Salut,

eaurelie

... Vieille branche !

Je ne sais pas vraiment pourquoi je suis ici.  J'obéis à mon mental. Cette pression incroyable sur l'extrémité des doigts. Les phrases qui s'écrivent toutes seules devant tes yeux, dans le noir. Quand tout est calme. Sauf ta tête.

Je reprends (et oui, j'avais encore arrêté) demain.

çà me fait peur. Mais un peu moins. 10 mois d'interruption auront eu raison de nombreux murs de fumée que je maintenais tant bien que mal debout.

Je suis pleinement isolée. Mais vraiment. Des flashs, parfois, à l'arrière du téléphone mais presque rien. Je n'ai récupéré que ce que j'ai semé. En fait non. Je n'ai rien récupéré. J'ai semé efficacement, à échapper, garder le silence, mettre plusieurs jours à répondre. J'ai travaillé mes excuses, enfilé des chapeaux de plus en plus grands pour ne plus voir autour de moi.

Ma vie ne me plait pas. Je suis malheureuse. Profondément malheureuse.

J'aimerais bien mourir. Je n'ai aucune.. comment dire ? Rien ne me donne envie de vivre.

Ma vie est douce, agréable, confortable, jolie.

Mais elle n'a aucun intérêt. Aucun.

J'ai cliqué sur 'A tous les garçons que j'ai aimé' sur Netflix. Jeudi dernier. Depuis, j'ai avalé des heures et des heures de comédies romantiques, avalé des pages et des pages de ces livres adaptés à l'écran. Et.. Je me suis souvenue à quel point j'aimais ces livres, à quel point je pensais que je vivrais ces histoires, moi aussi. A quel point j'aimais ces héros du quotidien. Ces héros de papier. Certaines adaptations m'ont déçues. A commencer par Twilight.

Twilight, çà a été la première saga à me faire ressentir. Première saga littéraire où j'ai été transporté. Physiquement, mentalement. Tout a été emmené. Je me revois sur le canapé de mes parents, dans l'appartement, à faire des pauses dans la lecture tellement mon coeur battait la chamade. Tellement j'avais le souffle coupé. Tellement trop.

Quand j'ai rencontré Edward en Robert Pattinson, douche froide. Mais douche froide totale. J'ai dissocié les livres des films et je n'ai JAMAIS relu les livres.

Arrivée à un âge dit adulte, relire ces romances adolescentes me fait doucement sourire. J'avale les pages à une vitesse que je n'avais plus atteint depuis des années. çà coule tout seul.

Le point négatif, ce sont les ressentis. Le point que l'on fait sur sa propre vie. En soi, dans ces livres ne sont pas racontées des quêtes légendaires, des dragons terrassés ou des croisades au bout du monde. Non. Toutes ces histoires ont la même base : 1 garçon, 1 ou 2 ans plus âgé, 1 fille, 1 ou 2 ans plus jeune, un lycée. Bim. Et les péripéties sont toutes les mêmes et basées sur un jeu de 'je t'aime, je t'aime plus' qui garde le lecteur en éveil.

Le point sur la vie actuelle, c'est que je n'ai pas vécu çà. J'ai pas eu cette jeunesse. Pas eu ces expériences. Non.

J'ai grandi solitaire et affreusement mal dans ma peau. Et puis, à l'âge de 21 ans, j'ai été projeté, tête la première, contre une histoire rocambolesque, douloureuse, incroyablement forte. La première. J'ai mis 4 ans à m'en sortir.

Et j'ai rencontré mon amoureux. Notre histoire est beaucoup plus douce. Plus adulte. On fait attention l'un à l'autre, pas de crises de "je te quitte mais reviens me chercher, ok ?"

Mais il ne s'y passe rien.

Bon. Ok. Covid, pandémie, couvre-feu, fermeture, confinement, oui un jour non le lendemain. On a vécu une année en pointillés. Et avant cette année là, on a.. pas vraiment vécu en fait. On a peu voyagé, peu profité. On a pas vécu les étincelles. Certaines ont droit à ces histoires. Ces témoignages tout doux qui transpirent l'amour fort. Moi, j'ai mis des putain de barrières pour ne surtout pas souffrir comme j'ai pu souffrir pour le premier. La douleur est encore si.. puissante dans mon souvenir. Ce sentiment de mort, au milieu des pleurs..

Moi, j'ai le sentiment que mes sentiments se sont éteints dans la tranquillité de notre quotidien.

Je regarde mon amoureux, assez régulièrement. Surtout quand il est concentré sur autre chose ou quand il dort. Je le trouve beau. Je suis attendrie. Dans ces moments là, je ressens un truc qui me fait aller vers lui. Dans le quotidien, j'ai tendance à le fuir. La faute à quoi, à qui.. Je crois qu'inconsciemment, je teste sa résistance. J'essaie de le faire craquer pour qu'il me prouve que j'avais raison et que je ne suis pas digne d'être aimée.

J'ai réalisé qu'il s'effaçait de la maison. Il prend mon shampoing, mon gel douche. C'est peut-être rien mais je me dis que j'ai peut être bien travaillé et qu'il est en train de s'enfuir. De fermer en douceur les portes pour claquer définitivement la principale.

A l'écrire, j'ai la panique qui monte. J'essaie d'analyser. Des fois, j'ai envie de claquer la porte. De reprendre la route et de voir si je serai pas mieux ailleurs. Et puis me revient en tête l'adage " On sait ce que l'on quitte, pas ce que l'on trouve "

Pas positif, pas négatif. Comme le verre à moitié plein. Mais je vois la sagesse d'un " Attention, tu ne retrouveras peut être pas ce que tu as abandonné ". Quand d'autres voient la promesse d'aventures incroyables.

Mon amoureux est un homme très doux. Une belle force tranquille. Tellement tranquille que parfois, je l'oublie.

Hier, débile, un téléphone passait de main en main pour montrer un carré de pelouse. J'ai récupéré le téléphone, regardé la photo et rendu le téléphone. Alors que lui, à mon côté, ne l'avait pas vu et attendait que je lui tende le téléphone. C'est débile mais moi, je suis mortifiée. Je n'y ai pas pensé sur le moment. Il m'en a doucement fait la remarque le soir et j'ai été tellement gênée. Horriblement gênée. Parce que j'ai pas l'impression de lui montrer que je l'aime tant que çà.. Que je prends pour acquis. Que je suis la grande cantatrice qui fait ses caprices et qui attend qu'il ramasse les vases brisés derrière moi.

J'ai imposé beaucoup de choses. Il a tout accepté. Il en a imposé à son tour que j'ai eu du mal à accepter. Son caractère docile m'a fait devenir pieuvre. J'ai trop l'habitude qu'on me dise quoi faire, de ne pas exister. Et avec lui, libre de tout mouvement, j'ai envahi tout l'espace, tout gangrené, tout avalé. Et il se débat au milieu de çà. Et moi, je n'en suis pas plus heureuse. J'ai vraiment le sentiment de m'être perdue en cours de route. D'être malheureuse, profondément malheureuse. De ne pas trouver mon tempo. De ne pas trouver ce qui me donnerait vraiment envie de vivre..

Quand j'écris ici, je finis toujours par pleurer. C'est con parce qu'il est dans la pièce d'à côté et qu'il ne comprendrait pas.

Je n'ai plus de meilleure amie. On s'est écharpé comme des harpies à cause d'un.. malade mental. Bon gros gâchis. Elle me manque presque tous les jours depuis. Et puis, je me dis, que c'est peut être mieux ainsi. Qu'on se tirait plus vers le bas que vers le haut. Je me demande souvent ce qu'elle devient. J'espère qu'elle est heureuse. Et que le karma s'est occupée de me mettre à terre. Juste retour des choses.

Je suis dans la tourmente. J'ai des projets qui ont éclos pendant ces 10 mois. Des idées, des volontés. Depuis le déménagement, je réfléchis à comment vivre différemment. Comment faire de ce que nous avons, quelque chose qui nous ressemblerait plus. Surtout que j'arrête de pourrir notre relation. Avec mes horaires, mon mal-être.

Je n'aime plus ce que je fais. Plus une seule seconde. Je n'aime plus çà. çà ne correspond pas à ce que je suis intrinsèquement. Je suis une personne qui aime les gens. Mais les gens gentils. Aujourd'hui, nos métiers au contact de la clientèle nous mettent en danger. Chaque jour de chaque minute. Les gens ne se contiennent plus. La faute à la situation sanitaire ou pas. La méchanceté est partout. La violence aussi. Sous prétexte que la personne est là pour scanner tes articles, tu te permets de la traiter comme étant inférieure à toi ? D'où ? A quel moment vos égos vous permettent de cracher au visage de cette femme ou de cet homme, sous prétexte que cette personne est derrière un comptoir ?

Tout est sujet à agressions. A violences. Maintenant, j'estime que nous sommes en danger, nous, dans nos métiers de contact.

Mon hypersensibilité se fracasse contre ses violences gratuites et incompréhensibles. Mes mécanismes de défense sont disproportionnés. Ma fatigue, infinie.

Je crois que c'est pour çà que je n'aime plus les gens. Que je ne cherche plus à maintenir le lien ou à en créer. Je n'aime plus les gens.

En 10 mois, j'ai découvert que je n'aimais pas les adultes mais que les bébés, j'aimais beaucoup çà. J'ai gardé mes neveux pas mal de fois. Alors, je me teste et je me demande : çà donnerait quoi avec des enfants qui ne seraient pas de ma famille ?

Je pense que la réception est définitivement un sujet qui se clôture pour moi. Je n'aime plus çà. Plus du tout. L'hôtellerie en elle même est compliquée : pas d'horaires, pas de vie, pas de projets.

Célibataire, cette vie me plaisait complètement. Pas de compte à rendre, libre de tout. Mais en me mettant avec mon amoureux, çà a commencé à tirer sur toutes les coutures. Ce qui, je pense, à amener à ce mal-être permanent. La violence des autres et le sacrifice de sa vie personnelle pour.. rien. Aucune reconnaissance.

J'ai bientôt 32 ans. Trente-deux. Mon dieu. La claque des 30 ans dure encore.

Hypersensibilité

Syndrôme de Peter Pan

Et j'en ai d'autres, des pistes à creuser.

La première serait de réussir à aller voir un psychologue. Pour m'aider à trier tout ce merdier qui s'accumule. Comme un déménagement qui n'arriverait jamais.

Au début, je disais que je relisais des romances adolescentes et que j'en étais malheureuse quand je les comparais à ma vie. J'aime bien l'écriture automatique. Elle te fait voyager par plein de chemins et te ramène à l'essentiel.

Je vais essayer de rendre ma vie meilleure. Pour ne plus regarder le noir le soir et demander posément à ne pas me réveiller le lendemain matin. La vie mérite d'être vécue.

  • Très bon. J ai accroché à votre petite musique dès les premières notes. Ce flot presque ininterrompu est fascinant. Bravo.

    · Il y a plus de 3 ans ·
    Morrisondark3

    morrison

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