Sans verset, l’athée râle en vers
absolu
Qu’il est doux de se laisser bercer par cette ambiguïté exacerbée, qui n’exauce rien mais qui laisse à rêver. Cerbère garde bien l’entrée, même s’il lui arrive de déserter son poste ; alors la nature reprend ses droits, les désirs dérivent vers d’autres rivages mais jamais n’accostent, la vigie veille au grain et rappelle à l’ordre le plus égaré des marins.
Qu’il est grisant de se laisser aller à cette douce extravagance, qui ravage le cœur de l’élégante, en extrait la substance et la laisse vacillante sans jamais l’achever. A son chevet toujours une feuille, un encrier et la plus belle de ses plumes, pour tenir à la lune d’infâmes propos. Mais la lune s’est ternie et se contrefout de ses infortunes répétées. Lassée d’infimes moments d’extase, elle fuit l’infirme imaginaire et ses métastases en papier, affamée de la chair des amants satisfaits elle s’infiltre au travers des volets et leur vole un peu de sérénité.
Elle serre contre son cœur l’éternité d’un bonheur infidèle, cet infini délictueux ; il ne peut être fou d’elle sans commettre un délit puni par les cieux. Mais il ne peut se passer d’elle au risque de perdre quelques instants délicieux, plein de malice. Le mal est fait, sans vice de procédure, pas besoin d’en faire un procès, y a pas de sévices particuliers. Et puis ça mange pas de pain, ça peut même rendre service, sans en faire une tartine on s’met l’eau à la bouche… on salive à distance, et quand vient l’heure de se quitter, on la ravale, faut pas laisser de trace. Les mots disparaissent de l’écran, mais s’ancrent pour longtemps dans mon for intérieur, pas si fort que ça d’ailleurs. Mais j’en donne l’apparence.
L’attirance est déclarée, on cherche encore les coupables. Le trouble est indéniable, le diable peut s’en féliciter ; les puritains trouveraient ça minable, les cœurs purs sauraient combien c’est beau, après tout qu’y a t-il d’abominable, à s’aimer sans savoir jusqu’où ni pourquoi ? Pourquoi faut-il marcher sur la pointe des pieds quand d’autres arrivent avec leurs gros sabots, sans se jeter à l’eau ni dans l’arène… ils complotent dans notre dos, sabotent ce qu’on trouve si haut ; et puis même si l’un a trouvé chaussure à son pied, y a pas de quoi fouetter un chat, même si ça nous botte, y a pas lieu de tourner sept fois sa langue dans sa bouche, ni de l’avoir dans sa poche ; ça n’est que du dialogue en direct, soyez pas si terre à terre, l’attraction reste dans l’air.
Pas besoin d’aller dans un parc pour s’y envoyer, pas besoin de grand huit pour avoir mal au cœur et la tête à l’envers, encore moins d’un manège pour déchanter de se tourner autour sans pouvoir se toucher. De toute façon j’ai le tournis chez Mickey, je n’envie pas Minnie, un peu décatie, obligée de le séduire en catimini pour n’avoir aucune ennemie. Certaine d’avoir un ticket je dois pourtant le déchirer, je ne suis pas adepte des journées demi-tarif, encore moins des jours fériés, d’un amour à moindre frais.
Tout ça reste un jeu, auquel on croit, on ne connaît pas les règles, mais on ne triche jamais. J’ai pas les bonnes cartes en main, « mauvaise pioche » ; encore une partie gâchée, on va pas pour autant se faire la guerre ni déterrer la hache, l’ère qu’on respire est suffisamment moche pour qu’on s’empoisonne encore plus la vie, l’air suffisamment pollué pour l’emprisonner dans nos poumons, au risque de nous asphyxier.
On gambade sur un terrain miné, bien déterminés à savourer le paysage, même contraints à rester sages. On n’a pas le même horizon, on ne peut se parler à visage découvert.I il garde mes mains dans ses poches, pour me garder proche, ne s’attirer aucun reproche, la chasse gardée ne tolère aucun égarement. Je cache ses phalanges écorchées d’avoir gratté l’écorce sans voir de quel bois je me chauffais. Trop d’embûches pour s’embarquer dans cette histoire, la proie reste embusquée à l’orée d’un espace protégé, un cœur embarrassé de ne pouvoir s’embraser ni faire feu de tout bois. Elle reste aux abois, il garde les yeux braqués sur les mots qui le mettent en émoi.
Ils respectent le règlement, s’attirent à blanc. Eh oui, le braconnage est illégal, faut pas déconner…