Septième ciel

"Vivre, c'est passer d'un espace à un autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner" Georges Pérec, Espèces d'espaces,1974.

Que j'aime cet endroit, à la fois simple, chaleureux, et insolite. Un lieu ouvert sur le monde. Un lieu ouvert aux étoiles scintillantes sur nos nos têtes, rappelant d'une pièce à l'autre, nos plus beaux souvenirs.

Une maison charmante construite autour d'un arbre vieux comme le monde, la nature s'invitant harmonieusement dans notre espace, laissant une odeur de début d'humanité.

Pour seul toit, une immense terrasse. En son centre, les feuillages du vieux Chêne, permettant de jouir des rayons du soleil sans se brûler. Pour assises et farniente, deux hamacs, quelques branches taillées sur lesquelles nous posons quelques coussins colorés, et plaids pour des moments cocooning à deux. Car amoureux, nous le sommes. Depuis toujours.

Amoureux, nous l'étions. Dix ans plus tard, cette maison, juchée au sommet d'une colline verdoyante, symboliserait notre amour intemporel.

Les quatre points cardinaux dans un seul espace comme un appel de la nature pour notre amour.

Au Nord, la ville.

Au Sud, la campagne.

À l'Ouest, la mer.

À l'Est, la montagne.

Notre maison nous transportait d'un point cardinal à un autre sans besoin de nous déplacer vraiment, en somme un voyage immobile pour idylle amoureuse. 

Nous nous sommes connus tout jeunes, nos parents étaient voisins. A l'époque, nous étions comme frère et sœur. Acolytes d'une guerre des boutons, nous nous étions perdus de vu juste avant notre entrée au lycée. Avec le temps, nos sentiments avaient évolué, premiers ébats imaginaires mais bien réels dans nos esprits, nous nous étions quitté sans nous toucher

Nos retrouvailles furent époustouflantes

Et c'est sous ce vieux Chêne que nous gravâmes nos deux prénoms, entourés d'un cœur battant.

A l'époque où nous avions gravé notre amour, cette maison n'existait pas.

C'est en revenant vers ce cœur que nous sûmes tout deux que nous habiterions ici. Un projet fou car nous voulions garder au centre de notre nid, cet arbre majestueux.

Ce rêve, notre rêve, se réalisa.

Et maintenant que je vous en fais part, je sais que nous avions raison d'être fous, ensemble.

Cette maison transpire nos plus beaux souvenirs. Elle participe à notre lutte contre les habitudes et le quotidien, elle respire nos deux âmes enlacées, éternellement.

Dans cette maison, tout est horizon.

Que puisse rester éternel ce lieu. Que les étoiles scintillent à jamais sur nos têtes ébahies.

Que de promesse dans ce cœur gravé de l'enfance, que de souvenirs. Pari tenu.