Scène.

metanoia

Certaines images sont si belles que j'en ait le souffle coupé, les yeux crevés. Je les collectionne dans les brèches de mon cerveau, et il leur arrive parfois de refaire surfaces comme des objets perdus à la mer, dont s'emparent les sirènes. Elles se calquent à ma vie quotidienne, la parant quelques fois d'une beauté étrangère. C'est pour cela que je vois le quotidien, le futur et le passé comme un album photo, j'immobilise tout, ma tête fonctionne comme un Polaroïd. Je vois et j'imagine des images, mes captures du présent si figent en statues de glace, se mélangent, tourbillonnent, et la réalité s'efface. Je vis dans un monde où de longues jambes d'ivoire caressent les draps de soie, les filles ont les cheveux longs et les garçons de fines mèches bouclées, chacun sont des anges de beauté. Rien d'autre qu'un souffle chaud dans une nuque glacée, des cordes de guitare pincées par un fin doigté, une voix cristalline récitant timidement des vers de poèmes, rien ne peut rompre un silence rassurant et tiède enveloppant cette quiétude amère. L'alcool coule à flot et les drogues divaguent les esprits et enflamment les corps. L'intelligence s'aiguise et la conscience s'élève. la peur n'est plus. De prudes couleurs se font battre par un tourbillon de lumière. Des pépites d'or époussièrent les sages et longs cils,, gravant eternelement leur infinie jouissance et leur magnifique jeunesse. Les caresses s'enflament et les yeux s'allument, les cheveux s'entremelent et les souffles s'unissent. Une lourde fumée ensorecelle les corps avant de s'échapper avec gràce par une fênetre encadrée de doux rideaux rougeatres qui entreprennent un Slow Dance; L'amant est le vent. la fumée s'abat sur la ville, chatouillant les amoureux et bruissant sur l'eau. Les rythmes des coeurs s'accélèrent et les paupières s'éveilles. De douces teintes violacées font rougir les pomettes et sécher les larmes. C'est la fin de la nuit, revenons à la vie.

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