Sabreuse
franekbalboa
Il est dix heures. Marc travaille place du Martroi, à Orléans, depuis une heure maintenant. Il n'y a presque personne malgré le beau temps. Il échange avec son collègue depuis une dizaine de minutes. Soudain, le ciel se noircit. En quelques instants, il devient totalement opaque. Un vent étrange se met à souffler et un éclair noir s'abat sur la statue de Jeanne d'Arc. La scène surréaliste de la chute de la statue sur ce fond noir se joue au ralenti pour Marc. Il ne voit pas son collègue rentrer, hypnotisé par Jeanne tombant sur le sol, quelque chose se dirige vers lui, ou quelqu'un. Il n'y prend même pas garde. Arrivé face à lui, l'homme, du moins semble-t-il en être un, sort un immense sabre rouge et le lève pour attaquer Marc.
Ce dernier est tétanisé, il regarde effrayé cette chose se lever et commencer à retomber. Il doit lui rester une cinquantaine de centimètres avant de découper le jeune homme, mais une onde de choc propulse Marc et le monstre vers l'arrière. Le sabre rouge tombe alors qu'une sphère verte grossissant à vue d'œil se matérialise là où ils se trouvaient avant d'avoir été soufflés.
Une jeune femme en sort. Ses longs cheveux noirs corbeaux volent sous les coups de vent alors que sa tenue, une longue cape noire fait de même. Elle est pieds nus et porte un sabre. Ses yeux sont d'un vert surnaturel, une oreillette Bluetooth lui permet de contacter quelqu'un. Marc l'entend simplement dire:
"T'avais raison, il est là. Je me le fais ?
...
D'accord. Je laisse le micro branché, si y'a un couac, je compte sur toi."
La créature qui avait valsé en même temps que Marc se relève. A la place de la tête humaine se trouve maintenant une tête de hyène. Sa cape était tombée laissant la place à une armure légère, son sabre rouge était toujours au sol.
La jeune femme s'élança alors degainant son épée, le monstre tendit la main et le sabre rouge lui parvint comme s'il avait été aimanté. L'attaque fut prodigieuse de puissance, et la parade le fut tout autant. L'onde de choc provoquée par le contact avait jeté les chaises et les tables au sol. Le sabreur ricana, et commença à attaquer. La jeune femme esquivait habilement ses coups et en portait en retour. Le duel dura quelques minutes où ils semblaient de taille égale. Puis un autre éclair frappa le monstre. Il était désormais luisant. Un éclat sinistre l'entourait, comme s'il voulais provoquer le désespoir. La jeune fille fondit sur lui, à partir de ce moment, elle fut systématiquement contrée et touchée par la contre-attaque de la créature. Ses coups semblaient faibles et les contres la sonnaient chaque fois un peu plus.
Marc et son collègue regardaient cette scène totalement dingue, comme s'ils attendaient que quelqu'un sorte en criant "Surprise", pour une caméra cachée, ils étaient tétanisés. Le monstre marcha lentement jusqu'à la fille, et la saisit par la gorge. Elle étouffait, il leva alors son sabre rouge et prononça:
"Tes dernières paroles ?
-Va crever en enfer, pitoyable singe."
Le bras armé se baissa alors vers la jeune femme. Une larme coula. Une seule. Puis tout alla très vite.
Un éclair jaillit, blanc cette fois, et quelque chose semblable à une faux fendit l'air. Le bras continua sa route mais la main s'immobilisa, avant de tomber. Elle avait été tranchée. Un homme apparut alors, une impression immédiate de puissance en le regardant se faisait sentir.
Ses bras solides, son armure, ses yeux clairs, ses cheveux rasés, son sourire provoquant, et son arme, mi-revolver, mi-épée qu'il avait posée sur son épaule. A sa vue la hyène hurla, visiblement c'était ce type qu'elle voulait, ou alors le fait d'avoir perdu sa main l'avait rendu totalement fou.
Il regarda l'homme et un nouvel éclair tomba sur lui, il se transforma alors. Une énorme bête faisait désormais face au guerrier aux yeux clairs. Une puissante musculature, des griffes acérées, et sa main avait repoussé, ses crocs étaient puissant et le monstre crachait du feu. Il envoya une énorme quantité de flammes sur le guerrier qui fut submergé par celles-ci.
La jeune fille cria:
"NON !"
Après une minute, le monstre s'arrêta et ricana de nouveau. La jeune fille pleurait désormais. On entendit juste une voix grave dire:
"C'est tout ?"
Et, du nuage de fumée jaillit un éclair blanc, l'homme était toujours en vie. Marc stupéfait lâcha un:
"C'est quoi ce bordel ?"
L'homme trancha la créature aussi facilement que c'eût été de la mousse. Ses coups tombèrent à une vitesse affolante alors que la créature était tranchée de toute part. En quelques instants, elle tomba ridiculement, découpée en une multitude de dés. Le sang coula abondamment sur le sol.
Le guerrier tendit les bras et la statue de Jeanne d'Arc levita jusqu'à sa position initiale. La jeune femme blessée s'était adossée au mur, l'homme alla la voir.
Ils murmura quelque chose avant de la prendre dans ses bras. Il descendit la rue comme si de rien n'était, alors que Marc et son collègue se regardaient pour savoir s'ils avaient rêvé ou pas...
Marc sortit et vit bien l'homme descendre. Il avait les pied dans le sang de la bête, et plusieurs camions de police et de pompiers arrivèrent. Ils bouclèrent alors la zone avant de prendre les témoignage de ce qu'avaient vu les gens. Il ne commenta même pas le scénario farfelu que lui donnèrent Marc et son collègue et enregistra le tout sur son ordinateur portable. Une unité de nettoyage arriva une heure plus tard pour débarrasser la place des morceaux de monstre, ce qui aura pour but d'éloigner les badauds qui s'amusaient de la scène, pensant à un montage.