Salon République.

effect

Nous étions en Préfecture, dans une rencontre littéraire. Un auteur très diplômé parlait de lui, au salon pourpre. Nous n'écoutions plus, nous faisions que nous regarder dans un coin de cheminée épaisse. Je poussais Maude un peu plus loin, dans un buffet froid. - Je vous suggère les mignardises de foie gras ou quelques toasts au pesto de champignons noirs des steppes d'Asie centrale sur une mousse de pain Sarrasin, accompagnés d'un bourgogne-aligoté quatre-vingt-six de Coulange-la-vineuse. Cela vous tente-t-il ? Je regardais le maître d' hôtel dans son élégance, et du coude, j'insistais celui de Maude, comme j'aurais pu dire: - Vas-y prends, ça doit le faire ! La nappe de présentation était couleur prune incrustée de petites marguerites qui semblaient photocopiées d'une édition Larousse. Maude avait la vie en elle et des bracelets qui faisaient du bruit: - Bon, on bouge ou quoi ? Je me souviens du goût de ses lèvres, de sa main dans la mienne qui dans la rue étroite nous menait au petit port vers son Van California. Une Jacinthe blanche donnait un fort parfum de muguet sur le siège avant. Le lac avait des reflets d'or et un mot rouge à l'envers: AZZIP à retropme. Ono-dit-Bio sous le pare-brise gondolait sur trois pages, entre dédicace et chapitre un. Chez Maude, la vie est ailleurs, pas dans les salons de la République. Le vin aussi était bon. J'ai du Plonger quelque-part.
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