Sans toi

Toussaint Sbreccia

Hasard....
Et la porte claqua dans un bruit sinistre
tes talons nerveux heurtant le sol
martelèrent mon cœur dans ton dernier envol…

On s’était connu dans un bar aux couleurs bistre
sur le haut de la Butte, refuge des cuistres
buveurs, hâbleurs et truands de haut vol

Tu avais vingt ans, j’en avais un peu plus
et ta jupe accrochait les regards des clients
j’étais là, tu es entrée et je ne vis rien de plus
que toi, nerveuse et frêle, regard ardent

J’ai su de suite que ce serait toi
on s’est parlé, on a bu, on a ri
dehors les flonflons du bal illuminaient la nuit.

On a refait le monde jusqu’à l’aurore
Dehors le petit jour étendait sa fraîcheur
Je suis sorti, tu m’as suivie et alors,
sous un porche on s’enlaça avec ardeur.

Ce jour là, j'ai su que jamais
je n’aurai échangé ma vie
contre tout l’or du monde.

Et aujourd’hui « sans » un regard
tu t’en vas « sans » te retourner
me faisant ressentir le fossé
qui entre nous s’est creusé « sans » hasard.

Sans toi…

Signaler ce texte