Saisons finissantes.

Christophe Hulé

Pour l'hiver je prévois quelques stères de bois.

Pour l'été, des instants merveilleux, si possible, comme des fruits mûrs, dans les bocaux et les armoires, pour les temps troublés, et Dieu sait s'il y en a !

Le printemps ne m'est plus permis hélas, et l'automne ne ressemble plus à rien aujourd'hui.

Je garde au chaud quelques souvenirs pour faire la nique au réel.

Mes parents sont toujours vaillants, à 90 et 96 ans, ils sont bien plus baroudeurs que moi.

Parfois ils abordent le sujet, et que dire ?

« Mais non, ne t'en fais pas, bien d'autres ont disparu depuis », ou ce genre de conneries.

Les hivers se suivent et ne se ressemblent plus.

On aura laissé cet héritage aux petits anges en devenir.

Le principe de réalité fait recette en attendant.

La guerre est sur nos chaînes de télé, on suit plus ou moins son cours.

Combien d'étés ou d'hivers avant que tout cela finisse ?

Les bambins qui naissent paieront l'addition.

Qui s'en soucie vraiment ?

Nos aïeux ont connu bien pire, eux aussi ont vu le vent venir.

A chaque génération sa peine.


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