Scorpions – Return to Forever (2015)
Philippe Cuxac
Lors de la sortie du plutôt réussi Sting in the Tail en 2010, le gang de Hanovre, qui fête cette année ses 50 ans de carrière avait entamé une énorme tournée mondiale qui a duré plus de 3 ans en clamant haut et fort qu'ils prendraient une retraite bien méritée après cet épuisant marathon.
Bon déjà cette tournée, reparlons-en 2 minutes… Pour un soit disant dernier World Tour, ils se sont contentés du service minimum, resservant jusqu'à l'écœurement leurs vieilles scies sucrées (Still Loving You et l'inénarrable Winds of Change notamment…) sans prendre le risque d'aller puiser dans leur pourtant riche et percutant répertoire des 70's qui aurait bien mérité d'aller faire un dernier tour d'honneur. Mais bon, leur choix de set-list se confirmait également par le public très familial présent à leurs concerts…
Et puis en 2011, surprise, histoire de faire rentrer encore un peu plus de cash, un album voit le jour, Comeblack, resucée de leurs tubes estampillés 80's et de reprises comme Tainted Love de Gloria Jones ou All Day and All of the Night des sublimes Kinks. Tout ça est fait à la va vite, n'apporte rien et ils nous gratifient même d'une affligeante version franco-anglaise de Still Loving You avec Amandine Bourgeois…
Pendant ce temps-là, la tournée continue marquée notamment par la séquence « Islam et Alcool ne font pas bon ménage » réalisée de main de maître par le batteur fou James Kottak emprisonné pendant 1 mois à Dubaï pour insulte à l'Islam, celui-ci, évidemment totalement bourré, s'étant offert le luxe de traîner dans la boue de jeunes pakistanais de passage à l'aéroport…
Le temps passe et là, début 2015, boum ! La nouvelle tombe, les Scorp's, sûrement influencés par les récentes déclarations de Rama Yade qui prône un service civique obligatoire à base de travaux d'intérêts généraux pour les retraités, sonnent à nouveau la charge. Avec force déclarations et effets de manche (de guitare), les teutons nous laissent entendre que leur nouvel opus sera essentiellement constitué de titres laissés de côté durant la période early 80's… période prospère pour le groupe qui, avant de sombrer dans la guimauve, savait encore proposer un hard rock classieux et enfiévré, même si les fulgurances hypnotiques de leur mitrailleur en chef, Uli Jon Roth, étaient à ranger au rayon des vieux souvenirs. Une tournée est même prévue qui visitera la France par deux fois en cette année 2015.
Bon, et la musique dans tout ça ? Hormis le 1er très bon titre, Going Out With a Bang, riff acéré et accélérateur à fond, agrémenté d'une étonnante intro bluesy inhabituelle pour le combo germanique, le reste se divise en 3 catégories :
les charges de Panzer rouillés (All For One, Rock'n'Band, Rollin' Home et Hard Rockin' Place) faisant passer le dernier AC-DC pour une aimable bluette et qui auraient du rester à l'état de démos.
Les stadium rock avec force chœurs comme MTV en diffusait au kilomètre à la grande époque du hair métal (Rock My Car, The Scratch, Catch Your Luck And Play, We Built This House)
Les ballades : Attention, l'écoute de House of Cards, Gypsy Life et Eye of the Storm fera augmenter votre taux de cholestérol dans des proportions dangereuses.
Résultat des courses : le disque de trop, à un moment donné faut savoir ranger les guitares dans les flight cases et prendre une retraite bien méritée. Merci pour tout les gars, mais là, votre sortie est pathétique.