Sapeurs du feu

Jean Claude Blanc

en cette période de Ste Barbe, hommage aux pompiers, qui veillent sur notre bien-être; volontaires la plupart, civisme à suivre....

Sapeurs du feu

 

Ils ont d’austères nippes, sapés enfants de troupe

Frères d’armes solidaires, qui catastrophes repoussent

Tous habillés de cuir, le casque, et les gants

A leur tête, y’a un chef, qu’on doit appeler lieutenant

A coups de lances à eau, ils abreuvent les brasiers

Dans leurs bagnoles rouges, ils arpentent les routes

Cette couleur de sang, ça devrait les gaver

Pourtant sont nés pour ça, ils doivent passer outre

La plupart volontaires, du feu, les mercenaires

Peut en faire partie, le quidam ordinaire

A condition quand même, pas craindre la misère

Et d’être éduqué, à l’art des incendiaires

A eux tous les désastres, les suicides, les cadavres

Juste pour un chat perché, on vient les déranger

Sortir la grande échelle, pour sauver les mémés

Sont les idoles du peuple, car ils font des miracles

Sans arme, sans rancœur, ils oeuvrent pour la paix

Alors que tout s’embrase, dans les ruines vont fouiner

Font cordons sanitaires, pour éviter le pire

Aux curieux abrutis, qui jouent les durs à cuire

Faut être drôlement solide, pour surmonter l’horreur

Mais tout à leur métier, leur rôle, c’est agir

Déjà bien occupés, à panser les pleureurs

Et ce n’est qu’après coup, qu’ils ont peur de périr

Arborent fièrement, leur tenue militaire

Aux commémorations, rajoutent leur bannière

Mais ce n’est qu’un détail, au regard de leur peine

Citoyens ordinaires, restant de la semaine

De faire la guerre au feu, c’est tout à leur honneur

Quand d’autres s’entretuent, pour jouer les bienfaiteurs

Mousquetaires besogneux, ils combattent l’enfer

Pour que nos chers joyaux, ne partent pas en poussière

Hommes et femmes confondus, ils doivent faire le job

Masculin, féminin, à chacun sa méthode

Les uns pour ferrailler, les autres pour consoler

Ne plaignent pas leur temps, même les jours fériés

C’est un vrai sacerdoce, que de prendre soin des gens

On devrait l’enseigner, à nos petits enfants

Mais malheureusement, pas beaucoup de succès

Trouver des bénévoles, sans prime à la clé

Exige des sacrifices, de toujours être prêt

Etre prompt à bondir, quand le bip retentit

Délaisser son boulot et quitter sa famille

Au risque de cramer, mais sans aucun laurier

Depuis quelques années, ils sont mieux équipés

Le siècle des motos-pompes, désormais révolu

De matos branchés, sont fournis les pompiers

Et même on leur apprend, prudence, mère des vertus

Des gus de cette trempe, malgré leurs petites emmerdes

Cesse vite de cogiter, quand ils sont en alerte

En guise de débriefing, ils s‘en vont boire un coup

Pour dégonfler l’esprit, faut se serrer les coudes

Devoir de discrétion, un sacrée frustration

Faut tout garder pour soi, l’oblige la vocation

C’est pourquoi, ils banquettent, et chantent à tue-tête

Si on est tous pompette, c’est la faute à pas chouette

Si t’es pas de la bande, cherches pas à comprendre

« C’est une espèce de secte », jaillissent les mauvaises langues

Facile d’imaginer, sans connaitre l’ambiance

De leurs discrètes actions, on a bien de la chance

Certains laissent leur peau, sans gloire, sans passion

Mais qui portent le deuil, seulement leurs compagnons

La société ingrate, ne retient pas le nom

Du pompier téméraire, mort sans décoration

Pimpon !!! au carrefour, ranges-toi sur bas-côté

Y’a le feu, un accident, priorité danger

Le gyrophare s’agite, le rouge passe au vert

La camionnette rugit, fonce à tombeau ouvert

Ce n’est pas un rallye, ni course de formule un

Doivent tous les feux griller, en contournant la foule

De prendre tous les risques, pour nous, ce n’est pas bien

Mais les soldats du feu, faut pas qu’ils se les roulent

Alors, engagez-vous, chassez les incendies

Mais vous êtes avertis, c’est pas pour le plaisir

Faut obéir aux ordres, et ses bottes vernir

Car ce qui vous attend, c’est pas le paradis

Période des étrennes, et des calendriers

Le soir après souper, frappent aux portes les pompiers

C’est par reconnaissance, qu’on ouvre son porte-monnaie

Pour fêter Sainte Barbe, ils l’ont bien mérité

Ce sont plus que des frères, pour nous se font flamber   JC Blanc   novembre 2013

(Hommage aux pompiers et leur Ste Barabara, brûlée et décapitée ne voulant pas renier sa foi))

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