Savoir, agir, pour plus subir
Jean Claude Blanc
Savoir, agir, pour plus subir
Avoir de l'énergie, faire preuve de dynamisme
Expressions usitées, même j'en ai fait mon hymne
Croyant toucher le fond, limite du supportable
Je n'avais pas compris, l'abime est insondable
Où prennent leurs racines, les cruelles fleurs du mal
C'est à coups pieds au cul, que remonte le moral
L'Homme, ce phénomène, n'est pas qu'un bout de chair
Même s'il se désespère, son corps prend le relai
Difficile d'estourbir, féroce santé de fer
Seulement son disque dur, l'alerte du danger
On chasse la déprime, à coups de caducée
Un de ces bâtons noueux, qui redonne de la force
Au type tristounet, qu'a l'esprit embrouillé
Coup de baguette magique, pour lui bomber le torse
M'applique cette potion, quand je me prends la tête
Repense à mon histoire, qu'est partie en sucette
Constatant mes fractures, j'en paye la facture
Fier de tout supporter, m'honore ma nature
Ça fait un peu maso, déjà, l'étais que trop
En rajoute une couche, pour mieux muscler mes maux
Mon cerveau alangui, soudain change de couplet
Quand cessent les torgnoles, mine de rien, rassuré
Le petit gringalet, va bander en costaud
Cette recette, la tiens, de mon père philosophe
Car lui aussi meurtri, a encaissé des bosses
Pour délasser son âme, juste après sa journée
Allait suer sang et eau, piocher son jardinet
Pas l'art de cultiver, sagement mes pensées
Je me suffis d'écrire, mes aventures passées
Comme un porc, je dévore, pour ravaler mon sort
C'est ma façon à moi, de retourner les torts
Je flatte mon ego, pour maitriser mon mal
Ça plait pas à tout le monde, pour certains, j'ai la gale
J'ai débranché la prise, pour plus prendre le jus
Par chance tout m'est égal, c'est bien ma seule vertu
Jamais n'irai pointer, au bal des cocus
Le mec qu'on dit normal, est un fondu de fables
Cette façon de vivre, m'est venue sur le tard
Il m'a fallu du temps, pour m'y accoutumer
Dans le sens « ferme ta gueule », je me mets en pétard
Ceux qui veulent me juger, leur claque ma porte au nez
J'en ai sous la pédale, pénard encore gaillard
Duo incontournable, le corps et l'esprit
Communion idéale, que cette Eucharistie
Certes, ne suis pas Dieu, je penche vers Satan
L'enfer en moi brûlant, j'ai le feu dans le sang
De manière terre à terre, vais tout vous expliquer
Comment tout ça fonctionne, dans mon intimité
En agitant mon corps, s'éveillent mes neurones
Et en restant prostré, ne veux plus voir personne
Pas une plaisanterie, vérité authentique
Souhaite vous en imprégner, vous la livrer en kit
Si vous êtes en peine, quand brasse la tempête
Prenez à perdre haleine, la poudre d'escampette
Courant vous vivifier, de ce bon air de fête
Suis resté trop longtemps, inerte, pauvre misère
Comme chien efflanqué, je trainais mes galères
Quand la vigueur m'a pris, mes muscles cérébraux
Ont gonflé leurs biceps, j'ai rugi aussitôt
Résultat édifiant, je toise la vie de haut
Rafistolant mon cœur, mon corps sauve sa peau
Désormais je choisis, avec parcimonie
Mes véritables amis, pour faire dans l'harmonie
J'ai consulté mes potes, mon psy et ma conscience
Rassemblant les avis, concluante, l'expérience
Ne roule que pour ma paume, pour ma petite famille
La haine mise au panier, des bellâtres des villes
J'ai trouvé le repos, sur mes montagnes frileuses
Au diable mes souffrances, physiques laborieuses
Resquilleur des cités, dortoirs et de néons
A l'écart du vacarme, je restaure ma raison
Me suis réconcilié, avec mes tyrannies
Mon corps, mon esprit, à tout jamais unis
Quand l'un manque de courage, l'autre lui remue les puces
Facile la solution, pourtant bourrée d'astuces
En apparence, calme, circonspect et serein
Décerne à mes aimés, des caresses sans fin
Mais vous y trompez pas, si on me cherche des poux
Ma machine à soufflets, va vous rouer de coups
Pas donneur de leçons, mais conseil au passage
L'amour et le confort, ne font pas bon ménage
Car pour mériter l'un, faut se priver de l'autre
Parole d'un galérien, qui rame d'être des vôtres
Son bonheur à venir, le perçoit qu'en image
On doit mordre la vie, en prendre plein les dents
L'humain est ainsi fait, affectionne ses tourments
Plus il est dans la merde, plus il s'y roule dedans
Devenu sacerdoce, bouffer ses excréments
Au plus fort de l'été, de chaleur étouffé
Au lieu de siroter, à l'ombre sous les palmiers
Attrape un coup de soleil, le touriste enragé
En fait une maladie, car son ventre est sacré
Je veux bien plaire aux gens, mais d'abord à moi-même
Qui fréquente les riches, n'en retire que les miettes
J'ignore les intrigants, qui le bordel, sèment
Concert de l'existence, quand sonne la trompette
Flambeurs, stars, politiques, en ont pour leur argent
Apparences trompeuses, en dedans c'est du vent
Le marchand de bonheur, est passé, y'a longtemps
J'actionne ma connaissance, en quête de sentiments
Les lumières d'antan, m'éclairent dans le présent
Cadeau inespéré, n'en demandais pas tant
Fourbu par les horreurs, et surtout par les ans
Ma mécanique rouillée, est rongée par le temps
Si j'ai l'esprit alerte, mon corps ne suit plus
J'ai beau montrer mon cul, et défiler tout nu
Ma tête rêve encore, même si ma peau est morte
La première va survivre, tellement le ciel exhorte
Marié dès ma naissance, pour meilleur, pour le pire
Ma peau et mon cerveau, ont bâti un empire
D'abord celui des sens, puis celui des soupirs
Passant la soixantaine, mes espérances expirent
Fonctionne à plein régime, mon ordi déconneur
Trimer me fait pas peur, me lève de bonne heure
C'est ma tête qui décide, on appelle ça, l'humeur
Des fois, elle fait la trogne, seule, au rayon des pleurs
Lucide, pas elzeimer, dirige mon ogive
Mes membres ankylosés, nous plus la mémoire vive
Aussi la bienveillante, cervelle fait son œuvre
Me couvrant d'illusions, pour redonner l'ardeur
Mourir de mon vivant, j'en garde encore l'espoir
D'un coup lever les broches, pour pas les décevoir
Mes enfants, et mes proches, ne pas les peindre en noir
Le regret, c'est ce qui reste, quand le corps est cramé
C'est pas demain la veille, que je vais y passer
J'en fais mon testament, car on ne sait jamais
Dialogue imaginé, entre conviviales amies
La tête, et la bidoche, pour une fois contées
Discrètes mais fidèles, font taire nos soucis
Généreuses, solidaires, nous aident à résister
Poète à mes heures, penché sur mes versets
Je ne sais plus penser, d'écriture obsédé
Fourmillent tous mes membres, j'ai envie de crier
C'est signe que j'en ai marre, de rester sans bouger
Par essence, balèze, à la carrure d'athlète
Retenu la leçon « qui fait l'homme, fait la bête »
Je pose mon stylo, pour prendre la bicyclette
Dépense mon énergie, en grimpant sur les crêtes
Faut pas être grand clerc, pour piger mon message
Seulement être honnête, se regarder en face
Car c'est à notre insu, que gouverne l'intime
La parole n'en déverse, qu'une parcelle infime
Constat de l'impuissance, des mots et des écrits
Toute notre énergie, est puisée dans l'esprit
Le corps, toujours aux ordres, de savantes connaissances
L'équilibre justifie duelle concordance
De croire que tout s'oppose, on se déchire la vie
Alors que le réel, s'arrange de compromis
On est libre d'agir, mais à la condition
Qu'entre savoir et action, on fasse l'addition
Le frêle roseau pensant, s'appuie sur ses racines
Pour braver les orages, les hivers qui le ruinent
Homme sapiens erectus, est équipé pour jouir
L'amour, la volupté, se mélangent à loisir
Corps, cœur, font bonne équipe, faut pas les dissocier
Même que le disque dur, arbitre l'effort fait
Quand l'un vient à manquer, on se trouve estropié
Soit la pensée divague, soit le corps est brimé
Subir, endurer, c'est bien ça le problème
On en fait des romans, et même des poèmes
Suffit d'être outillé, sagesse et puissance
L'abstraction conjuguée avec la présence
Pour que les êtres vivants, découvrent enfin leurs sens
Me suis guéri tout seul, richesse considérable
Désormais, je demeure, comblé par l'idéal
Mon corps et mon esprit, complices pour mon bonheur
Car pour le moindre heurt, en tenue de sapeurs
Viennent me consoler, me redonner vigueur JC Blanc novembre 2014