Sans les mots

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J'ai recherché souvent dans mes premières histoires le mythe d'un amour si déraisonné et si exclusif que seuls les amants qui le partagent le comprennent.

Aujourd'hui, je sais bien que c'est un mythe, il n'est rien de tel.

Dès que la ferveur s'enchaîne à l'amour,  nous nous mettons à haïr les mots, incapables d'exprimer la violence de nos sentiments.

Nous rejetons d'un regard échangé tout l'univers, le laissant honteux, superflu et spectateur d'une force qu'il ne comprend pas.

Ce n'est plus de l'amour.

Et toute les tentatives de construire un code permettant la communication des êtres, tous les dictionnaires, toutes les expressions les plus sophistiquées se retrouvent démunis, et vidés de leur substance devant une telle violence.

Un désir au delà-des-mots de fusionner, se détruire  et se fondre avec l'autre. Un désir d'autodestruction sourd, une annihilation voulue avec rage. Une petite mort en soi, qui permettrait d'être pleinement.

L'amour, en reliant deux entités qui n'ont de commun que de la volonté, crée, chaque fois un feu d'artifice unique né de leurs différences.

  Et ce feu ne peut brûler sous la même bannière car ses frères nés d'autres unions,  n'ont pas les mêmes parents.

Il m'a semblé comprendre que le premier enfant des amants et l'amour lui-même imprimés des personnalités de chacun, modifiés par les couleurs qu'elles contiennent.

Mon amour, je rêve de toi avec des couleurs qui n'existe pas et je t'aime avec des mots qui n'appartiennent à aucun langage. Et j'ai peur qu'on ne se comprenne jamais.

Nous sommes les héros d'une histoire  codée dans les plis de nos cœurs, et nous n'en feront jamais un best-seller. Car si d'aventure l'on conte nos regards,  nos auditeurs seront, inexorablement condamnés à regarder une forteresse dans la brume.

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