Serenity.

Lady Etaine Eire

Correction faites par " Mon Robert " je republie.

Ce texte est sur la base du témoignage d'un être bizarre dont j'ai fait la connaissance il y a quelque temps.

 

« J'ai passé ma vie à me défendre de l'envie d'y mettre fin » Franz Kafka.

 

« -- Salut Humain, oui, c'est bien à toi que je parle et à personne d'autre.

Putaing, tu vas où là ?

Tu ne comptes pas te tirer quand même ?

Pose tes fesses sur ce banc et regarde-moi droit dans les yeux quand j'te cause.

Tu as cru que tu étais qui pour essayer de pénétrer dans ma tête.

Tu te crois meilleur que moi parce que tu as les mots et que tu sais bien t'exprimer.

Ça me faire rire quand je vois que tu prétends être le Dieu du chaos.

Tu connais de ma vie, seulement, ce que je veux bien en dire et tu t'en sers pour te moquer de moi.

La tienne est si vide que ça que tu ne trouves pas d'autres choix que d'écrire sur la mienne ?

Je comprends parfaitement qu'à tes yeux, elle semble misérable cependant, c'est ma vie et je n'ai que celle-là à vivre.

Dis-moi, suis-je ta nouvelle muse ou bien simplement une étude de cas ?

Le monde est si vaste et il y a bien d'autres sujets plus intéressants que ma petite personne.

Tu sais quoi, tu me fais de la peine et j'ai décidé de t'aider un peu pour ton prochain livre. »

 

L'être reprend son souffle et continu son monologue.

 

« -- À la loterie génétique, j'ai pioché HPI et comme ce n'était pas suffisant, j'ai chopé HPE.

Crois-moi quand je te dis que j'aurais préféré m'en passer.

Cette intelligence, hors norme, ne fait pas de moi quelqu'un de plus heureux.

Je ne me sens ni en avance, ni plus intelligent, juste différent.

Je me remets constamment en question.

J'ai toujours besoin de comprendre le pourquoi et le comment.

Quand je sais, je sais, même si je ne peux pas t'expliquer pourquoi c'est ainsi.

La performance m'angoisse parce que quand je suis en échec, je me trouve stupide.

Le doute m'assaille sans cesse.

Je voudrais pouvoir me reposer dans les bras d'une personne qui ne me jugerait pas. »

 

 La créature boit une gorgée d'eau, sa gorge est sèche.

 

« -- Quoi ? Qu'est-ce que tu baragouines ? Parle plus fort, je ne t'entends pas bien, je suis sourde d'une oreille.

Tu veux partir ? Je te saoule ?

T'inquiète moi aussi, je me fais cet effet.

Tu as de la chance, chez toi, il disparaîtra quand tu m'auras quitté.

Je suis toujours recherché pour ce que je suis cependant, quand je dis tout haut ce que je pense tout bas, on dit de moi que je suis le sommet de l'horreur, de la vulgarité voir que je fais de la disjonction affective.

Humain, est-ce que tu peux m'expliquer toi pourquoi je n'ai pas envie de rester avec moi-même ?

Quelles sont les raisons qui font que je ne me supporte pas ?

C'est quoi ce sentiment d'être un moins que rien ?

Tu sais, j'ai horreur d'être dans ma tête pourtant, je suis coincé à l'intérieur sans aucune porte de sortie.

Ça t'arrive à toi aussi de te haïr sans aucune raison ? »

 

Elle se lève et entame une marche de long en large.


« -- Tu ne devrais pas t'inquiéter sur ma santé psychique mais plutôt sur la tienne.
Tu es là, tel un satyre, à m'observer du coin de l'œil. 
Ton jugement, envers moi, est sans cesse critique.
Tu te demandes si je suis une personne totalement aliénée, phobique, hystérique.
Tu envisages même que je sois un vieil homme tremblotant, un peu marionnettiste sur les bords, raclant ses fonds de tiroir pour y trouver de quoi publier avant sa mort.
C'est toi qui délires et c'est certainement à cause de tous le rhum que tu t'enfiles, seul, assis sur ton vieux rocking-chair devant le feu qui brûle dans ta cheminée.

Tu fais tellement peur que même ton chat rouquin se cache sous la couverture pour ne plus te voir. »

 

Elle respire un grand coup et reprend sa narration.


« -- Tu y penses parfois à la mort ?

Moi, j'y réfléchis tout le temps.

Je me demande si de mettre fin à mes jours aurait un quelque conque intérêt.

J'ai entendu dire que les pensées suicidaires étaient le fait d'une immense tristesse.

Je ne me sens pas triste, j'ai juste envie d'en finir pour ne plus avoir à me supporter. »

 

Elle regarde l'Autre droit dans les yeux et lui fait le vilain doigt avant de se sauver en riant vers l'entrée des artistes. L'humain regarde ce drôle de personnage qui est vêtu d'un long manteau vert et rouge. Ses cheveux ont la couleur des épis de blé dorés au soleil. Il secoue la tête et avale une gorgée directement au goulot de sa bouteille, une Jack Daniel's.

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