Sentiments numériques RAS LE BOL!!!

                Un samedi matin au milieu des cartons, suspendue à ma fenêtre, à regarder passer les nuages, attendant l'éclaircie…

                Je suis tombée sur une photo de Kenan posant avec sa femme, maintenant je ne peux plus vraiment me persuader qu'elle n'existe pas… Une nuit de merde à cauchemarder qu'elle m'embauchait pour démasquer la maîtresse de son mari… Plus vrai que nature. Donc oui, c'est déguelasse, je suis la maîtresse de son mari, tout ça ne me mènera nulle part, je le sais bon sang. Je lui ai envoyé un message hier soir ne disant rien d'autre que cela, et là, j'attends comme une cloche, j'attends un signe, comme si j'allais le voir débarquer chez moi, comme ça…

                Une après-midi à tourner en rond comme un lion* dans mon salon… A essayé de me convaincre qu'il faut arrêter avant de trop s'attacher, et à ne pas arriver à penser à autre chose qu'à lui…Bordel de merde, pourquoi je m'attache quand je sais qu'il n'y a pas d'issu ? Faut tenir une sacré couche de connerie, franchement !!! Ou alors c'est simplement que les mecs pas tarés, pas tordus, sans cheveux gras, avec un cerveau, de la douceur, de l'intelligence et un soupçon de respect, et ben ils sont tous pris… J'arrive trop tard, voilà…

                Bref, cette journée me saoule. J'ai 2 solutions pour me sortir de cet état léthargico-cupido-affligeant, soit j'avale 3 somnifères, et bonsoir tout le monde, soit je rappelle Sabine pour cette soirée de célibataire, parce qu'un bon cocktail me ferai pas de mal… J'hésite…Suspens…Sabine…Sortir… Mojito à la mangue, Pina Colada… me voilà…

                Jean ultra slim push up (10 min pour se glisser à l'intérieur, possible uniquement sans alimentation sinon, crac), haut fluide noir (neutre, sans chi-chi)… Un verre à la main, on avance, c'est un bar avant boite. Musique jusqu'à 3 heures du mat', bondé, cool. Je veux juste m'amuser ce soir, ne plus penser à ma vie, juste boire et danser avec ma copine. Je n'adresserai pas la parole de la soirée à un humain du sexe opposé (sauf si tous les serveurs sont des hommes, évidemment!)…

                Je crois que j'ai jamais autant dansé de ma vie, avec 3 cocktails on est un peu moins à réfléchir à comment danser, et  qu'est-ce que je danse mal moi comparé à elle, avec ses jambes de 3m12, et elle, elle se croit en représentation, elle a dû  passer un an à apprendre sa chorée avec Rheda avant d'en arriver là… Après un cocktail supplémentaire, on tente même de nouveau pas sur la piste, on innove, et de toute façon, je m'en fous, je connais personne ici, en plus du mouvement de fesses je rajoute les bras, ouah, oui détendue, c'est ça… On s'amuse comme des gamines, on essaie d'imiter discrètement les pas de danse du gars qui est à côté de nous…

« -Oh, ma cliente déjantée préférée ! Bonsoir, mademoiselle » Un bisou sur la joue gauche un sur la droite presque au centre je dirais…Même pas eu le temps de respirer, réfléchir, analyser…

« - Oh, mon agent immobilier ! » Mon corps s'est arrêté de bouger, tout seul, sans que je le commande, j'ai l'air cruche au milieu de tous ces gens qui balancent en cadence…

Il passe sa main derrière mon dos pour que j'entende ses mots (vous noterai les rimes)

« - Comme vous êtes ma cliente préférée, je t'offre un verre … oui on peut se tutoyer là non ? » Il m'entraîne vers le bar…

- Je vais rester sur le mojito, les mélanges c'est jamais bon… »

Il me regarde, souriant, ses yeux sont marqués par l'alcool…

« - Vous enfin tu rentres en métro ?

- Pourquoi tu veux qu'on y aille de suite ? » Moi, interloquée « -C'est bon je déconne ça va !

- Trop d'alcool dans tes yeux…

- La première fois que je t'ai vu je me suis dit que tu étais complétement cinglée, j'ai flippé…Et après, avec ta grand-mère…C'était différent… C'est beau ce que tu fais pour elle…

- On ne parle pas de ça ce soir… »

Sabine me rejoint, elle s'est fait brancher par un gars un peu lourd… Mon agent immobilier se lève pour lui laisser la place « A plus tard Emma »… « A plus tard agent immobilier »

Il revient sur ses pas : « Moi c'est Jérôme, enchantée de t'avoir croisée »