Saül ou l'Amour de Dieu !

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                        UN PETIT CONTE MEDIEVAL ET PHILOSOPHIQUE….

                                                       

   Laissez-moi vous raconter l’histoire authentique de Saül, un petit juif  à la tête tendre et au cœur pur.

Il vivait parmi ses voisins, au sein d’un village de la belle Provence.

Il coulait là des jours heureux et paisibles depuis qu’il s’installa, voilà prés de dix années, dans une échoppe qu’on voulut bien lui louer, pour y  exercer le métier de tailleur  de vêtements.

Il était très apprécié des lieux à la ronde, au grand plaisir de tous les habitants qui en ressentaient une grande fierté.

Les cigales chantaient si fort, laissant entendre une musique si douce et si lancinante, que le visiteur s’extasiant de tant de bonheur, tardait à s’en aller et passait de longues heures à traverser le village, au rythme de cet enchantement. Il  ne pouvait se lasser  d’écouter ces mélodies quasi angéliques et poursuivait enfin sa douce rêverie à l’ombre des gigantesques platanes de la place de l’unique auberge du lieu.

Un jour, le curé de cette paroisse, l’abbé Fromentin s’en vînt trouver notre petit tailleur qui le reçut fort aimablement.

-         Mon fils, lui dit-il en éventant son visage cramoisi de son large chapeau de coutil noir, les habitants de ce village m’ont demandé de venir vous voir, car ils sont malheureux de constater que vous ne  partagez pas leur joie en n’assistant pas à notre office du dimanche. Ils me chargent de vous inviter à venir partager ce moment de bonheur divin….

-         Monsieur le Curé, répondit vivement l’humble tailleur, c’est très aimable à vous d’être le missionnaire des villageois qui sont tous mes amis,  mais je suis de confession juive et de ce fait, je ne puis être présent …..

-          ….Qu’à cela ne tienne mon fils, lui dit le curé en l’interrompant brusquement, nous pouvons y remédier et,  avec le concours de toute la population et celui de notre Evêque, nous pourrions vous aider à franchir le seuil de notre Mère l’église et voir ainsi une brebis égarée rejoindre le troupeau immense des fidèles chrétiens.

Dans ce village, il faut le souligner, tout le monde veillait au bonheur de chacun et désirait sincèrement que toutes les âmes soient unies dans la chaleur de l’Amour divin. Tous les villageois, par un souci intense d’une foi ardente, refusaient que leur petit tailleur juif ne fût pas des leurs, et soit ainsi mis à l’écart.

Ils en souffraient beaucoup.

Après maintes palabres échangées,  notre tailleur finit par accepter de venir se compter parmi les ouailles de cette paroisse le dimanche suivant, qui célébrait avec le faste habituel, les rameaux précédant la Pâque.

Pour le plaisir de tous et probablement pour celui des Saints Repentants, dont l’Eglise avait été consacrée, ce dimanche-là des rameaux devait être le plus beau jour que le Seigneur en sa grande bonté allait donner aux gens du village, en général et à Saül en particulier.

Saül revêtit ses plus beaux habits, et très tôt  s’en alla gaiement vers la place de l’Eglise, l’esprit et l’âme remplis d’une sincère et profonde joie.

Sur le parvis de l’église, tout le monde l’attendait avec une grande impatience. Il fût accueilli avec amour et une fraternité sincère.

Chacun le complimenta pour son allure si distinguée à porter si parfaitement l’habit, et ensemble ils le remercièrent pour sa venue, si appréciée, et tous se mirent à  chanter en chœur un vibrant Hosanna.

Dés l’office achevé, le curé prît  alors la parole :

-         Mon fils,  parlant au nom de tous nos chers fidèles ici présents, je désire vous dire la joie que nous ressentons dans ce lieu béni entre tous, et qui, nous osons l’espérer, deviendra très bientôt, votre future demeure. Si vous le désirez, bien sûr, nous souhaiterions que la conversion à notre Foi Chrétienne et Universelle vous  apporte la joie d’appartenir à notre Communauté. C’est dans cet élan de bonté et de charité que nous voulons tous vous voir prendre le chemin du pèlerinage que nous avons organisé et qui vous mènera jusqu’en Avignon afin d’y rencontrer notre Bienheureux Pape Urbain qui vous donnera la sainte communion, et par là connaître le suprême bonheur de partager notre Foi en Jésus, notre Sauveur.

Notre bon évêque de Romans, Monseigneur Duvallon y a consenti et vous donne sa bénédiction.

Vous serez ainsi convaincu que la  Foi immense qui anime nos âmes, toutes empreintes de l’Amour qu’elles portent à notre Seigneur Jésus, le Fils de Dieu, élèvera la vôtre si tant est qu’elle en eût besoin… »

Devant tant de bonté exprimée, Saül accepta ce projet et se dit que tous les Dieux de la     terre se valaient bien, et que la fin d’une solitude au milieu de tant d’amis si sincères, pouvait à lui seul, justifier une conversion  qui devait à coup sûr, lui apporter le bonheur éternel.

       C’est ainsi qu’il accepta  de prendre, quelques jours plus tard,  le long chemin qui devait le mener en Avignon,  à 3 jours de marche depuis son village.

Le matin de son départ, tout le monde l’accompagna jusqu’à la sortie de la bourgade après lui avoir fait les recommandations utiles à la réussite de son voyage.

Dans leur grande bonté, ses amis lui remirent un grand sac contenant tout ce dont il pourrait avoir besoin. Ce vade-mecum contenait outre une cruche remplie de vin frais et léger, une grosse miche de 4 livres du bon pain de Baptiste, le boulanger du village, et aussi une grosse main de fromage de brebis dont le berger Christin  avait le secret.

Il y avait également un missel offert par tous les paroissiens, lui recommandant de le lire tout entier, avant son arrivée en Avignon, comme le gage de son entière adhésion à la Foi catholique, apostolique et Avignonnaise.

Des sandales toutes neuves, faites de cuir de chevreau très souple, et à la semelle épaisse lui avait été également offertes par ses amis et  garnissaient ses pieds qu’il avait soigneusement graissés en vue de ce long voyage.

En quittant le village, il se retourna une dernière fois vers toute la communauté présente, et essuya même quelques larmes, montrant ainsi le cœur gros qu’il avait à les quitter, et aussi pour tout le bonheur qu’il ressentait à cet instant.

Et c’est depuis ce temps, je tiens à le souligner, que le bâton de hêtre qu’il s’était vu offrir pour l’aider dans son cheminement jusqu’à la Cité des Papes, fut appelé le bâton de pèlerin en souvenir de Saül et de son périple sacré.

Il lut chemin faisant et avec application, les Evangiles de tous les Saints, qui racontaient la vie et apportaient le message de Jésus, raconté par Luc, puis par Jean, Mathieu et enfin Marc. Il en était tout imprégné, lorsqu’il se présenta, au terme de son pèlerinage, aux portes de la ville.

Saül foula enfin les gros pavés disjoints de la route qui longeait les hautes murailles de la Cité papale, trois jours plus tard.

EN AVIGNON, CHEZ URBAIN LE BIENHEUREUX

Il pénétra par l’immense porte Nord de la ville, qui était  gardée par une garnison de soldats aux costumes rutilants, quoique défraîchis, aux couleurs de sa Sainteté.

Deux gardes somnolents et munis d’un hallebarde qui se voulait guerrière, lui demandèrent ce qui l’amenait en Avignon et s’il avait sur lui le document l’affranchissant de son séjour.

Le curé lui avait établi, avant son départ, un passeport aux armes de l’Evêque de Romans Monseigneur Duvallon, qui lui permettait ainsi de s’affranchir de tous les contrôles dont il pourrait faire l’objet au cours de son voyage et qui furent nombreux.

Ce document indiquait également que sa Sainteté Urbain était informé de sa visite et qu’il l’avait en grande observation et protection.

Saül présenta le document demandé. Le garde appela son chef qui ne pût  le lire, mais les sceaux de l’Evêché de Romans rassurèrent la garde pontificale.

Saül pût alors franchir les portes de la Cité.

Il découvrit alors une ville bruyante et surtout très sale.

Il en fut étonné, car son village était bien tenu et il en était même assez fier.

Une foule nombreuse et criarde, sans aucun égard pour le visiteur qui y séjournait, gesticulait bruyamment dans un désordre anarchique, ce qui rendait toute circulation difficile, pour ne pas dire impossible, obligeant sans cesse, le passant à se protéger des chevaux, à se garder des bœufs ou des carrioles chargées  de montagnes de produits divers et variés, obstruant les rues étroites et rendant tous trafics illusoires.

Les oies caquetaient, des chiens faméliques aboyaient sans raison apparente, inspirés sans doute, par un sentiment de pure vengeance envers les habitants qui les laissaient mourir de faim.

Des déchets et des ordures de toutes sortes jonchaient le sol, encombrant les rues qui, au fil des jours, s’amoncelaient en gros tas jusque devant les portes des habitations.

Personne n’était ému d’un tel spectacle et tout le monde au contraire, devait trouver là le décor naturel de leur ville, n’en n’ayant jamais connu d’autres.

Le tout sous un soleil écrasant, sous des nuées de mouches ce qui faisait naître, pour des nez habitués à d’autres senteurs plus agréables, les odeurs fétides, faites du mélange de la sueur, de l’urine,  de fruits mûrs écrasés, et surtout de l’âcreté de la laine moite des moutons et des chèvres très nombreux dans la ville et qui allaient et venaient sans cesse, par troupeaux entiers.

Après qu’on lui eût indiqué le chemin de la Résidence du Pape,  Saül traversa le merveilleux pont Saint Bénezet qui le mena vers le centre de la ville. Il se dirigea ensuite vers le faubourg, plus calme et plus verdoyant tout en haut d’une colline, dont le paysage contrastait avec les venelles qu’il venait de parcourir tant bien que mal.

Le palais des Papes se détachait dans l’azur d’un ciel profond.

La Cathédrale, de pur style roman, jouxtait le palais et donnait  à l’ensemble la vision puissante et grandiose de la Chrétienté d’alors. Les cyprès, au fût noir, se détachaient sur l’épaisse et luxuriante floraison alentour ce qui les mettaient en valeur comme des bijoux dans leur écrin.

Tout cela donnait un sentiment de calme et de grand recueillement propices à l’esprit du lieu et finissait les touches d’un ensemble pictural d’une incomparable beauté.

Ce décor semblait vouloir marquer de son  empreinte indestructible et intemporelle à travers la grâce de ces édifices, une note magique et peut-être mystérieuse.

Il devenait aussi un symbole.

Celui du témoignage éternel tourné vers le Ciel, que ces admirables constructeurs, tailleurs de pierre, sculpteurs, et autres maîtres bâtisseurs, en art roman, avaient voulu ainsi vouer à l’amour de leur Dieu.

Ces nombreux édifices avaient cependant un point commun.

Malgré leur sublime beauté transcendée par la ferveur des bâtisseurs, ils étaient vides.

Désepéremment vides.

Vides à faire peur.

Vides de fidèles pour des lieux si mythiques, ce qui leur donnait une impression oppressante de désespérance et d’abandon. De désertion.

Où étaient-ils donc ces fidèles ?

Pourquoi avoir déserté ces lieux si chargés d’Amour et de sérénité ?

Il avait fait ce long pèlerinage pour rejoindre la multitude et apporter sincèrement, grâce à ce nouveau credo,  sa pierre à la nouvelle famille qu’il désirait rejoindre.

N’ayant jamais suivi les principes religieux que son père, disparu trop tôt, n’avait pas eu le temps de lui enseigner, il avait  passé son enfance à survivre, tant bien que mal, et grâce à la générosité d’un parent, frère de son père, qui l’avait recueilli et  lui avait enseigné la seule chose qu’il savait faire aujourd’hui : le métier de tailleur, tout en omettant de lui parler de la foi.

Il avait alors à peine quatorze ans.

Son oncle lui avait cependant appris qu’il était de confession juive et sa connaissance sur les religions s’arrêtait là. Il n’avait jamais cherché à comprendre les mystères qui devaient entourer les profondeurs de l’âme. Avait-il seulement une âme ?  Sa spiritualité personnelle consistait à aimer la vie, et à respecter son prochain et puis, surtout, à travers l’amour qu’il portait passionnément aux animaux.

A tous les animaux.

Il aimait beaucoup les papillons, pour la légèreté de leur vols saccadés, allant de fleurs en fleurs, s’inventant avec eux des parcours qu’il imaginait entreprendre à cheval, accroché à leurs ailes comme à des appuis protecteurs, les accompagnant par la pensée, comme dans un rêve, dont il ne voulait plus s’évader.

Et bien sûr les oiseaux, qui étaient devenus ses grands amis. Particulièrement les oiseaux qu’il apprivoisait en imitant leurs chants, ce qui le ravissait. Ils venaient alors, par grappes animées et bruyantes, picorer dans sa main les miettes de pain qu’il leur réservait à la fin de ses repas. Il riait alors de bon cœur, tant ces spectacles quotidiens l’émerveillaient.

Il se dit que ces fidèles étaient sûrement au travail, et que le dur labeur, dans les champs ou dans les étables, à traire et à panser les bêtes, à vaquer aux tâches multiples et journalières, devait être plus préoccupant pour la survie de leur être plutôt qu’à l’épanouissement de leur âme.

Et cela Saül pouvait grandement le comprendre !

Pris dans ses profondes réflexions sur la nature humaine, il fut surpris de se trouver enfin devant le portail immense du palais papal.

On le conduisit à travers de longs et obscurs couloirs, d’une fraîcheur exquise qui le surprit agréablement, et qui contrastait tellement avec l’air si lourd et si étouffant de l’extérieur.  Il fut introduit dans une immense salle recouverte de marbre de porphyre rouge et décoré de cabochons noirs.

Les plafonds recélaient des trésors de peintures si riches et si belles qu’il ne pût s’empêcher de s’arrêter afin de les admirer, laissant filer son guide loin devant, et, la tête levée vers ces fresques incomparables, la bouche grande ouverte d’admiration, il pleura de joie.

Ce fut la première fois de sa courte vie qu’il sentit une telle émotion par tant de beauté réunie en un même lieu, et qu’il n’avait jamais eu l’occasion de contempler.

Entre les deux monumentales fenêtres de cette Salle de Réception, le trône du Vicaire de Saint-pierre, donnait à l’ensemble une image de la munificence des lieux.

L’attente lui parut si longue qu’il hésita avant de repartir afin de ne pas décevoir ses amis qui l’avaient envoyé ici, comptant beaucoup sur le résultat de cette visite.

Enfin, une immense porte s’ouvrit et, précédé par un homme de grande stature et vêtu d’une longue tunique rouge, le pape apparut, majestueux, vêtu d’une redingote de soie blanche, rehaussée de fils d’or et d’argent, dont les manches et le capuchon rejeté en arrière se terminaient par des fourreaux de fins duvets de cygne blanc.  La tête était surmontée d’une triple tiare d’or, que surmontaient des deux clefs de Saint-pierre, peut-être les clefs du paradis.  Ses pieds étaient chaussés de cothurnes de moire blanche, d’une pureté éclatante. Saül connaissait parfaitement les qualités et les noms de tous ces atours pour avoir appris à les reconnaître, lorsque son oncle lui avait enseigné le métier de tailleur.

Le visage du Pape était émacié, cireux.

Il marchait avec difficulté, le dos courbé, le menton lui touchant presque la poitrine.

Il semblait très fatigué et on l’aida à gravir les marches du  trône.

Il toussa longuement, épuisé par tant d’efforts.

Après de longues minutes, il se pencha vers son secrétaire qui devait sûrement l’informer de l’objet de ma présence.

Il lut le bref qu’on lui tendit et dit à Saül d’une voix à peine audible :

-   « Comment va mon ami, l’évêque de Romans ? 

Saül fut surpris d’une telle question à laquelle du reste Sa Sainteté n’attendit pas de réponse.

Le pape alors se leva et fut secoué encore d’une quinte de toux insupportable, puis on l’aida à regagner ses appartements.

Saül n’avait pas dit un mot.

Il ne savait que faire et resta, pendant de longues minutes, immobile et interdit.

On lui apprit ensuite, que sa Sainteté était très malade – elle était si vieille !- et aussi peu préparée à cette visite, car ses intendants très nombreux, l’attendaient depuis de nombreux jours, dans son antichambre pour lui donner le compte-rendu hebdomadaire de ses différentes sources de revenus.

Déçu, mais comprenant fort bien les soucis du Pape, Saül s’en alla pour prendre le chemin du retour.

Son esprit devint chagrin en constatant la pauvreté de la pénétration divine de tout un chacun et émerveillé par la grande richesse de celui qui les commandait.

Notre pauvre petit juif, errant de temples en temples, sur le chemin du retour, se trouva ainsi bien désemparé et chercha sans succès, un modèle qui aurait pu consoler son âme troublée.

Après bien des jours où la peine se mêla à sa déception, il sortit de la ville et prît enfin la route vers son village.

Lorsque enfin il arriva aux abords de sa ville, les villageois l’attendaient avec une grande fébrilité.

- Alors ! S’écrièrent-ils en chœur en le voyant arriver sur la place du village, t’es-tu au moins converti ? As-tu vu notre Saint Père le Pape ? As-tu ressenti cette grande piété qui l’anime ? A-t-il inspiré chez toi une foi immense ?

-  Ah, dit-il en levant les bras vers le ciel, mes Amis,  j’ai vu de belles et  grandes églises, si    richement décorées, si pleines de trésors. …

Oui, bien sûr, j’ai vu le Pape qui a été très aimable. Il m’a demandé des nouvelles de son ami l’évêque de Romans. Je dois vous dire qu’il était, hélas, très malade et s’en est vite retourné compter ses revenus avec ses intendants qui l’attendaient dans ses appartements. Saviez-vous qu’il est très riche ? J’avais souhaité lui raconter pourquoi je voulais tant le voir. Je voulais lui dire que j’étais un petit tailleur juif, et que je serais heureux d’aimer son Dieu, même si j’étais sûr que son Tout-puissant et le mien étaient sûrement le même, cousins peut-être, en tout cas de la même famille..  Mais, hélas, je n’en n’ai pas eu le temps. Il est paraît-il préoccupé par son armée de soldats qui sont mal chaussés, mal nourris et aussi mal payés. Enfin, il a de gros soucis.

On vînt alors me chercher en soulignant combien je pouvais être fier et béni entre tous d’avoir pu voir et ensuite converser avec le Saint-père.

Dehors, j’ai bien cherché quelqu’un qui aurait pu me dire à quoi ressemblait le Dieu que je voulais adopter. Mais personne n’a voulu m’entendre ou ni même m’écouter, tout ce que j’avais à dire n’intéressait personne.

-   Saviez-vous que tous les temples sont vides ? reprit-il

Le petit juif baissa alors la tête. Son regard fixa longuement ses sandales. Il venait de s’apercevoir qu’elles étaient vraiment très usées.

-         « Voyez-vous, leur dit-il, je crois en Dieu, puisque vous me dites qu’il faut croire en Dieu. J’ai lu tous les messages écrits dans cet ouvrage si précieux et si intéressant que vous m’aviez remis avant de partir. Mais je n’ai jamais lu qu’il fallait  croire en une foi que l’on n’avait pas. Pourquoi faire croire à ce qu’on  ne croie pas ? En tout cas, ce ne sont pas  les fidèles, absents des temples, qui ont pu m’enseigner que j’avais tort, et me faire croire du contraire.

Tout le monde se figea d’horreur, en entendant ces paroles si déconcertantes et que Saül n’aurait jamais prononcées auparavant.

Ce pèlerinage aurait-il changé notre Saül ?

Après un long silence, fait d’une intense réflexion intérieure, tous les villageois s’en retournèrent lentement pour regagner leurs habitations.

Mais avant qu’ils ne s’éloignent, il leur dit  encore :

-         Voyez-vous, mes amis, j’ai compris que la Foi ressemble à la tunique qui protège des morsures du froid de l’incroyance. Mais j’ai appris aussi qu’elle peut aussi ressembler à ces habits de lumière,  beaucoup plus riches, mais ceux-ci sont invisibles parce qu’ils sont intérieurs…..

Mais personne n’entendit ce qu’il venait de dire !

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