moi, j'ai choisi sans le savoir de vous élire comme Déesse. La dernière alternative de mon esprit mort debout pour rester lucide. Avoir comme Déesse une créature abjecte. Je vous aime. Je vous aime... Et c'est de loin ma pire malédiction.

Une Déesse, Rossignol n'était qu'une Déesse, lointaine, au dessus de tout, elle avait rendu de par sa simple existence une vie enviable à une prison. La prison n'est qu'un état d'esprit... Mais dans la mienne, rien n'a plus de goût, ni de couleur. Les parfums sont rances, les plus doux nectars deviennent amer, même la fée verte qui réside dans les plus beaux flacons n'arrive plus à dégager mon esprit de votre image. Marqué au fer rouge par l'indicible...

La prison est un état d'esprit... Non, je ne pense plus déjà. La prison pour moi, n'est jamais que dans le regard de Rossignol.

Et si nous y allions maintenant, qu'en pensez-vous ?

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