Sanda

C'est la vie dans toute sa splendeur.

Il n'y a que moi. Lui et moi. Cet adversaire dont je ne sais rien.

Quatre minutes de combat, deux minutes de repos et énormément de doutes.

Pendant ces quatre minutes personne ne peut m'aider. Je suis seul. Absolument seul.

Tout ce dont je dispose, c'est mon corps. Mes poings sont levés, ils assurent ma garde, mes pieds sont mobiles, ils me gardent hors de portée. Mes yeux fixent mon adversaire et cherchent l'ouverture.

Durant les premières secondes des coups sont donnés sans conviction, juste pour prendre la distance, pour préparer des assauts plus risqués.

Je n'entends rien, je ne pense rien. Je sers les poings sur mes gants rouges. Leur dureté me rassure quand à ma force. Car je frappe, je frappe mais mes coups semblent ne pas porter.

J'observe. Je vois mon adversaire, je vois ses failles. J'attends qu'il attaque pour lancer à mon tour une offensive qui serait moins risquée. Je n'ai aucune conscience du temps qui s'écoule. Je m'évertue à esquiver et à parer, à attaquer aussi fort et aussi vite que je le peux.

J'esquive un coup de pied et lance un enchaînement de coups de poings et de coups de pieds. Je touche la tête et le plastron de mon adversaire. Je ne m'arrête pas là, j'abaisse mon centre de gravité au maximum en pliant mes jambes et je me fends de toute ma vitesse. J'aggripe les jambes de mon adversaire et le soulève de toutes mes forces. J'ai réussi à le saisir. Pendant ce court laps de temps, je sens toute l'étendue de ma force et tout l'effort que cette technique m'a demandé. Le plaisir de savoir que mon adversaire est impuissant face à ce qui va lui arriver est fugace mais intense. D'un geste, je le fais basculer et le lâche à terre.

Il percute le sol violemment. Je marque des points et son esprit. Je sais que le plus redoutable et le plus imprévisible je me montrerai, le plus de chances j'aurai d'atteindre mon adversaire.

Attaquer de tous les fronts possibles, avoir le plus de techniques possibles, avoir le plus gros coeur. Pour gagner un combat il vaut mieux être bien préparé. Rien ne doit faire défaut. Toute faiblesse doit être compensée ou précautionneusement protégée sinon la sentence est le K.O.

Dans un combat nous sommes seuls.

La concentration nous évite de faire un faux pas. Malheureusement, l'adversaire est généralement aussi bien préparé. Même si le premier round est gagné, rien ne garantit la victoire du prochain.

Un combattant doit s'adapter très rapidement et il doit s'imposer.

Le premier round s'achève sur ma victoire. La minute de repos est l'occasion de réfléchir à la stratégie à appliquer par la suite.

Je n'aime pas me battre, oh non. Ce que j'aime, c'est avoir un objectif et tenter de trouver la faille. Etre le plus malin.

Je l'ai été jusque là mais le combat n'est pas fini. Je me bats, je me repose et je me bats encore et encore.

C'est ça le combat.

C'est ça la vie.