Sens de l'esthétique
Jean Claude Blanc
Sens de l'esthétique
Se refaire les seins, ça coûte la peau des fesses
Les dragueurs savent plus à quel saint se vouer
Ont horreur du vide, poitrines dénudées
Mais servent de pendentifs, à l'aube de la vieillesse
Un bouton sur le nez, cette nuit a poussé
La gonzesse pressée, pour elle, c'est une plaie
On va la regarder, se disant c'est bizarre
Elle enduit ses naseaux, de pommade et de fard
Tu crois que j'ai grossi, questionne son mari
Pendue à son miroir, se tortille les hanches
La vérité toute crue, cruelle, lui est servie
Il va falloir jeûner, et footing dès dimanche
Pour donner la réplique, au cul des top-modèles
On avale les sornettes, tirées de « Femme Actuelle »
Te mesures pas donzelle, à ces caricatures
Pour en arriver là, le charme, on défigure
Par robes décolletées, s'échappe pudeur des femmes
95, tour de poitrine, 32 de tour de tête
Sont pas vraiment calées, c'est comme ça qu'on les aime
Avec du sparadrap, appliqué sur les lèvres
Les seins comme le pastis, doivent se servir frais
Un seul pas assez, un troisième c'est trop
On n'a que nos deux mains, pour pétrir les lolos
Le Bon Dieu l'a compris, tout est manigancé
Le sens de l'esthétique, au fond, c'est de l'abstrait
Un corps plus que parfait, sans aucuns bourrelés
De la métaphysique, aux sciences comparées
Faut exciter les bêtes pour les faire s'accoupler
Pour la moindre ridule qui étire les traits
Enlaidit ton visage, tendant à le flétrir
Tu consultes spécialiste, réparateur discret
Te restaure le portrait, mais pour quel avenir…
Certaines sont pas gâtées, de nature mal faites
Elles ont des poils aux pattes, qui repoussent sans arrêt
Pas question de raser, ça attise le duvet
Alors reste la cire, qu'épluche l'épiderme
On avale des pilules, parait, ça fait maigrir
Des instruments de torture, règnent dans le salon
Tu rames, tu pédales mais résultat marron
T'as pas perdu de poids, malgré tous les martyrs
A la mode Yoplait, faut que tu te résignes
0% de crème, de sucreries, privée
Funeste cholestérol, s'accroche comme une guigne
Y'a des recettes magiques, qu'on vante à la télé
Je vous dis pas les mâles, les durs, les musclés
Se font raser le torse, à la mode des tatoués
De soulever la fonte, à croire, c'est pas assez
Pour faire de la gonflette, ils doivent se « piquouzer »
La tête d'une déesse, les épaules charpentées
Ou l'inverse, je sais plus, en conclure le verdict
On ne distingue plus, le faux ou bien le vrai
La science fait des progrès sur le dos d'Aphrodite
Le sens de l'esthétique, on le veut authentique
On découpe nos chairs, de chirurgie plastique
Pour être repérés et singularisés
On est prêt à souffrir pour suivre le progrès
On s'est perdu de vue, je le crains aujourd'hui
Supportant plus son Etre, en ce qu'il a de tragique
On bannit nos faiblesses et nos anomalies
Sont pas du dernier cri, les rumeurs de l'esprit
Les apparences flatteuses, sont pleines de promesses
« L'univers tourne autour, d'une paire de fesses » (Sartre)
A force de s'enivrer de probabilités
On va mourir savant, de nos absurdités
Miroir, beau miroir, suis-je toujours la poubelle…
Des jours à s'inquiéter de vieillir trop vite
On oublie que la vie, elle n'est pas éternelle
Y'a que l'instant qui compte, le temps on l'anticipe
La dame de mon cœur, se cache à l'intérieur
Se tordre le troufignon, c'est pas dans sa logique
Soucieuse et secrète, est pour moi une sœur
Qui vient encourager, mes rimes mélancoliques
Faut franchir les degrés, des chemins de traverse
Pour espérer atteindre, sommets de la sagesse
C'est pas menu fretin, qui va me mettre en liesse
Ni me tenir en laisse, car les grands airs m'agressent
Ravissante donzelle, cervelle évaporée
Si tu veux me séduire, remballes tes effets
On est comme l'on né, ne faut rien modifier
La beauté véritable, en toi, elle est ancrée
Aimée pour ce qu'elle est, jamais pour ses reflets
JC Blanc avril 2020
A la reproduction, l'animal nature n'a pas de mode socio-publicitaire pour s'accoupler au meilleur partie pour sa progéniture. odeurs, couleurs, parades font le nécessaire. :o))
· Il y a plus de 4 ans ·Hervé Lénervé