Sais-tu ?

Philippe Vivier

Et que sais-tu de cette peur de ne pas être aimé ?

Cette peur qui ne sait se dire

Et qui t'emmène sur ces ponts si hauts et ces balcons de fortunes ?

Cette peur que tu réprimes et conjures,

Quand dans les yeux d'une belle tu ne vois que désarrois et reproches ?

 

Que sais-tu de cette peur qui te conduit dans l'alcool et l'abandon,

De cette peur au ventre si présente à chaque seconde,

Que tu traînes comme une serpillière, sale et nauséabonde,

Sa fange sur ta joue, son gris dans les yeux,

Ce doute comme des serres à ta poitrine ?

 

Cette peur qui sourd et dans les notes qui murmurent,

Ton visage en crispation sur des larmes taries,

Ta face en muscles saillants qui hurlent en silence,

Les paupières à l'agonie, tes doigts crochus d'impuissance,

Le blanc du vide comme rédemption,

L'espérance du meilleur et du doux.

 

Que sais-tu de ces affres si futiles,

Quand je me maudis de n'être pas aimé quand tant ne voudraient que vivre ?

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