Sapins de Noël travestis

Jean Claude Blanc

pas besoin d'être savant écolo pour s'apercevoir que l'Homme est un prédateur, dilapidant ses richesses naturelles; voué à tout détruire, voire la forêt d'Amazonie...poumon du monde

                             Sapins de Noël travestis

Combien de nos forêts va-t-on encore détruire

De toutes ces jeunes pousses, qui ne demandent qu'à vivre

N'exauçant que les rêves de nos enfants gâtés

Qu'un moment s'en amusent, rapidement blasés

Pauvres sapins de Noël travestis en jouets

 

Couper un arbrisseau, c'est une vie en moins

Et l'autodestruction des Hommes dès demain

Alors en attendant pour pas qu'il soit chagrin

Palpez le un instant, passant votre chemin

 

La nature tenace, que l'on dit indomptable

Elle a trouvé son maitre, on lui tombe sur le râble

Se meurt à petit feu dans une cheminée

Polluant l'atmosphère, de volutes de fumée

 

Le bois n'est qu'une matière, comme la chair humaine

Lorsque coule sa sève, c'est son bon cœur qui saigne

Laissez le progresser, car ça en vaut la peine

Nanti d'une longue histoire, plus tard nous en enseigne

 

A choisi son terrain, pour croitre, se développer

Même qu'il est délicat, faut pas le contrarier

Il n'en fait qu'à son gré cet Etre de bois dur

Va même s'implanter dans les vallons obscurs

 

Diverses et variées ces races de conifères

Cohabitent gentiment sur leur petit bout de terre

Pas comme les humains, nobles propriétaires

Qui se jalousent sans fin, s'entourant de barrières

 

Il ne plaint pas son temps pour s'enraciner

Parfois ça dure des lustres pour qu'il pointe son nez

Fragile, délicat, prend son mal en patience

Pas comme nous savants, notre science sans conscience

   

Résineux et feuillus, végétaux de naissance

Hélas avec les Hommes, pas de la même essence

Pourtant on doit s'unir, en toute connaissance

Que ce monde disparait, de plus en plus de souffrances

 

En ce mois de décembre qui va fêter Noël

On se paye un sapin reproduit en séries…

Souvent épicéa, acheté à vil prix

Sachant qu'après l'étrenne, finit à la poubelle

 

Objet de riches symboles, d'espérance et de paix

L'arbre qui s'offre à nous, ainsi se sacrifie

Afin de nous prouver, qu'on lui doit notre survie

Brille de toutes ses lumières, en nos douces soirées

Traditions qu'on transmet, à nos petits génies

Le sapin quant à lui passe par perte et profit

Mais d'espoir déçus de notre sacré progrès

On sait plus quoi offrir en cette fin d'année

Quelques fleurs, des guirlandes, emballez, c'est pesé…

 

Géniale modernité mais qui fait des ravages

Y'a plus d'Enfant Jésus, de crèches, de rois mages

Sûrement mis de côté, préférant les images

Des tablettes parlantes, qui sont que des mirages

Même que les fous de dieu, en deviennent sauvages

 

Alors pour marquer le coup avec le bon vin

On met dans le caddie un sapin en plastique

Des boules et des rubans, pas chers en magasin

Mais le charme est rompu, ça fait pas catholique

 

Sapin quelle veine pour lui, ainsi est supplanté

Par un grand parapluie, que l'on peut déplier

Même en toute saison, quand il fait chaud l'été

Pratique me direz-vous, connait un franc succès

 

Alors nonchalamment parcourant les sommets

Soudain devant moi parait, un sapin à peine né

Déjà quelques épines, sans doute pour se défendre

Histoire de m'avertir, qu'il n'est pas à vendre

 

N'ose pas envisager son sinistre avenir

Servir d'attraction pour des mômes en délire

Travesti, affublé de boules, de bougies

Même les parents enjoués, de ces douces folies

 

Poudre de perlimpinpin, pour simuler la neige

Sur le dos de ses branches, on marche à tous les coups

Mais à y voir de près, ça parait un peu lège

Pourvu que l'on se marre, qu'importe le manque de goût

 

Epargnons nos forêts de ce rôle de guignol

Elles tiennent bien debout, pourtant ce n'est pas drôle

Affrontent les orages, la grêle, la sécheresse

Alors par pitié, ne faut plus qu'ont les blesse

 

Les Hommes possédés, ne cessent de s'extasier

Devant leurs souvenirs, marqués de tant de regrets

Alors pour revenir à leurs jeunes années

Se suffisent de symboles évoquant leur passé

 

Un sapin fait l'affaire, bien vert, pas tordu

Idole de la maison, près de la cheminée

La famille en prière, attend le petit Jésus

En fait rouge Père Noël, pour garnir les souliers

Combien de ces futaies et de genêts sauvages

Va-t-on les en soustraire, de notre paysage

On en veut toujours plus, par comble de misère

Bientôt on cherchera le sable dans le désert

 

Prédateurs pour nous-mêmes, espèce qui disparait

Accrochons nous aux branches de nos sereines forêts

Est à nous destiné notre vaste territoire

Faut pas le saloper, ses trésors sont rares

 

Luminaires et lampions, sont que des artifices

Beau sapin cisaillé, lui en sait les supplices

Mais il faut contenter, les humains pleins de vices

L'arbrisseau à portée, ça leur rend bien service

 

En volant et pillant, nos biens qu'on a acquis

Notre corne d'abondance risque de s'épuiser

Nos anciens se servaient avec parcimonie

Juste le nécessaire, s'éclairer, se chauffer

 

Nos coutumes sont têtus, hélas frelatées

Y va nos ambitions, et de nos intérêts

Même que ça rapporte gros, d'en faire un marché

A peine qu'il grandisse, l'arbre est déjà coupé

 

En guise de sapin, n'ai qu'un vieux châtaignier

Une haie de noisetiers, des hêtres, des cerisiers

Même si c'est pas Noël, m'efforce de les soigner

Les mésanges, les rouges-gorges, y viennent s'y percher

 

Comme quoi l'écosystème, faut pas le déranger

Fait selon ses humeurs, se moque de nos usages

Ce sapin qu'on déterre, juste pour festoyer

C'est le monde qu'en subit, les effroyables outrages

 

Vais pas enguirlander mon environnement

Le silence de rigueur, sur mes bois et mes champs

N'en suis que locataire, me dois le protéger

Pour le céder intact à ma postérité

 

Sapin dans un salon, juste pour faire joli

Pour lui c'est pas sa place, dans son coin il s'ennuie

D'ailleurs exterminé, pour nos gosses en furie

Demeurent bien vivant que dans notre pauvre esprit

 

S'approche la sainte nuit, 7 nains sont de la partie

Tailler, couper, scier, savent faire, c'est leur boulot

(Qui est un peuplier, souvent fait le bouleau)

Parenthèse pour en rire, de cette tragédie

Demain en grande surface, sapins à profusions

Qui dureront qu'un temps, celui du réveillon     JC Blanc  décembre 2016  (nos beaux sapins)

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