Santiago
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Un voyageur, lourd de ses expériences, vint se perdre dans un désert anonyme et solitaire. Sans but apparent, il marcha, traîna sa carcasse haletante comme la houle marine, et trébucha exténué. Une simple force qui va, et qui, avec la nuit seule pour témoin, n'était plus guidé que vers les profondeurs ensevelies de sa conscience. Tempête de sable. Et son œil chargé d'émotion contempla alors le Ciel dans un dernier espoir pour demander quelques secours. Or, son soleil semblait s'être évanoui entre deux dunes, puis noyé dans cet horizon infini que ses jours ne connaissaient plus depuis longtemps. Les constellations ne lui murmurèrent alors que de descendre, encore. Il obéit. Un soir, alors que tout était éteint, et qu'il n'attendait plus rien des jours, il vit une petite lueur: obscure clarté chère à son cœur. Et il crut alors que ces nuages sombres qui déchiraient cette lueur en passant devant l'astre étaient comme toutes ses pensées noires. Depuis l'abandon, sa conscience n'avait fait s'épanouir que ces fleurs maladives. Or, il paraît qu'il n'y a aucun dédommagement pour qui renonce à tout. Tempête de sable. Et soudain, lui est apparu au loin comme un souvenir jadis oublié, un oasis de tendresse et de repos. Était-ce un mirage ? Peu importe. Le simple fait de se rappeler ce sentiment d'amour, de quiétude et de liberté le maintenait debout. Peu importe les étoiles, l'orage et le vent : il avançait vers cette terre d'accueil, à travers ce désert d'absence et d'angoisse qu'était son cœur. Le voyageur lâcha alors, pour la première fois, un rire trempé de pleurs que l'on ne voyait pas.