Saisons.

maelis

Parce que j'ai toujours aimé marcher. |26/10/14|

        Elle se livra à la température matinal de l'extérieur et claqua la porte. Ses pieds s'enfonçaient dans la neige en crissant discrètement. Elle monta son écharpe sur son nez et souffla de l'air chaud., tandis que ses grands yeux brillants observaient le contraste des maisons colorées avec la froideur de la neige qui recouvrait la route, les voitures, les toits, les balcons, les trottoirs et les branches des arbres nus qui longeaient un côté de la route.
        Le regard droit devant elle, elle avança sans réfléchir. Des flocons se posèrent délicatement sur les cheveux bruns qui s'échappaient de sous son bonnet blanc, puis fondirent, avant de se faire remplacer par d'autres. Elle se demanda combien de flocons traversaient le ciel avant de mourir au sol, avec tous les autres. Tout en marchant, elle leva une main à l'horizontale devant son visage, paume vers le ciel et l'observa. En l'espace d'une seconde, elle compta sept flocons fondre sur sa paume. Elle imagina cent mains et sept-cent flocons en fermant les yeux.


        Elle rouvrit les yeux, jeta son bonnet dans l'herbe verte et continua sa marche rythmée. Elle observa les fleurs blanches qui suivaient le chemin d'un côté, et les arbres aux bourgeons roses ou verts de l'autre. Le vent fouetta son visage, l'obligeant à baisser la tête.
        Un grand chien aux longs poils bruns traversa le chemin en courant devant elle, un bâton humide dans la gueule. Elle ne ralentit pas, continuant d'observer le sol de graviers. Le jeune homme qui jouait avec le chien appela la jeune fille. Elle baissa son écharpe pour libérer ses lèvres fines, et prit une grande inspiration. Elle avait un point de côté, faute de ne pas avoir pris l'habitude de faire du sport. Elle se souvint du jeune homme, qui était dans sa classe. Elle se souvint qu'il était doué en sport, et qu'elle se sentait faible à côté de lui. Il ne l'appela pas de nouveau, devinant qu'elle préférait l'ignorer et la laissa continuer son chemin sans la quitter des yeux. Il avait toujours rêvé de pouvoir un jour l'enserrer de ses bras et la protéger de tout.
        Des larmes se présentèrent aux coins de ses yeux bruns, alors elle les ferma.


        Elle rouvrit les yeux, retira son écharpe et la laissa s'envoler vers l'eau. Le sable s'infiltra dans ses chaussures, mais elle ne ralentit pas, laissant le vent à l'odeur salée fouetter son corps. Elle continua de mettre un pied devant l'autre. Elle se rendit compte qu'elle n'avait pas le temps d'observer un pied qu'il était déjà remplacé par l'autre. Elle marchait vite, sans s'en rendre compte. Sans s'arrêter, elle jeta un regard derrière. Elle ne voyait plus la trace de ses pas. Ils n'existaient plus. Ses pas l'avaient menés jusque là, mais ils n'étaient plus visibles, effacés par le vent.
        Alors qu'elle regardait ses jambes avancer, celles-ci s'emmêlèrent et elle trébucha. Du sable s'infiltra dans sa bouche et dans ses vêtements. Quelqu'un s'approcha et l'aida à se relever. Elle le remercia, et reprit sa route. Malgré le sable qui la grattait et qui faisait grincer ses dents, elle continua sa route en observant le soleil qui se couchait derrière les vagues. Elle ferma les yeux et profita des derniers rayons de soleil en écoutant les nombreuses mouettes qui volaient au dessus d'elle.


        Elle rouvrit les yeux, et prit le temps de s'habituer à l'absence de lumière avant de continuer sa route. Elle voyait à peine où se posaient ses pieds. Elle se guidait uniquement grâce à son ouïe, qui lui indiquait qu'il y avait une légère couche de feuilles sur le goudron humide. Elle leva la tête et regarda les étoiles à travers les branches des arbres qui se croisaient au dessus de la route.
        Elle aperçu une lumière qui s'approchait d'elle, et qui s'accentuait au fur et à mesure qu'elle avançait. Mais ce n'était pas la lumière bruyante d'une voiture. Un homme éclairait la route à l'aide de sa lampe de poche. Ayant terminé sa route, il la confia à la jeune fille, qui le remercia en lui offrant un sourire sincère. Elle saisit l'objet et éclaira son chemin, tandis que l'homme disparaissait derrière elle. Les arbres sur lesquelles quelques feuilles subsistaient étaient d'une étonnante couleur orange.


        Elle rangea la lampe dans sa poche, en sortit quelques grains de sable, essuya quelques brindilles d'herbe sur le bas de son pantalon et enfonça son pied dans la neige épaisse. Elle ferma les yeux, poussa la porte et retrouva la chaleur de son foyer.

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