Sale odeur

Suzanne Saquer

Tête dans le postérieur je me lève, j’avale mon thé mimolette et je bois ma tartine à l’oignon. Merde je pue de la gueule et je me rends compte que mon dentifrice déjà presque vide depuis un mois l’est vraiment. Et dans une heure entretien d’embauche. Je vais avoir l’air fraiche tiens. J’imagine déjà mon employeur faire un malaise répulsif à la première phrase que je lui soufflerai. Je le sens vraiment pas ce tête à tête… Deux solutions : soit j’ose demander à mon apollon de palier s’il ne pourrait pas me dentifrer, soit je m’achète des chewing-gums en route. Solution numéro 1, crédibilité zéro. J’opte pour les substituts, la morue du bureau de tabac peut pas me piffer de toutes façons. Presque dommage ce matin.

Let’s go, ma mallette sous le bras, je pars à la recherche de mon destin. Shit, c’est fermé.  Il me reste trente minutes avant l’heure fétidique. Mon avenir fleure pas vraiment, j’entends dans mon crane résonner des « prenez un chewing-gum Emile ». Je stress.  Dernier espoir, l'épicerie à côté de la boite. Victoire, c’est ouvert. Tant qu’à faire, autant acheter la panoplie complète, j’aurai le temps d’aller aux waters me désinfecter. J’ouvre l’emballage de la brosse à dents, je sors le dentifrice trop cher pour de la sous marque, et c’est parti pour le récurage. Bon. Maintenant c’est parfait, je peux y aller. J’entre dans le bureau, il fait chaud, la fenêtre est grande ouverte, ça empeste les égouts.  J’avais oublié que l’entreprise était située juste derrière la décharge publique...

Si seulement j'avais flairé l'astuce avant de me faire entuber par un dentifrice.

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