Running.
jireoparadi
La température était déjà élevée. Mais comme souvent à la fin août un brouillard épais s'était déposé sur tout le littoral de l'estuaire pendant la nuit.
Cette nuit là il avait été particulièrement épais, 4 jeunes étudiants étaient sortis de la route en fin de nuit du coté de M... Un carambolage immense s'en était suivi.
Aucune victime, mais l'accident avait mobilisé une grande partie des forces de l'ordre à cet endroit, la tournée du sentier du littoral et des plages n'avait donc pu être effectué.
A 6H45, pendant que tout le monde dessoûlait encore à l'hôpital et que les services de l'équipement s'affairaient à libérer la route, il sortit de chez lui, comme tous les dimanches, pour son heure de running. 50 Ans, non fumeur depuis une dizaine d'années, Gilles avait fait de cette course matinale un de ses moments privilégiés.
Il avait mis plusieurs mois à trouver les meilleurs moments, ceux où il était sûr de ne rencontrer personne, fêtards en fin de soirée, chauffeurs livreurs en début de journée.
Plusieurs itinéraires avant de repérer celui qui lui convenait le mieux, un moment en forêt pour démarrer avec la souplesse du sable et des aiguilles de pin pour tapis, environ 3 km dans des champs ensuite, de la belle terre brune tout l'hiver et des tournesols pendant 2 mois d'été, retour dans les bois le long du golf, le littoral enfin, 2 km sur le sentier des douaniers et un dernier run sur la plage, l'océan à sa droite et le soleil dans les yeux.
Si la chance était avec lui, il profitait parfois sur sa gauche, du spectacle de quelques jeunes femmes à la terrasse du café.
Personne ce matin là, mais 8H00 c'est encore un peu tôt, même en période estivale.
Juste, calme et régulier, le bruit des vagues, les mouettes, plus au sud, la sirène d'un ferry. Et, comme souvent, quelques fêtards qui terminent leur nuit sur le sable.
La vache !
Vraiment pas l'air en forme celui là. Ça a du être violent hier soir.
Mémoire. Les Cure, Noir Désir et les Stranglers sur les terrasses de la boite à la mode, les verres de whisky-coca, le popers, les filles, les retours en méhari - quand le polo Ralph Lauren n'était qu'optionnel -, les huitres sur la plage à l'aube avec Philippe, les filles... Mais il est bien mieux maintenant. Prend soin de son corps et vit heureux avec Marion.
C'est vrai que croiser Emmanuelle la semaine précédente à la terrasse de « C... » l'avait un peu troublé. Ils ont échangé quelques textos depuis. Vaguement parlé de se faire une soirée avant la fin des vacances. Il avait démarré un petit régime…
Il ne remarqua la blessure du dormeur qu'après l'avoir dépassé. Merde, merde, merde… C'est quoi cette merde ?
Panique, paroles, cris, « EH OH, EH, ÇA VA ? ».
Portable. « Bonjour Monsieur, voila, je suis sur la plage de S..., j'étais… Enfin,… Au début j'ai cru que… Merde, excusez-moi… Il y a un homme blessé je crois. Enfin, je ne crois pas, il est blessé. Je lui ai parlé, il ne répond pas… »
La suite, vous la connaissez. Vous l'aviez deviné.
Pompiers. Au bout de trop longues minutes,
Police, aussi,
Badauds et curieux,…
Premiers soins et diagnostic,
Regards graves,
Brancard,
Véhicule de pompiers,
Portes qui se ferment,
Départ,
Très lentement.
Gilles qui répond aux questions des flics.
Les regarde partir et s'assoit à la terrasse de « C... ». Commande un café. Sort son portable et compose le numéro d'Emmanuelle.
Raccroche. Respire. Regarde sa montre, sa maison où ne l'attend pas encore Marion, l'océan. Ferme les yeux. Boit une gorgée de café et attend Emmanuelle.
Il espérait qu'elle prenne ses clopes.
Merci Joanandmom de votre commentaire.
· Il y a environ 9 ans ·Et de vos encouragements.
Je découvre ce site depuis quelques jours, et vous ai lu, notamment 4 mots qui ont changé ma vie.
J'aime.
Beaucoup.
A bientôt j'espère.
jireoparadi
Vos textes donnent envie de connaître la suite, à chaque fois, belle réussite...
· Il y a environ 9 ans ·joanandmom