Saynètes et Sans Bavures

Stéphane Rougeot

"Sans Bavure", premier extrait du recueil.

Personnages

- Charlène, la quarantenaire.- Sylvain, étudiant.

 

La scène représente l'intérieur d'une laverie automatique, avec des machines, une table et plusieurs chaises bon marché.

Scène 1

Charlène attend patiemment la fin de sa machine, assise sur la table.

Lorsque l'appareil émet un signal sonore, elle saute sur ses pieds et se dirige vers l'appareil.

Elle le vide dans un panier à linge en plastique.

Alors qu'elle pense avoir tout retiré, elle remarque qu'il reste quelque chose au fond du tambour.

Charlène — Ah, ben tiens ! Une rebelle !

Charlène se penche et plonge le bras dans le tambour, mais ne parvient pas jusqu'à l'objet.

Charlène — Viens par là, chaussette de malheur ! Y a ta jumelle qu'a pas fait la difficile, il s'agirait que tu fasses pareil ! Sinon je vais me fâcher… En plus, elles commencent à devenir un peu rêches, ces deux-là, ça sera pas une grande perte.

Charlène regarde la chaussette solitaire dans son bac à linge.

Charlène — Même si je les aimais bien. J'en ai fait, des choses, avec ces trucs aux pieds…

Charlène se plonge dans ses souvenirs.

Charlène — C'est vrai que j'ai toujours froid aux pieds, même quand j'ai le feu au… Ailleurs !

Charlène regarde le fond du tambour avec désolation.

Charlène — Bon… Pas trop le choix, faut que je m'enfile là-dedans…

Charlène regarde autour d'elle.

Charlène — J'espère que personne aura la mauvaise idée d'arriver pendant ce temps… C'est pas une position très… diplomate.

Charlène plonge alors tout son buste dans l'appareil, ne laissant apparent que son bassin et ses jambes, qu'elle agite.

Scène 2

Sylvain entre, portant un sac de sport plein mais relativement léger.

Il remarque les jambes, ouvre de grands yeux et présente un large sourire de satisfaction.

Sylvain(à lui-même) — J'ai bien fait d'avoir la bonne idée d'arriver pendant ce temps, moi !

Sylvain pose son sac sur la table, et entreprend d'en extraire tout son linge sale qu'il dépose à côté du sac, sans perdre de vue la paire de jambes.

Sylvain(à Charlène) — Bonjour !

Charlène sursaute et se cogne la tête contre le tambour, ce qui provoque un bruit métallique sourd.

Charlène — Aïe !

Sylvain — Ah, pardon, je pensais pas vous faire peur.

Charlène sort de l'appareil et se frotte le crâne avec une grimace.

Sylvain — Je suis vraiment désolé.

Charlène — Oh, c'est pas grave. On va dire que maintenant, j'ai la bosse de la lessive !

Sylvain s'approche de Charlène afin d'observer son crâne.

Sylvain — Vous vous êtes fait mal ?

Charlène parcourt le corps de Sylvain du regard.

Charlène — Pas vraiment, mais… Tu peux me tutoyer. On est du même…

Sylvain fait la grimace.

Charlène — Enfin, presque du même…

Sylvain sourit.

Charlène — Disons que je pourrais être ta mère !

Sylvain — Ah ! Ça, oui, en effet.

Charlène(à elle-même) — Fais gaffe quand même à ce que tu dis, petit con. C'est pas ton joli cul qui te permet tout et n'importe quoi.

Charlène(à Sylvain) — Tu tutoies bien ta mère, n'est-ce pas ?

Sylvain — Hein ? Ah, oui, oui, bien sûr. Faut dire que je la connais depuis déjà pas mal de temps.

Charlène continue de regarder Sylvain.

Charlène — J'imagine.

Charlène(à elle-même) — J'espère que ça fait au moins dix-huit ans.

Sylvain — Pardon ?

Charlène — Je disais, peut-être qu'il faut regarder ma bosse de plus près, on sait jamais.

Charlène rapproche deux chaises, et s'assied sur la première.

Comme Sylvain ne bouge pas, elle tapote l'assise de l'autre chaise.

Charlène — Viens ici ! Faut m'ausculter !

Sylvain vient s'asseoir, sans grande conviction.

Sylvain — C'est que… Je suis pas médecin.

Charlène — Tu m'en diras tant !

Sylvain observe le cuir chevelu de Charlène, mais ne remarque rien.

Charlène — Alors tu fais quoi de beau ?

Sylvain — Ben… Je cherche une plaie, ou un hématome…

Charlène — C'est ça. Et dans la vie ? Si t'es pas médecin…

Sylvain — Etudiant ! Je suis étudiant… À la fac. En droit. Je fais du droit.

Charlène — Un futur avocat en puissance ? Voilà qui est intéressant.

Charlène(à elle-même) — Je me suis encore jamais tapé d'avocat, moi. Enfin, sauf en vinaigrette… Mais voilà une bonne idée ! Par contre, faut pas mettre trop de moutarde ni de vinaigre, dans la vinaigrette, ça risque de piquer un peu…

Sylvain — Pas vraiment, non. Le droit ne sert pas qu'à devenir avocat, vous… Tu sais.

Charlène — Tu m'en diras tant !

Sylvain cesse d'observer le cuir chevelu de Charlène.

Sylvain — Je suis plutôt attiré par la politique !

Charlène — Ah bon ? Ça tombe bien, c'est mon deuxième prénom !

Sylvain — C'est vrai ? Étrange…

Charlène — Non, je déconne… Parce qu'on vous apprend aussi à mentir et à voler, dans tes études de droit ?

Sylvain — Je tiens à mettre un terme aux clichés sur les…

Charlène(interrompant Sylvain) — Et tu… Tu habites où ? Chez tes parents ? Avec ta môman dans un très vieil appartement ? Ah, ben non, c'est pas trop le quartier, je suis bête. Y a ni bourges, ni…

Sylvain — Je loge dans un petit studio qui appartient à mon oncle. Il me le prête… Bénévolement !

Sylvain cherche quoi dire.

Charlène regarde Sylvain, l'observe, le scrute avec un regard intéressé.

Sylvain — Et vous… Et toi ?

Charlène — Moi non. Je n'appartiens pas à ton oncle… Ni bénévolement, ni gratuitement non plus, du reste. Et… Je… Je n'habite plus chez mes parents non plus.

Charlène(à elle-même) — Ils sont morts, de toute façon, alors c'est heureux ! La fosse est pas assez grande pour y vivre…

Charlène(à Sylvain) — Alors ? Ça fait quoi ?

Sylvain — De rencontrer une femme indépendante qui n'habite plus chez ses parents ? Je suis pas misogyne. Ça me plaît, moi, une femme qui sait se débrouiller toute seule…

Charlène(interrompant Sylvain) — Non, je parlais pas de sexe. Ça te fait quoi de vivre tout seul, à toi ?

Sylvain — Ah. Bof. C'est pas mal. Y a des avantages. On apprend à se connaître soi-même.

Charlène(à elle-même) — Mais il est obsédé, ma parole ?

Charlène(à Sylvain) — Justement, tu…

Charlène fait les yeux doux à Sylvain.

Charlène — Tu voudrais pas qu'on apprenne à se connaître soi-même ?… Tous les deux ?… Ensemble ?

Sylvain — Chez vous… Enfin, chez toi, plutôt. Parce qu'en fait, pour rentrer dans les détails…

Charlène(à elle-même) — Oui, c'est ça, rentre bien dans tous les détails que tu trouves, ça me chauffe grave, là.

Sylvain — Mon oncle squatte un peu chez moi… Enfin chez lui… Cette semaine. Il vient de se disputer avec sa femme… Et comme c'est chez lui, justement, j'ai pas trop eu le coeur à refuser…

Charlène — Ben oui, je comprends. C'est normal. C'est chez lui !

Sylvain — Ben oui. Et chez vous… Chez toi, c'est… On pourrait… T'es toute seule aussi ? Enfin, t'es toute seule, quoi ?

Charlène soupire.

Charlène — Houlà ! Oui. Et ça va durer, crois-moi !

Sylvain — Comment ça ?

Charlène — J'ai été mariée trois fois, vois-tu ? Et maintenant, c'est tout bonnement hors de question qu'on m'y reprenne la main dans le… Bref, les mecs, c'est tous des connards finis… Sans vouloir t'offenser, mon petit…

Sylvain — Non, non. Je le prends pas pour moi. Je sais qu'il y en a beaucoup qui le sont fondamentalement. En tout cas, je fais ce que je peux pour être quelqu'un de bien.

Charlène — Ça m'en a tout l'air, sauf du côté de la modestie, mais bon, on peut pas être parfait. Donc, euh… dorénavant, je me limite à des plans cul. Au moins, ça n'engage en rien.

Sylvain(à lui-même) — “Des” ? Elle est nymphomane, ou quoi ? Fais gaffe où tu mets les pieds… Et tout le reste, mon grand !

Charlène — J'ai une fille. Elle est grande, maintenant. Elle a pas fait d'études longues, elle. Comme moi, elle fait pas trop marcher sa tête. Elle cherche à se coller avec quelqu'un qui bosse déjà, comme ça, c'est plus facile. L'argent sans le casse-tête. Mais c'est pas évident tous les jours. C'est qu'ils deviennent méfiants, maintenant, les intellos. À croire qu'ils cherchent un trou pour y fourrer leur bazar, pas au fond du porte-monnaie !

Sylvain — Et t'en veux d'autres ?

Charlène — Je viens de te dire que c'est tous des connards ! Tu m'écoutes, un peu ? Il est temps que je te prenne en main, parce que la…

Charlène mime une masturbation masculine.

Charlène — Ça rend sourd, hein !

Sylvain — Non, je parlais pas de ça…

Charlène — Des bazars ? J'en ai plusieurs, c'est vrai, à tour de rôle, et principalement quand ils sont pas avec leur femme…

Sylvain — Des enfants ! T'es encore jeune…

Charlène(souriant) — Merci du compliment. La moule n'est pas…

Sylvain(coupant Charlène) — Le !

Charlène(naïve) — La moule n'est pas le… ?

Sylvain — Le moule.

Charlène — Ah, je pensais qu'on disait “la moule” pour parler de ça… Bref. Comme tu veux. Le moule n'est pas encore cassé, je suis toujours prête à pondre, si l'envie te prenait… J'en aurais bien voulu un de plus, mais mon dernier mari n'a rien pu faire, le pauvre.

Sylvain — Il pouvait pas… ?

Sylvain mime un sexe masculin en érection.

Charlène(ouvrant de grands yeux) — J'aurais jamais pu épouser un homme qu'a rien dans le caleçon, ou rien qui puisse entrer en action ! Non, c'est ses petits…

Charlène mime un spermatozoïde avec son index.

Charlène — Qui savaient pas très bien nager. Et il a toujours catégoriquement refusé de mettre les pieds, ou quoi que ce soit d'autre, dans une clinique spécialisée. Un peu trop vieux jeu, le gars. Déjà qu'il voulait pas toucher à son engin avec ses mains, je te raconte pas. Fallait que je fasse tout moi-même ! J'ose pas imaginer ce qu'a dû être son adolescence… Avoir une magnifique console de jeu dernier cri, et refuser d'en tripoter la manette…

Sylvain — Ah, oui, en effet… Je visualise très bien.

Charlène fronce les sourcils.

Charlène(à elle-même) — J'espère pas trop, quand même, sinon tu vas pas me servir à grand-chose, toi non plus.

Sylvain tourne la tête vers l'appareil où Charlène était plongée auparavant.

Sylvain — Et donc, c'était quoi, les… Les acrobaties, tout à l'heure ?

Charlène(gênée) — Oh, rien. J'arrivais pas à choper une foutue chaussette…

Sylvain se lève et s'approche de l'appareil.

Sylvain — Je peux t'aider ?

Charlène se lève et le suit.

Charlène — Elle est toute rêche, en plus. Je ferais mieux de la jeter.

Sylvain — C'est dommage, si elle est propre.

Sylvain se penche dans l'appareil, et attrape facilement la chaussette, qu'il tend ensuite à Charlène.

Charlène(gênée) — Merci…

Charlène attrape timidement la chaussette.

Charlène — Maintenant tu sais ce que je porte quand je…

Sylvain réfléchit, éprouvant des difficultés à comprendre.

Charlène — Parce que je mets toujours les mêmes quand je…

Charlène(à elle-même) — Mais pourquoi je raconte ça, moi ?

Sylvain ne comprend toujours pas.

Charlène(à elle-même) — Et pourquoi il pige rien quand je fais des allusions au cul ? J'espère pas être tombée sur un puceau coincé ou homo ! Ça serait bien ma veine !

Charlène(à Sylvain) — Euh… J'espère que ça te gêne pas, mon âge ?

Sylvain — Ton âge ? Pourquoi ? Ça devrait ?

Charlène — Ben, si j'ai à peu près celui de ta mère, ça pourrait…

Sylvain — Ça pourrait me faire penser à elle ?

Charlène — Non, mais… Dans ta tête, ça pourrait…

Sylvain — Me faire penser que c'est avec elle que je… ?

Charlène — Non, mais dans ton caleçon, ça pourrait…

Sylvain — Qu'est-ce que ton âge aurait à faire dans mon caleçon ? T'es incontinente ?

Charlène(offusquée) — Dis, hé, ho ! Je suis pas sénile, quand même ! Et s'il faut te mettre les points sur les “i” : tu pourrais avoir l'impression que je suis trop vieille pour toi si j'ai autant que ta mère !

Sylvain — Ah. Parce que t'as autant que ça ?

Charlène — Ben… J'ai un doute, finalement. Elle est vieille comment, ta mère ?

Sylvain — Elle approche la cinquantaine, alors oui, elle est plutôt vieille.

Charlène — Ouf ! Alors ça va ! Ben non, j'ai beaucoup moins qu'elle, finalement ! Tout va bien !

Sylvain — Alors c'est cool ! Surtout que t'as pas l'air trop vieille, toi. T'es plutôt présentable.

Charlène — Comment ça, “présentable” ?

Sylvain — Je pourrais envisager de te présenter à mes potes, et peut-être même qu'on fasse des sorties tous ensemble. Présentable, quoi !

Charlène(flattée) — C'est gentil, ça.

Sylvain — Ma mère, je pourrais jamais envisager de me la faire…

Charlène — J'espère bien ! Sinon, va te falloir filer un paquet de fric à un psy, sans aucune garantie que ça te guérisse un jour de quelque chose.

Sylvain — Si je la croisais et que c'était pas ma mère, bien sûr.

Charlène — On pourrait parler d'autre chose que de ta vieille ?

Sylvain — Oui, oui, bien sûr…

Sylvain retourne à son linge sale.

Sylvain — Ah, zut !

Charlène — T'as laissé une petite culotte de ta copine au milieu de ton linge ? C'est pas grave, je suis pas jalouse.

Sylvain — C'est pas ça, non…

Charlène — Je préfère ne rien porter du tout, mais si ça peut t'aider, je veux bien la mettre… Une fois qu'elle sera lavée, bien sûr !... Et si on fait la même taille.

Sylvain — J'ai pas de copine.

Charlène(déçue) — Ah…

Charlène(à elle-même) — Mon cauchemar du puceau revient à grandes enjambées, tout d'un coup…

Sylvain — Enfin, plus maintenant. Elle est partie étudier dans une autre ville, et elle a rencontré quelqu'un, et…

Sylvain soupire.

Charlène s'approche de lui et lui passe une main dans le dos.

Charlène — C'est pas grave. On va te la faire oublier.

Sylvain — Excuse-moi, j'ai rien contre toi, mais… Elle était très souple avec la gymnastique. On arrivait à faire des trucs…

Charlène(vexée) — Souple ? Tiens, regarde…

Charlène fait quelques mouvements de gymnastique, faisant montre d'une souplesse digne d'un instrument de ménage non articulé.

Charlène(essoufflée) — C'est pas de la souplesse, ça ?

Sylvain hésite.

Sylvain — C'est pas autant qu'elle, mais… On pourrait quand même faire des trucs.

Charlène — À la bonne heure !

Sylvain — Par contre, j'ai oublié ma lessive !

Charlène — Attends, je… Ah, zut !

Sylvain — Quoi ? Y a un caleçon masculin qui traîne dans ton linge ?

Charlène — Hein ? Quoi ? Mais non ! J'ai ramené ma lessive chez moi tout à l'heure pendant que la machine tournait…

Sylvain — C'est pas grave. Le studio est à deux pas, j'y vais rapidement.

Sylvain s'approche de Charlène et lui fait la bise.

Sylvain — Allez, à tout à l'heure, tata !

Charlène — Salue bien tes parents, et dis-leur qu'il faut que je les appelle. Qu'on se fasse une raclette ou un truc du genre un de ces jours.

Sylvain — Tu veux que je dise quelque chose à tonton de ta part ? Il est sûrement au studio, là.

Charlène — Surtout, tu lui dis rien ! Même pas que tu m'as vue, ok ?

Sylvain acquiesce d'un mouvement de tête.

Charlène hésite.

Charlène — Et si tu… Vu qu'on a… Aucun lien de sang… Tous les deux…

Charlène dévore littéralement Sylvain des yeux, ce qui le rend mal à l'aise.

Charlène — Et comme t'es tout à fait mon style, tu… T'as l'air bien… Bien équipé de partout… Mieux que ton oncle, en tout cas… Ben tu connais mon adresse !

Sylvain(étonné) — Ah bon ? Je la connais ?

Charlène — Ben oui ! C'est moi qui garde l'appartement où on vivait avec ton oncle. Celui où les murs sont tellement fins qu'on peut même pas avoir une machine à laver sans crainte de déranger les voisins… Et t'es déjà venu plusieurs fois nous rendre visite ! Je m'en souviens très très bien !

Sylvain(pensif) — Donc… C'est pas… C'est pas une séparation temporaire ? Parce que lui, c'est ce qu'il a l'air de croire… À fond, même !

Charlène — Il ne remettra plus jamais les pieds chez moi ! C'est assez définitif pour te convaincre qu'on peut… Faire quelque chose ensemble, toi et moi ?

Sylvain — Ah…

Charlène — Oui, je sais. C'est triste. Mais c'est la vie. Il faut se tourner vers l'avenir !

Sylvain — Non, je pensais… Il va vouloir récupérer son studio, alors…

Charlène — Ben… J'ai un grand lit, maintenant ! Et je suis loin d'occuper toute la place !

Sylvain hausse les épaules.

Sylvain — Ouais, après tout…

Sylvain se jette dans les bras de Charlène et ils s'embrassent longuement.

  • Il s'agit d'un recueil de saynètes proposant ma vision personnelle et tournée en dérision de scènes de la vie quotidienne. Ces textes ne sont pas destinés à avoir des suites, mais sait-on jamais ?

    · Il y a plus de 4 ans ·
    Portrait auteur

    Stéphane Rougeot

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