Sex Addicted

lucie-de-saint-agaume

J'entre dans la pièce. Mon cœur bat, comme à chaque fois. Et comme à chaque fois, je te cherche du regard.

La pénombre enrobe les corps. Je ne distingue que les courbes de l'animal qui prend vie devant moi.
Combien de bras, combien de jambes forment cet être à part, doué d'une existence propre.
Le temps de notre jouissance, pendant ces brefs instants où nous nous abandons à la satisfaction animale de la chair, il se nourrit de l’énergie que nous dégageons.

Mon regard s'est habitué au manque de clarté. Mes vêtements glissent sur le sol, il faut dire que je ne portais pas grand chose.

Je me glisse dans la bête, je deviens à mon tour un bras, une jambe, une bouche, un trou à satisfaire.

Je gobe la première queue qui s'offre, me laisse empaler par un membre, une main, un poing.

J'ondule, mes hanches rythment le va-et-vient de deux hommes qui s'affairent maintenant sur moi, en moi.
Je veux qu'ils soient deux, trois, dix.

Prenez-moi, défoncez-moi, ce soir c'est open bar.

Je me donne, prête mes orifices pour leur satisfaction; je n'aurais pas même posé les yeux sur eux dans le hall de l’hôtel.

Je jouis, une bouche vient partager ce moment, nos langues se mêlent. Est-ce une femme ou un homme ?
Quelle importance, nous ne formons tous plus qu'un, plus qu'une; une seule bite, une seule chatte, un animal hermaphrodite et masturbatoire, capable de se donner du plaisir à lui même.

Je me glisse au plus profond de la forêt de corps, je rampe, m'introduis, me faufile.

Les bites deviennent moites, gluantes, jouissives.
Mes mains caressent d'autre moi, mes doigts s'égarent, fouillent, farfouillent, tripotent, donnent du plaisir.

Je lèche.
Je suce.
Je titille.
Je suçote.
Je lape.
J'avale.

On me prend.
On s'échange en moi.
On va, on vient.
On m’inonde.

Je te sens, tu m'as trouvée. Ma croupe a reconnu son maître. Les mouvement se font plus saccadés, plus intenses. Tu sais les mots, tu connais les cadences. Je résiste mais comme à chaque fois tu me rends folle.

Ma tête s'enfonce entre les jambes douces et soyeuses de ta muse du soir, celle qui me remplace dans tes rêves humides.
Elle jouira sous mes coups de langues comme je vais jouir sous tes coups de queue.
Je m'applique, je veux que tu sois fier de moi.

Tu viens en moi. Je me sens remplie.
Allongée sur le dos, je m'abandonne.
Je la sens qui me mange, elle déguste le présent qu'en moi tu as laissé pour elle. Elle veut me séduire, elle veut te plaire.

L'orgasme devient collectif, nous célébrons ensemble Dionysos.
Allongée sur le dos, inerte, repue, je sens les flots de jouissance s'écouler sur moi, les gouttes de bonheur ruisseler sur mon visage, dans ma bouche.

Comme à chaque fois, l'orgasme libérateur est accompagné de la honte et des remords.
Comme à chaque fois, ils s'installent, encore plus profondément.
Comme à chaque fois, nous recommencerons, tels des junkies, pour oublier, pour communier, ensemble, vers la petite mort salvatrice; nous emboîterons nos existences et nos souffrances, nos bites et nos chattes, nos bouches, nos mains, notre désespoir.

Je sens que j'ai à nouveau envie, ma croupe se dresse, elle semble hurler : "PRENEZ MOI" ...

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