Ruines

paratge

Je les entends toujours, railler tout haut, sûrs d'eux :
« Rien n'est jamais fini, on doit tourner la page !
Quand on a tout détruit, ce n'est que pour du mieux !
A chaque échec compris, la vie te rend plus sage ! »

Moi, j'erre anéanti dans la rue qui s'écroule.
Sous chacun de mes pas explose un nouvel astre
Par le bombardement de mes larmes qui roulent
De mes yeux délaves par cet hideux désastre.

Que le prix a payer de cet échec est lourd !
Qu'il fait mal de penser qu'en une vie entière
On a gesticulé, pantin aveugle et sourd
Alors que l'on croyait de son mieux de tout faire !

Des pans entiers de vie s'effondrent devant moi
Dans des grondements sourds et d'épaisses fumées
Qui masquent l'avenir et me noient dans l'émoi
Des parfums du bonheur disparus  à jamais.

A force de pleurer, mes yeux devraient sécher !
Mais non, il n'en est rien ! Le vide se reforme
Remplissant tous les lacs où vont aller pêcher
Les convoyeurs de larmes, avant que je m'endorme.

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