Sexe, drogue et Rock'n'Roll

I feel stupid and contagious

Here we are now entertain us

Je me sens stupide et contagieux

Voilà où nous en sommes maitenant divertissez-nous

Nirvana Smells like teen's spirit

Après la pluie vient le beau temps. Je ne croyais plus à ce proverbe depuis bien longtemps lorsque la vie s'est soudainement évertuée à me prouver le contraire.

J'étais une petite fille comme les autres excepté peut-être que j'avais une sœur jumelle qui me ressemblait comme une goutte d'eau et que depuis ma plus tendre enfance je faisais chaque nuit le même cauchemar: je voyais ma seule et unique confidente, mon double parfait, quelques années de plus seulement, mourir sous mes yeux sans que je ne puisse rien y faire. Je me réveillai en panique, baignant dans ma propre sueur, mais n'en parlait ni à mes parents, ni à l'intéressée: à quoi bon les inquiéter et leur faire de la peine pour un simple cauchemar stupide? Je fermai donc les yeux sur ce que je prenais pour un délire tordu de mon cerveau, jusqu'à ce jour fatidique.

C'était un décembre matin. Nous avions désormais douze ans, comme dans mon songe et, comme tous les matins, notre mère nous conduisait à l'école avant de partir au travail. Il avait gelé pendant la nuit et la route était couverte de verglas. Ma mère conduisait prudemment mais pas assez pour éviter le drame qui allait se produire: elle perdit le contrôle du véhicule dans un virage et la voiture alla s'encastrer dans un arbre. Nous nous en sortîmes toutes deux indemnes, malheureusement, ce ne fut pas le cas de ma sœur, assise place passager: elle fut tuée sur le coup. C'est là que commença ma descente aux enfers.

Désormais plus aucune trace de la petite fille modèle que j'étais jadis. Je faisais miens tout les excès, de l'alcool, en passant par la drogue mais aussi l'automutilation. Tout prétexte était bon pour essayer une nouvelle substance tant abhorrée par les parents et l'establishment, plus rien ne comptant pour moi à part m'envoyer en l'air et noyer mon chagrin. Mes parents et mon entourage ne me reconnaissaient plus, je n'étais plus que l'ombre de moi même. A quoi sert-il de s'accrocher lorsque même les dieux semblent vous avoir abandonnée?

Si seulement j'avais su qu'ils étaient de mon coté depuis le début. Car une nuit, Hermès en personne me visita en rêve. M'apitoyer sur mon sort avait assez duré! J'étais née doté d'un don rare et de la bénédiction divine je ne devais pas gaspiller mon talent à des fins stupides et par pur égoïsme. Je pouvais continuer d'errer sur terre sans but et n'être qu'une coquille vide, avec une vie vide de sens ou mettre mon don à profit et accepter ma destinée. C'est la deuxième solution que je choisis. Grand bien m'en fut! C'est ainsi que les nuits suivantes m'apparurent tous les autres Dieux de l'Olympe, m'apportant ainsi chacun leur lumière. Je ne savais pas encore comment mettre à profit mon don de rêve prémonitoire mais je comptais bien mettre la main à la patte. D'autant plus que si je n'avais pas joué à l'autruche ma sœur serait probablement encore parmi nous.

C'est alors que de fil en aiguille la solution m'apparut: je ne pouvais pas prétendre devenir voyante ou diseuse de bonne aventure, à notre époque si cartésienne tout le monde m'aurait prise pour une folle ou une illuminée. Non, j'allais mettre mon talent au service de l'Art. C'est ainsi que je commençais à écrire des paroles de chansons et des poèmes, que je m'initiais au dessin et à la peinture et que je tannais mes parents pour m'offrir une guitare à Noël. Ces derniers étaient si heureux que je trouve des passions plus seines que celles que j'avais eues pendant des années que c'est tout naturellement qu'ils m'offrirent l'objet de mon désir. A 17 ans j'avais monté mon groupe et nous jouions mes propres compos.

A 19 ans nous avions déjà acquis une certaine notoriété et nous passions le plus clair de notre temps sur les routes, à jouer de ville en ville, dans des bars et des clubs. Je continuais cependant à dessiner, peindre et écrire des poèmes et prenais un petit « remontant » de temps en temps.

A 22 ans j'étais une rockstar mondialement connue et mon groupe remplissait les plus grands stades. Les fans étaient prêts à débourser des milliers rien que pour nous nous voir jouer et se massaient dans les galeries d'expo ou sur mon compte facebook pour voir mes dernières créations. Tous les hommes désiraient partager mon lit au moins pour une nuit et toutes les femmes rêvaient de me ressembler. J'avais sévèrement repris la consommation de psychotropes.

A 27 ans arriva ce qui devait arriver: je décédai dans ma chambre d'hôtel d'une overdose. J'avais rejoint le club des 27. Qu'à cela ne tienne, car j'étais désormais une légende sur terre et, lors de ma mort, les Dieux m'accueillirent sur l'Olympe, où ils me firent gouter le nectar et l'ambroisie. Depuis ce jour je suis immortelle, éternellement jeune, et fait la fête jour et nuit telle une éternelle adolescente. Car je suis la déesse du sexe, de la drogue et du Rock'n'Roll.