Sang De Brume partie IV

ezio-shulsky

La poésie semble former une boursouflure du verbe être, qui célèbre le non langage, l'herméticité des subjectivités humaines.

Un langage qui contemple une vie durant son perpétuel effondrement, son insuffisance nécessaire, est une métaphysique narcissique. L'anti-langage une vanité, les non sens des trouées salvatrices.

Le nihilisme affecté devenant une institution de l'époque, toute différenciation définitive ne pourra s'établir que dans une silencieuse volupté.

L'amour de l'autre, c'est polissonner sur les lames de son propre anéantissement.

Le Graal émotionnel toléré en occident se nomme le baiser. Des parts inégales de chair de diamètre différent qui coïncident en des points souples, exercent un phénomène de succion, coextensif à un commerce de liquide à faible

teneur glaireuse, fortement imprégnée de germes buccaux.

Avant donc que de former une question, assurez vous d’en avoir epoussieré toutes les inconsidérations contenues en leur postulat. Par ce principe vous éprouverez le sentiment que la question même n’est plus, puisqu’elle induit à un reploiement aux abîmes plus encaissées ; l’infini de la régression des prémisses jusques aux accores métaphysiques classiques par les granuleuses surfaces desquelles la matière que l’on se représente ne peut oncques être atteinte, ni trématée, fût ce pas les constructions morales les plus difficultueuses, censées voiler la réalité empirique supposée. La régression des postulats mène invariablement à un unique sépulcre. Encommencez ces réflexions annihilatrices des jugulaires de l’esprit, par le fanal de considérations historiques, éthiques, politiques, scientifiques, vous progresserez ce nonobstant vers la même limite : la matière « en soi », non représentée, peut elle vraiment exister, ou n’est elle qu’un artifice bien faisant pour la conscience humaine ?

La bonne conscience annonce avec un faste singulier, tous autant que nous sommes la voulons , oui , nous te rôdons , nous t’adorons, n’avons ni fin ni cesse de te poursuivre , l'intelligence, sage obéissante servile, propre & élégante à épouser les ourlets fumeux de ce qu’on exige d’elle ; bride toi, conceptualise notre défaite à muer de nos peaux conventionnelles , sans se donner le loisir une seconde ne fut ce que d’épargner le cliché contingent de cette bonne conscience elle-même. La bonne conscience est une régression circulaire de l'intelligence.

 

Le discours languit par le sommet de la mise en forme de l'émotion, de son abrutissement charnel. Le larynx sclérosant par abruptes contusions les substances du plaisir, telle est  raison d’être de cette activité sociale

.

Dans le dévouement, on lègue  à l’autre la possibilité de nous désoler moralement en prostituant nos entrailles . Une exquisité de la nudité, donc. Si tu corrodes les humides étendards de mon dévouement, tu n’en es point digne. Si tu piètes en butte à ton hubris de puissance, alors, les macérations de mes émois seront tiennes. Je dépose, ou ne dépose guère, la survie de ma conscience, dans ton âme, & ton cœur. On donne à l’autre un anéantissement du mystère, le Beau Moral dans toute sa complétude. Il n’y a plus de charmes, mais le nu. La possibilité d’apprécier un être pour sa précellence substantielle la plus chenue.

La douceur est l'idéal d’un mouvement perpétuel de l'âme sur un sensible dont toute la matérialité de la chair s'évanouit pour s’épandre sur le cœur.

De l’ennui

Cet effort  de répétition nous deviendra intenable, quoique rendu fertile par sa nécessité. L'ennui glisse intemporel, souverain, car il caresse l'inconscient dans son murissement, & se confond en fleurissements d’analectes insoupçonnées, appariements d’inédits sentiments. se prendre ou vouloir en possession, en influence, du flux vital de la pensée inconsciente, ou de la pensée tout court, referme le nacre de nombreuses possibilités, outre celle , ultime & fatale, de bénéficier en sa créance de la maitrise princière de la privation d'une richesse émotionnelle, & d'une potentielle productivité psychique.

 

L'espérance s’ouvre , non sans quelque faiblesse, plus salvatrice que son objet d’attention, car notre avidité, contrairement à son objet, se veut illimitée.

L'homme se tient tel une enveloppe charnelle recelant de l'exubérante accumulation de parcelles insondées de sa survie, de sa déchéance : il  s’étend en un monde en puissance par la pensée, un monde organique dans les faits, une création démente d'individualisme naïf à la vérité. L'homme habite l'homme, à la façon si touchante & appliquée qu’ont les vers, les mouches d’ habiter, & de nicher avec douceur par les contrées molletonnées de pourriture filandreuse & coulante, des intestins des sujets qui ne sont plus. L'homme grouille d'organisme, de vie, osant se prétendre seul. L'homme est pétri, pourri d'homme, pourrions nous même soutenir.

L'exceptionnel est l’ovin qui, dans l'enclos bouillonnant, éructant de bonheur, qu'est le conformisme, disposera d'un moyen de propulsion suffisamment puissant. Son intelligence sera tournée vers la destruction de l'idée de la société en laquelle il vit, symboliquement se laissant glisser vers une espèce de perversion. Fort d’un élan suffisamment important, il n’aura de cesse de se contorsionner sanglant de pleurs & de regrets au delà de la barrière de cet enclos ; ou du moins le briser pour faiblement en extirper décharnée sa tête, & instituer alors un mouvement de lutte, fomenter dans l'esprit de la gens l'idée d'une féconde & furieuse révolte.

Le concept de maturité se recroquevilla dans la chaleur vide de la mythologie megalomaniaco ‐perverse de l’enfance, & se larva paresseux dans le cristal d’un Tout de douceur qui plus tardivement n'égalera qu’en de faibles instants une universalité de coton que l’on s’escrime, pâles pantins reformés que nous devenons, à reformer par la suite. Qu’est, naïvement demandons le nous, qui es tu, toi, enfance, laissons les vainement discourir, ces enfants philosophiques qui se barbouillent fumeux de concepts à la vérité purement immatérielle, mais que ne nous faut-il attendre, réellement, enfance, capricieux, tu caquètes tel une oie que on engraisse, qu’ on gave. Le biberon est chargé de valeurs aux vitamines de l'esprit préparant le jeune innocent à la présence de l'autre. L'enfance tâche le jeune homme de pureté.

Alors que l’extase passionnelle est dans la société occidentale l’acmé de l’union affective entre deux êtres, la consécration du plus haut statut de union sociale, la beauté de cette affection vénérienne devient, dans certaines sociétés, le plus faible échelon introductif aux relations sociales, équivalent à quelque poignée de main somme toute conventionnelle. L’espoir des relations symboliques occidentales se trouve donc, dans certaines sociétés affranchies des dérangements érotiques rapportées sous la notion au XXI eme siècle de « sexe », la base de tout rapport social. Des lors se dessine distinctement, dans toute sa clarté, les modalités du rapport humain occidental : à un rapprochement progressif des chairs correspond une élévation du statut symbolique de l’union sociale, légitimée par un rapprochement moral, & la valorisation de marques d’émotion, — donc du sentiment —, davantage que l’émotion même, étouffée sous l’armée de la convention.

Commettre le geste symbolique des relations dites d’amour, c’est tendre émotionnellement une offrande de soi à l’autre, sentant qu’une fois que le jaillissement des corps se fut éteint , demeurât un jaillissement de l'âme. L’union d’amour, occidentale à souhait en son ascension impitoyable de matérialité vers l'acte en lui même, ne se gorge étouffante de sens que si le vide qu'entraîne l’aboutissement de la coquecigrue amoureuse du désir n'est supplée que par un vide anéantissant de bonheur, l’affection elle même. Des lors s’élève t elle morale, pure, trône‐t‐elle enfin , les chairs étant asséchées & les imaginations brûlantes étanchées.

La colère est une émotion inédite car sans objet ni sujet suffisamment définis pour exister. Les corps se manifestent, se déforment, guère les personnes.  Elle procède de la même vocation imaginative, auto suffisante, que la jalousie, et puise en ses propres frustrations pour se réinventer continuellement, s’intellectualisant pour amollir les conditions du repos.

 

 

Hommage à Cioran

 

 

Se persuader de la ni existence, ni absence, ni consécration ou repli, ni célébration ou déchéance de l'être humain. Embrasser l'être dans son irrégularité la plus satisfaisante. Fouler les houleux cratères de l'indécision, de l'illusion du Rien, de l'oisiveté & des orgueilleuses complaintes de la solitude. Etre happé par la constatation de l'autonomie du monde, de son indépendance vis‐à‐vis de nous, & de notre acharnement sublime à le rendre notre par les frêles battements de nos gesticulations ininterrompues.

Que s'hérissent fougueuses, les suffisances d'éternité, rémanences affaiblies des flaques meurtrières du Beau qui florissant en nos Chairs.

Les vomissures du bonheur parsèment de rage mes lèvres.

Honorons les animaux, qui eux chérissent avec une indécente valeur la déchéance de l’anéantissement, s'écartant piteusement de nos devants , pour généreusement nous laisser préparer le chemin vers le Notre. Leur pitié inconsciente est perfide & Sublime. Le mépris philosophique de l'Etre animal nous est heureusement bien rendus par ces sautillements machiavéliques des animaux, qui se sacrifient à nous délaisser notre plu belle achèvement : la valse chirurgicale de l’âme , volontaire & institutionnalisée.

 

S’oblitérer tout de bon, se diligenter aux Empyrées, n’être plu. Aviser ses chairs bouillies & fauchées, être spectateur de son propre aveulissement. Bourrelé pour s’occire, pour alanguir les morts se conjoindre à la Géhenne, l’étreindre, en limer toutes les aspérités. S'obliger pour seconder à l’expiation de moi. Se sentir fuir & trépasser en nos alentours. S’ensauver de son corps & se trouver déconfit par la vie. Se coiffer de la passion pour de ce corps se délier, sacrifier à une vie en étranger. Celui de l'Amour de l'individualisme érotique, de l'âme en la terre & les cieux putréfies ; de nos affables espoirs conquis d'hommes souverains des épanchements de leurs propres feux.

N'accorder aucune valeur à une chose, c'est outre enfler le rien en vacuités aux sidérales dimensions, & plus profondément lui accorder la propriété d'être caractérisable par le langage, conséquemment qu’il reçoive le poids syntaxique, & émotionnel, du mot.

Les hommes s’entrechoquent en leurs existences tels quelques cadavres fleuris en puissance.

 Plus un écrit est inaccessible, plus il conserve quelque chose de touchant en ce que l'on sent que l'auteur avoue qu'il s'est effondré de sa pose écrivante.

Les impératifs logiques du travail, & de l'habitude, ne sont ils guère , d'une ignominie sans borne, d'un utilitarisme forcené, les prestes du culte du profit, de la consommation, des chimères de l’immatériel ; mais, me rétorqua la jeune femme, cet esclavagisme moderne, nous l'aimons tel qu'il est, nous sommes ses obligés, quand même toute réflexion mènerait à ce stoïque désamour de la chose pour lequel vous nourrissez non sans faire quelque vanité & futilité dispendieuse, les plus vives passions.

Travailler, c'est perpétuellement différer la prise de vue du cliche de la fugacité bienfaisante de la vie, à la manière d'un photographe omettant toute occasion qui s'éploie aux sphérielles extensions de son œil , en sorte que nous ne saisissons de l'existence que son reflet clairseme et affaibli.

La mélancolie & l'amertume, se jetant amères dans les Abyssales telluriques de l'orgueil, enfantent la Vengeance.

Notre amour propre, vénéneuse tunique d'autrui, jamais ne nous est, admettons-le, acquis ; constamment est-il comme nous le voudrions, insaisissable, insatiable, & terrible.

Qu'est l'amour propre terrassé sinon l'écœurement de nous-même entrevu à demi par les douces lueurs de mort émanant des putrides émotionnelles de l'Autre ?

 

Dans la séquence visuelle, ou clip, dédiés à la représentation d'une séquence sonore, fussent ‐ils originaires d'Amérique & esquissant les clichés vagabonds du mythe de la réussite sociale plastique & d'une perfection formelle à la pimpante éphémère, invinciblement se dessina aux tréfonds démoniaques de mon sadisme rationnel une impression frappante de réalité : un sentiment d’opulente nausée. Une horde de danseurs assimilables à des mannequins à l'esthétique de l'art fascisto‐romain, aux pommettes à la saillante squelettique & aux mâchoires aux angles audacieusement indécents se pavanent langoureusement devant une matrice de courbes à l’improbable quoique charnelle force délirante, la danseuse , peut-être chanteuse principale. Les corps sont parfaitement en accord avec les codes du Beau du XXI eme siècle. Les costumes aux oniriques onéreuses prétentions cintrent ces éphèbes se prélassant dans les rayonnements d'un appartement & une salle de travail de ce qui est représenté ainsi qu’une entreprise.

De suréminentes quantités de modelés : les cols de cravate sont parfaits, se nouent sévères sur ces visages statufiés ; les costumes sont glués, se fondent aux corps ; à ces peaux de substitution s'ajoute l'énergie qui coule plantureusement par le fait de ces corps, ne vivant que pour l’ouvrage,  l’effort,  l'étouffement sous l'être‐à‐l ’énergie. Ces modèles enfermés dans les vomissures décharnées du béton, — les immeubles — se déhanchent, sans cesse, & ne transpirent pas.

Les dents rayonnent de lueurs numériques  & se piquent d'une fougue intempérante. Ces os sont éternels, se meuvent avec arrogance, rapidité, la force du travail inachevé, de la vie sacrifiée à se vivre mécanisme de son propre mythe désillusionné. Invinciblement fus je plonge dans cet inextricable rejet, que je retrouve, lors de promenades par les boyaux parisiens des Champs.

Un jeune cadre surgit. Les remugles de ses oboles me brûlent instantanément les naseaux. Le costume est cintré à l'orgueil qui corrompt la scène ; les cheveux sont gominés & percés par les boulons de l'assurance éphémère de la progression sociale, sur une tête vide. Ce produit, le gel, recouvre, gluante lueur jaunâtre, le globe de cet être.

 Quand même le temps fût d'une répugnance inégalée & que le sujet ne portât aucun parapluie, les gouttes se glissèrent malignes dans les cheveux souffreteux du cadre, & la colle indécente se faufila dans le cou de la personne. Il ne se déplace pas. Il a le regard hautain, la démarche assurée, mécanique, robotisante, de l'être détruit de l'intérieur. La démarche de l'ambitieux, de la personne qui est une hypothèse du profit parmi les contingences du profit, & qui voit sa réussite honorée de la réincarnation du matérialisme.

 

Oui, me semble t il que suis-je enfin parvenu à identifier ce qui m'écœure tant chez ces êtres : ils se ressemblent tous, l’éprouvent, se meurent de travailler & meurent en leur occupation, se veulent parfaits & le sont, & ont conscience de leur finitude au sein de l'entreprise, mais s'épuisent dans leur ambition. Ces hommes sont des produits périssables qui s'assument, & portent tous les caractères de l'homme jetable, prônant l’effort dont le réservoir est eux mêmes.

Des réservoirs qui puisent dans leur propre éphémère de la Perfection formelle & de l'esthétique de vies identiques & standardisées. Des produits éphémères, rouages d'un système, qui s'assument & se revendiquent éphémères & standardisés. Le produit se reconnait produit & se nourrit de sa chair ployant sous les affres des torsions journalières. Se vouloir une icône journalière laborante de la Mort , faire de sa vie un capitalisme de l’ effort, provoque en moi de vifs troubles. Quand l’être est une icône capitaliste, la vie n'est plu vie, & l'être est un être au capitalisme, donc un capitalisme de vie. La mort dans le travail est capitalisée, & assumée, voire revendiquée. L'ambition de mourir comme icône capitaliste. L'ambition de faire de sa vie un marché, un théâtre pécuniaire. On se vend comme icône dont l'ambition morale est creuse & on étouffe sous la plastique mythologique de la scène de ces instants qui se veulent instants & mourront tels.

La vie est recouverte sous le culte de l'icône, vendue sur le marché du travail, sur l'autel du capitalisme. Où est l'homme, dans ce galimatias insondable ? Sous la vie, probablement. Ou aux Empyrées , car à la vérité, le succès de l'icône capitaliste réside dans l'accomplissement de soi. Pour ce que le soi est un être à la mort, un être au réservoir, , corps à la plastique tintant de merveilleuses regardures. Put on gâter nos chairs à s’embesogner, transmuer le lit de nos coutumes industrieuses en tombes hospitalières, faire de son institut une ambulance aux incontinents immolés du labeur , de son héberge une contingence pour raccoutrer l'être à la mort, alors ces cadres capitalistiques seront les fruits de l'holocauste émotionnel de l'être.

 

 

 

 

Du moi de la consommation de masse

Vertigineuse réflexion que celle de la compréhension de l’impossibilité fondamentale de la rencontre intégrale de tout être sur Terre, ou tout « étant » Heideggérien qui eût été porte au monde. Angoissante perspective que celle d’un penser roulant d’une terrifiante agilité sur la multiplicité des êtres correspondant à un éclectisme inestimable de compatibilités culturelles. Figeant de peur, nous, qu’elle nous y rend, nous en peu ménageant, la perfide Idée d’Infini qu’elle est, caquetant & objectant d’elle-même que quelconque émotionnalité qui existât, l’altérité émergera , invinciblement plu exacerbée, chez autrui, ce bel inconnu. Comment laisser nos globes , deprivés d’éternité & bouillis d’infinité factice que sont nos raisons totalisantes, dans un état de « vie » sachant par la même que, individu particulier, je ne rencontrerai oncques des êtres à l’émotionnalité insoupçonnée, aux capacités inédites ; à la vie exacerbée, aux pulsions conceptuelles mugissant d’indécence, d’anti perfection, de pseudo originalité, de saveur authentiquement étrangère, barbare, en somme. N’oncques rencontrer l’immensité de l’inouï , & le sceptre du genre humain, des lors déployé en ses voiles chamarrées , nous effrite sur les feux amers de la contingence, de la possibilité, de l’option de l’existence, & de la superficialité de nos rapports imparfaits, car invinciblement se pouvant, surpasses, par l’autre, ce chiffre, ce nombre narguant & idéalement parfait, rôtissant nos cœurs insatisfaits & consumes de médiocrité relationnelle affamée.

 

 

 

Les objets n'existent que par usure, liage , surgissement de l'autre, du mouvement, dans le non être. L'être n'est pas en‐soi, l'être est pour quelque chose, l'être est pour être, et réside déjà dans cette ontologie fondamentale un déchirement. Tout être est être de soi même, est pour soi même. Il y va de l’effort de l’être pour être dans la notion d’Etre. Tout être est à la foi son propre commencement, son propre fondement, & sa propre fin. Tout être est un amas d'êtres. Les bêtes, & la bête, ceint à l’homme, comme la petite vérole sied à la nymphe bourgeoise, c'est‐à‐dire, dans une profusion, & une concentration, qui en détruit immédiatement les prétentions d’indépendance : la nymphette qui croyait se pouvoir fondre, symbole qu’elle serait, en la Beauté, s’en trouve détachée & l’esclave funeste, au lieu que notre homme, regorgeant d’hommes & de particules en ébullition en lui, devient le simple hôte de son existence, le « secrétaire de ses émotions », comme le souligne Cioran.

La perfection nous illumine de faibles feux : ceux d’un conformisme le plus total à des comportements clefs. Les oies, & les veaux procèdent à l'abattoir, en ne s’escrimant guère à rechigner : seul chaut le résultat, tant bien même qu’ils nous, gracieusement fournissent, quelque viande ; cela, le seul but attribué à ces animaux par l'homme, ils l'accomplissent dans la plus totale perfection. L'homme, lui, est ainsi juge en société à l’avenant de ses actes. Se vouloir parfait, chaque jour, est un éloge de marches sourdes, lentes, inconscientes d’elles-mêmes, vers quelques fours institutionnalisés , rôtissant sur ces voies de la déchéance & sifflant aux tympans des autres, qu’en effet cela sera bien au nom de l'intelligence que l’ on égalera la condition de bête dont la vie , & toute fin, se circonscrit , servant qu’ils le subissent, au rôle ô combien élégant , de pâture auparavant l'heure, à l'autre.

Le parfait, lui, outre en se délaissant aux latentes logorrhées du sommeil, se hâte inconstant à l'écorcherie ; quoiqu’ autrui se nourrît tant de l’idée de perfection, il se donne en pâture morale, fantasmatique, exemplaire à l’autre. Mais, & se commue des lors cocasse pareille diatribe , avisant qu’une idée s'accompagne d’actes marquant cette idée de perfection, elle sera dans les faits une prostitution perpétuelle, un épuisement du modèle du mode d'être de la perfection. Que mugisse cet ersatz de veau qui se meurt chaque jour un peu plu : l'animal, du moins, s’envole apaise, d'un unique trait .La perfection possède un rapport étroit avec l’âme, définissable comme un rapport singulier à chaque d’être d’usure des chairs pour vivre selon des codes sociaux considérés comme progressistes, spirituellement, techniquement, symboliquement, hiérarchiquement, en somme, sur l’autel du « progrès », de l’avoir.

La perfection est la poursuite la plu idoine, exacte, par un individu, dans les faits – comportements spirituels & physiques ‐de toute recommandation théorique , principes édictés par les textes du Progrès, les Lois , droits, devoirs à dessein que la société se « développe » suivant lesdits principes. Preuve que le masochisme des chairs est un idéal en société, quand il s’ébroue à des pinacles telles qu’il ne se retourne point sur sa condition pour s’en interroger, car cela par vanité annihilerait son essence.

 

 

Le modèle de la « perfection » nous enseigne que cette identité entre un comportement d’un citoyen dans sa vie « active », usant ses chairs pour l’idée dont il est quotidiennement & assidûment couvert de « progrès », ou « stabilité », & les textes ou codes « légitimant » cette idée de « progrès » achèvent la compréhension de la vraie notion de « progrès » : prétexte fallacieux à l’usure des chairs, sa signification authentique n’est aucunement de faciliter la vie, ni survie des hommes, mais que le principe même d’évolutions, de « continuité » selon une quelconque « perfection » soit si rigide, raidie dans les esprits, que l’Idée de Perfection survivra aux corps.

 

En somme, le progrès légitime une ruée vers le Rien matériel des êtres humains, de codes s’abreuvant & se pétrissant, n’existant par la même qu’en éphémères garants d’un autre principe : celui du « droit » à la mort une fois que on s’est épuise à vivre. L’institution du « droit » à mourir est une autre illusion tacite du droit gageant que tout être ayant cotisé de sa personne aux nécessités de la société ne peut guère désormais persévérer en pareil rythme d’application desdits principes : ne pouvant plu « mourir » virtuellement au même rythme, pour ces textes, il se trouverait de son existence aliène, & ne « mériterait » plu de vivre, car « n’apporterait » plu rien à la société , d’où l’idée subtile & perverse d’un « droit à la mort », après avoir, & je ne ferais preuve d’aucune originalité en rapportant ces traits occidentaux répugnants , « bien travaille », « bien réussi ».

 

Notons bien le terme « apporter » à la société, qui place l’être citoyen dans une situation de redevance illimitée, dans une posture quasi nietzschéenne du ressentiment religieux, & ce auparavant même que le poupon de chair roulât outre les etrons maternels. Société, je nais sur ton sol, je suis un citoyen en puissance, un « cadavre futur du progrès », auréole de fleurs, bleues sans aucun doute, fleurs des fins, auparavant même d’avoir ete éduqué & perverti par tes « éducateurs ». Ensuivant l’emplissement de son être des lilliputiennes cases réductrices de la « réussite » de son existence, dans des domaines varies pour que la bipédie humaine n’eut pas le temps de s’appliquer à un retour conceptuel sur les inepties comportementales qu’ on exige de lui, on le « jette », on le « délaisse », sous le prétexte très vicieux qu’il aurait « bien mérité », de se reposer.

Résumons-nous : l’identité entre un comportement réel & des comportements clefs qui idéalement torréfient intégralement les chairs sur l’autel de principes castrateurs d’esprit critique & d’autonomie morale, se nomme perfection. Accomplie dans une variété de catégories telles le Travail, la Politique, les Loisirs, la Morale, & les Affections –ou relations ‐, à la proportion que les chairs durant sa vie se ternissent pour cet idéal décharné de « progrès », grandit, répétée, l’idée de « mérite », de droit au « repos ». Eussent les maturations, perclusions, macération & douloureux rougeoiements des chairs, été menées à bien, sur ces chairs atteignant en fin de vie leur idéal de dégradation « parfaite » prescrite , la valeur symbolique du « mérite » aura  atteint son apogée.

O désespoir, ô tristesse , ô effondrement de tous les possibles : les chairs ne peuvent désormais plu s’user pour s’étaler sur les « cases » de la réussite, avec le même rythme impose au « parfait » , au lieu que le sort & sa traitrise, fort malheureusement, ont rendu la notion de « droit à la mort » caduque, ne pouvant guère s’intensifier sans s’annuler, car point soutenue ni alimentée par les corps maladifs & impotents. Les individus sont officiellement persuades, & gorges d’orgueils en cela, qu’ils sont commis, et aguerris , à mourir. Les idées demeurent, les corps pourrissent. L’idée de Perfection, pour le tems de l’exploitation sauvage de la physiologie de l’homme dit « parfait », a empoisonne l’âme encore vierge & ingénue du futur citoyen. Ce Janus perfide se fût il instille en nous, nous en devenons son precellent obligé, car il se substitue à notre propre substance .

Ne point se sentir affecte par telles perspectives, néanmoins, car , de ces fers menottants  cette chimère nous extirpera enfin . Mais sa libération sera une mort du « je », de l’essence première de l’être dont l’idée de perfection se fut emparée, des le processus de l’éducation. Le vrai « droit » à la mort, ou le vrai « mérite », du citoyen, décède sur l’autel de la « liberté », est une victoire sur l’autel des substances, & non sur celui du « progrès » : celle d’avoir recouvert sa substance, son âme « personnelle », « intouchée », car lestee pour une prétendue éternité de ce fantôme imperceptible de l’idée de perfection, ou de progrès, qui se fut larvée en nous.

Gisent et durent en notre séant, assiette de matière naturelle, tant de monde dits réels que de mondes perçus. La réalité de chaque sensation n’est guère à remettre en cause. Ce qui l’est, cependant, est le préjugé épousant l’idée selon laquelle de tous les modes d’êtres des espèces & de toutes leurs sensations, il en existerait un prépondérant. Soulignons que nous discourons de « sensations » et non d’impressions, ou de perceptions, car nous ne sommes assures que la notion d’organe sentant, de stimulus, de valeur floue attachée à une sensation ( impression ), ou de dénomination précise de cette impression ( perception ) fussent applicables aux susdits modes d’êtres et espèces que nous croyons percevoir dans le nôtre.

Aussi, pourquoi vouloir perpétuellement imaginer qu’entre toutes ces perceptions, se tiendrait une unique, authentique, une en quelque sorte qui fasse un contrepoint de réalité absolue face aux autres réalités « particulières ». A quelle fin concevoir que nos perceptions pussent être trompées, & éployer ce raisonnement jusques à oser prétendre avec Plotin que notre vie n’est que songe, que peut invinciblement s’offrir à nous un monde plus réaliste, moins inconstant ? En quels fondements exhaler la thèse de la vie perçue en tant que songe jusques à accorder aux moments dits de dérèglement des perceptions, ou d’illusions comme on les appelle, une autonomie, en sorte qu’on dissocie une espèce de monde vrai, qu’il faudrait percevoir, du monde auquel nous ne pouvons accéder, & qui formerait une espèce de dégradation de l’autre.

Aussi appelle t on par moments « impressions » des sensations dont on ne connait suffisamment l’objet, ou auxquelles la langue n’est pas faite ou n’est à se faire, ce qui est une paresse et une diablotine mystification, un voile porté sur l’ignorance et la limite humaine. Si l’illusion, & la variation de l’intensité de la perception, l’amplitude de l’acuité, & la variation de la qualité de perceptions du monde par les sens, est une donnée aussi primitive & essentielle à l’âme humaine que la vie même ou la conscience, ainsi donc si la contingence & l’aléatoire des perceptions est à placer au même niveau de réalité inaliénable de la vie, pourquoi vouloir remettre exécuter en doute l’aléatoire de ces perceptions, fruit de notre constitution, fruit de la Nature. Pourquoi éternellement se borner à renier nos chairs, attribuer à l’aléatoire de ces perceptions une « faiblesse ». En faisant cela, on voudrait faire de l’âme humaine ce qu’elle n’est. On aspirerait à ce que l’âme humaine fût en toute occasion aussi vive, aussi alerte, qu’elle l’est en certains états de profonde réflexion, ou en de rares transports. Si l’inconstance de l’âme en est une donnée essentielle, pourquoi faudrait il ne la point souffrir, & égayer nos vains hubris de rhéteurs, à ne pas trop déférer à nos questionnements de ce qui est inaliénable à la condition humaine, & de tout être percevant .

 

Le respect est la tolérance du silence assassin, de la dissimulation, de l’obséquieux, et de la tromperie, en société.

Invinciblement sera‐t‐il offert à la flamboyance, à l’artistique suffisance de l’illusion contemporaine, de rayonner de tous ses faibles feux : « nous sommes ensemble depuis tant d’années, ou de mois ». Décomptez à ce fleurissement d’idée amoureuse d’elle-même, cette marotte d’adolescent dont on aurait guère assez mouche les coquines prétentions auparavant l’âge de raison, les mois d’incertitude, les mois de transition entre les abandons extatiques des premiers jours & les attachements symboliques appauvris de la suite, défleurez les pétales de l’angoisse, de l’attente, de la confirmation de la fougue de l’autre, sacrifiez les moments forces de partage avec le morceau de chair issu des entrailles moribondes de viscosité des deux – l’enfant —, &, vous constaterez, ô sotte muses de la superficialité émotionnelle, que le tems n’a de fin que légitimer le statut des relations. Cette légitimation, donnée seule en pâture à la naïveté idéaliste & inconsciente d’elle-même, du jeune beau & de la prêtresse gothique sacrificielle, ne portera en le sein de ces tourtereaux numériques que de funestes fruits : ceux du retombement .

Les dieux symbolisent l’imperceptible lien des métaphysiques humaines.

Le monde  ne semble se manifester que parce que chacun croit le dérober. «  Le » Monde est une hémorragie fictive  de subjectivités à mondes dont les ponts ne sont que des lambeaux d’entre eux.

La solitude est l'apprentissage de l'oubli du Ils, du Nous, du soi, du moy, puis du Je.

Ce qui engendre le sentiment que la solitude est encore vivable, est l'Idée de Solitude. La totale déréliction est une mort anticipée : on réalise malgré nous que jusqu’à nos proches achèvent de nous chérir ainsi qu’ autant d’ idées périssables & nous célébrer lambeaux du Néant. On appréhende le sentiment que la gloire posthume d'un homme surpasse son existence, que l'homme ne réalise son humanité parmi sa société qu'a posteriori. Que la vie est une préparation de l'ombre mortelle de notre image désincarnée.

La vie est l'illusion de l'espoir qu'on festoie, danse à demeure notre mortalité ; Consommer sa vie à l'occidentale, se borne à s’absoudre éclaboussé & écartelé en tant d'identités photographiques, numériques, plus  virtuelles les unes que les autres, que le sujet, à l'instant ou il consent à la première mitose identitaire, célèbre son propre anéantissement.

La tolérance est une insulte insondable de perfidie : elle est tacite, donc enjoint à l'imagination de ce que l'autre peut inventer, cacher, fomenter, & le concept même de tolérance appelle à un aveu de l'insupportable idée de la présence morale ou physique de l'autre. Altérite te fais-tu légataire de ma tolérance, altérité te commues tu en être aux clartés méprisables, & qu’admet on en le champ de notre vécu qu’à une astrale distance. La tolérance est une hypocrisie d’opérette, quelque plu pernicieuse que la ruse dont elle s’abreuve sans le désirer.

Le temps façonne dans une apparente « validité » les différentes unions possibles dans une société, commises pareillement, les sacro saintes « relations » dont nous avons assez soulevé les inconsistances, mais ces rayons d’avenir tant chéris ne se bornent à d’attester presque « conceptuellement » le statut de l’union, point l'émotion de laquelle elle émanerait. Au demeurant, la décrépitude sentimentale étant à de telles sommités en l’apologie contemporaine du capitalisme moral, que s’est savamment glissée cette pointe de recherche désespérément touchante de romantisme débridé, immatériel & creux ; désormais, le gros des hommes, dans son habituelle subtilité, se nourrit de lambeaux incompris, et hâtes d’impatience , du «bliss » anglais, rapporte par quelques barons lors de joutes en de fins salons bourgeois, de la bulle idéelle ou dite « virtuelle », du travail, de la raison. Le romantisme est tiraille en sphères productivistes, & la pensée proxénète, prostituée. Les lamelles d’espérance flottent incandescentes dans l’appauvrissement émotionnel des sociétés occidentales. On arguera qu’aimer les idées d’émotion éduque le sentiment même, probablement, mais passant de ce fait par une médiateté artificielle aux abyssales superficialités ; provoquant à de longs termes quelque exécration des « acteurs » d’un romantisme dont on aurait distille la seule passion infondée.

 

 

L’ on aime nullement la beauté d’un individu, plutôt se laisse t on happer par une disposition d’objets l’un par rapport à l’autre, les uns au rapport à la chair. Nous nous infatuons d’un agencement déposé sur la chair, ancré en elle. Ce que l’on appelle La Beauté est définie par trois ensembles de commerces : les vêtements et accessoires entre eux, la chair et le vêtement, enfin la chair et les Formes de l’Un, intemporelles. Les trois formes de dialogue se tiennent en un acoquinement hiérarchique et mythologique, pour ce qu’ils se trouvent , quelque élément qu’ils soient, organe corporel ou objet décoratif, en comparaison systématique avec les mythes les plus répandus dans la société et considérés comme appréciables par l’œil. Aussi forme –je l’Un, agencement de l’autre, lorsque j’évoque la Beauté d’un autre. Je suis sensible à un agencement d’un être, ou d’une chose, pour ce que nous sommes tous deux Uns fruits d’inlassables tourbillons particuliers en leur sein.

Au percevoir de l’autre, j’embrasse l’Un qui est un agencement, et des lors deviens je moi-même l’ultime agencement de sa Beauté, je suis pareillement agencé. Percevant l’autre, perception une appréciée pour ce que multiple, je me comprends dans cette aller vers l’autre, je m’agence dans l’agencement de l’autre. Ce faisant, je viens à crotter probablement les Formes de la Beauté, accessible de nous que matériellement. L’aller vers les formes mythologiques de la Beauté, s’acclamant de leur chef hôtes des Formes immatérielles, est une marche qui les entache par le simple fait qu’elles sont à percevoir pour exister. La Beauté immatérielle n’existe que par ses hardes charnels, mais ses hardes sont à être, aspirent à être affleures, nécessitent l’autre dans leur Etre, à comparaison des formes immatérielles qui elles sont leur propre référent : en effet, elles s’agencent elles même en se mirant.

Il est parfois plus perfide de laisser quelqu’un continuer à penser telle avanie de vous. Premièrement, vous n’êtes pas indiffèrent, l’on éprouve quelque peur à vos côtes, il y a une intentionnalité, une fascination de l’exécration envers vous, qui vous permet de réfléchir à diverses attitudes. Deuxièmement, vous qui prétendez vous connaitre, avez pleinement conscience de l’immensité de la différence entre ce que vous avez montre à l’autre, volontairement ou non, et ce que vous êtes. L’autre s’attachant à des lambeaux de l’un des deux aspects, il se persuade de quelque chose, et se fourvoie, vous offrant sa faiblesse la plus parfaite : l’incontinence.

 

 

 

La blancheur du visage mire la pâleur de l'âme, le crissement des os sous ces chairs repues des roulements informes de l'existence. Entre l'immanence du visage & l'immensurable vacuité de l'ivoire de l'automate civil, se trouvent délavées, les chairs. Les tambourins de l'existence, les passions aériennes & soufflant au travers des villes ont pétrifie ces corps dans une posture de picotement insupportable. Ces façades matérielles, quelques éthiques fussent-elles, ‐à en croire le père Levinas‐, sont vidées d'influx, tels des amas cadavériques de morceaux coupes de vie, d'envies. Creusées par le tournoiement des impulsions, elle se font les rejetons tuberculeux des ultimes et souffreteuses liqueurs de désespoir, d’aspiration enfantine au momentum romantique, qui , barons anglais, esclaves de Messine, ne demeurent que des fantasmes.

Epilogue

 

 

 

Je vous contemple, petits moutons qui sautillent de joie dans votre mare. Morbleu, voila que vous glissez, vous trébuchez, vous manquez de vous rompre les os. Mais n'est ce point le dur métier de l'artificialité qui en vous grandit établi ?

 

 

Lorsqu’à ma vue vous apparaîtrez, affaiblis, égrotants et , chancelants, que vos plaies couleront de souffrance, ma félicité, elle, éclatera d'un blanc d'une pureté encore insoupçonnée.

 

 

Tout au long de votre vie, vous n’avez fait peu de cas, méprisants et par trop engonces & vautres dans votre plaisir vulgaire que vous fusses, les conseils, avis quant à votre comportement, sans bien même évoquer une déchéance. N’importe, j'écoute ici-bas les turpitudes des colifichets de vos existences bourdonnantes, & laisse les individus gesticuler dans leurs passions du corps & de l'âme, jouissant de leurs petits besoins institutionnalises comme primordiaux.

 

 

 

 

Alors, quand vous quérirez de l'aide, tels des garnements capricieux, insatisfaits, que votre cœur qui vous conduit dans les abysses du mensonge, de la duperie, du règne du temporaire, de l'expérience, lorsque les boyaux de désillusion s'entremêleront hors de vos entrailles , aux effluves hideuses, aux remugles infectes noirciront votre état si piteux que vous n'osez plu ne fût ce que vous mouvoir à la fin de goûter à nouveau l'expérience de la superficialité, le quasi mythe du Bonheur, du plaisir à la fin de le plaisir de la Vie, non de vivre, alors je vous mirerai.

 

 

 

 & je pointerai que vous n'avez guère écoute les recommandations qu’on aurait pu vous faire, par trop occupes que vous fûtes à vous entre saillir dans la sphère social primitive. Alors, seriez-vous enceints de monstres, ceux du tourment, des affres de l'envie, de l'insatiabilité du cœur, je tendrai ma main.

 

& je couperai la vôtre.

 

 

 

Alors, quand même vous n'ayez cesse d'ignorer quelconque recommandation, poursuivant  les mêmes égarements, erreurs du corps & de l'âme, au lieu que vous cautionnâtes cette attitude de recherche téméraire & sotte du Bonheur par des voies par trop étroites à la fin de votre Orgueil donc vous vous nourrissez, le masochisme dont vous avez tant prône l'usage se retourne enfin avec vous. Mais que ne fut‐ce qu'étonnement, quand de cette souffrance de la fin, de cette accroche désespérée & réitérée à l'éphémère, je constatai que vous n'en dégustiez point toute la superbe.

 

 

 

Un temps vous fûtes superficielles âmes, n'écoutant que vos envies singulières, vos intérêts, empruntant des voies égoïstes & libertines. De querelles intestines en mirages étincelants, songes décharnés auxquels vous tentâtes de à la fin devoir la fébrile illusion d'une réalité décrépie, vous avez persévéré dans l'erreur.

 

 

 

 

 

Ainsi, messieurs les hommes, les femmes, qui adhèrent à cet esprit des égarements du corps, de la persévérance du trouble, de l'erreur, de l'ignorance, du règne de l'apparence quand elle est salvatrice, & temporairement apaisante, je vous laisse désormais prendre connaissance d'un nouveau met, que vous dégusterez seul, à la fin de ce que je vous le servirai, à la becquée si je j'en juge l'augure nécessaire, par trop affaiblis que vous estes à la fin de vous occire définitivement.

 

 

 

 

 

 

Ce met se nomme angoisse, & je vous le souhaite le plus délicieux qu'il soit. On en perçoit quelques traits d'amertume aux premières bouchées , puis on en vient à tout prendre à en déceler, à en savourer tout l'éventail de couleurs. Que ce tournoiement, cette valse de saveurs réchauffe votre cœur, le long de votre gorge, attrait féminin sacralise & appauvri tant il est démocratique. Je me sens par la même réinvesti de mes forces, car tellement quellement, cette démocratie du vulgaire, ce goût du minimalisme, cette image appauvrie des Essences, du Beau, ne vous apparaitra guère étranger.

 

 

J'espère que vous la dégusterez avec tout le faste, l'apparat qu'il se doit. A terre, échevelés de tristesse, décharnés par l'usure de vos corps impies, épuisés par les mouvements, les torsions que vous leur fîtes endurer, vous comprendrez que ce met est encore plu dur à tolérer, que vos précédents épuisements de vos corps gisants, écroulés d'imbécilité, de faiblesse dans cette mare que vous avez tant choyé, oies & porcs engraisses de naïveté que vous estes.

 

 

& la, je saisirai ceux, qui dans le gros informe de porcs & oies qui ont tant aime leur servitude, méritent de sortir de cette angoisse. Je n'ai point , loin s'en faut, mentionne de retour à une guérison.

Messieurs, Mesdames les oies, pétrissez-vous d'huile de vie, pétrissez-vous d'envie, de chairs, décharnez-vous. Expérimentez, ruez-vous au lieu de réfléchir, cela semble beaucoup plu facile. Soit, choyez, hâtez-vous par deux fois , épuisez-vous. Je viendrai vous cueillir, & vous apporter le remède que par mépris de tout aide, vous avez dédaigné.

 

La punition de l'angoisse.

 

 

 

 

 

 

 

Ce sentiment n'aura d'égal que la carence de vos désirs, la souillure de vos âmes, la dépravation de vos entreprises , de vos marivaudages passionnels d'enfants capricieux. Ce sentiment est éternel à chacun qui ne pourlèche qu'une image de lui-même, qu'une ombre courant sur les éperons de votre vie.

 

Quant à ce navire, cette ombre mugissant dans les obscures contrées de vos vies, je m'efforce de souhaiter que l'âme empreinte de péché qui vous habite ne sera point seule à bord.

 

Plusieurs fois dans votre vie, vous vous estes couverts d'illusions, roules dans les draps de la manipulation, de la brigue amoureuse. Vous avez place votre entière confiance en l'homme, qui n'est qu'un sensible aussi peu scrupuleux que vous. Etouffes par moment ces draps, à demi mourant & reconnaissant que on se fut joue de vous, vous avez feint l'évidence. Vous vous estes menti à vous-même, tout en l'acceptant. Désormais, vous voilà nantis de conseils.

 

 

 

Mais les vérités de cœur surpassent la rationalité, le réalisme de l'exigence de réalité, de sens. Il m'aurait été facile d'offrir à quelques-uns d'entre vous un panoptique, un monde intérieur renfermant délices, sécurité, liberté des âmes, épanouissement de l’affectivité.

 

Il est à souhaiter que quelques-uns commettront le péché social de se révolter, & de connaitre ce que j'appelle sagesse. Toute réalité que vous connaissez m'est autre, différente, enrichie d'une joie indicible. L'ineffable ne se nomme point, & vous, chiens asservis, voulez que je formalise. Non, Homme, je ne théoriserai point le Beau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous vous noyez dans la beauté de corps particuliers, j’appète à me hisser vers l'Idée du Beau. Vous circonscrivez vos relations dans des cadres mous affubles de responsabilités, il n’est en mon sein que l’Exaltation Primordiale, unitaire, originelle.

 

 

 

Est il encore possible d'offrir , dans cette méritocratie de bovins désorganisés & jouisseurs quelconque repos. Il me reviendra le droit, légitime, de juger ceux dont l'âme n'aura guère été par trop corrompue.

 

 

 

& tous les maturés sociaux, tous les convertis à la superficialité, connaitront l'envie, l'amour du désir d’un bonheur qu'ils n'atteindront oncques. Ils poursuivront  L'Eternel. Pour le bien de quelques autres dont l'âme peut être extirpée du galimatias de superficialité dans lequel vous paissez tel de gentes bêtes, j'ouvrirai les portes de cet enclos, & vous ferai découvrir mon Eternel exacerbe, stabilité perdurable, fusion de l'âme & du corps.

 

 

À la fin des  premiers, cet éternel sera La Solitude. À la fin de les seconds, mes rares protégés, il sera Amour. À la fin de les premiers, cet éternel sera la Décrépitude. À la fin de les seconds, ma Vie sera leur offrande.

Car il n'est de plus beau témoignage amoureux que de Sacrifice, de Don de soi, Corps & Âmes voues à l'entière Idée, au sensible duquel on s'est énamouré.

.

& ce sensible, cet astre incandescent, je pense l'avoir encontré.

Une existence authentique se libèrera jusqu’à la vanité de l’abnégation.

Signaler ce texte