Sainte Rika.

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On se tenait pour dit ce que l'on avait décidé, et pour présumés, innocents.

Pour Betty, et lorsque vous habitez dans un endroit où la 5G ne passe que par hasard et que le râteau de votre antenne de télévision ou que le 3-mâts de votre bande FM hébergent les mouettes que plutôt les informations, il lui semble être dans un monde où l'actualité n'existe plus, où le monde des vivants serait pour ainsi dire, mort.

« Putain, dans ce foutu trou du cul, on sait rien de ce qui se passe dans la vie des autres ! Si ça se trouve, ils ont tous la COVID ! »

«  On a encore de l'électricité et du pain, ma chérie ! Pourquoi t'inquiéter ? »

J'essaye de rassurer Betty comme je le peux, mais je sais bien que pour elle, ne plus voir passer un camion d'Amazon ou le facteur sur son cheval, sont autant de signes cliniques de la maladie.

« D'habitude y a au moins Michel ou Roger qui s'arrêtent pour un petit colis ou boire un coup ! Mais là, rien, nada! On se croirait au fan club de Rika Zaraï ! Très peu d' d'abonnés et pas un qui sait ! »

« Pas un qui sait quoi ? »

« Qui sait qui c'était ! »

« Une chanteuse de fin de soirée ? »

« Pas que ! C'était surtout une femme à fond dans la médecine naturelle et qui favorisait les carottes crues et les bains de sièges. Sur un bouquin de plus de 400 pages, elle te fait comprendre qu'en trempant ton cul régulièrement dans un peu d'eau et des plantes, tu peux pratiquement guérir de tout ! Ça t'en bouche un coin, mon coco, hein ? Faire un best-seller avec son popotin !»

Pour Betty il ne faisait aucun doute que notre Rika était une femme engagée, au même titre que Brigitte pour les animaux ou Zahia pour le football. Je ne lui ai pas dit que son bouquin de cul avait été écrit en prison sous la plume de Dan Franck, condamné à 18 mois avec sursis pour avoir trempé le sien dans celui d'Action directe, parce qu'elle m'aurait demandé si c'était une nouvelle enseigne de type hard-discount venue s'installer, ou au mieux une nouvelle marque de lessive.

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