Si c'était si facile

               Essuyer des larmes, écouter des pleurs, consoler la nuit, consoler le jour, promettre un avenir meilleur. Il est si difficile, oui, d'aider. 

                   Mais il est tout aussi difficile d'aller mieux. Personne n'est à la place de personne, chacun se débrouille avec les armes qu'il a, si faibles soient-elles. On peut naître avec rien, juste un cerveau qui déconne. C'est alors un vaste combat qu'on mène à soi-même et aux autres. S'en sortir, vouloir être heureux mais ne pas pouvoir. Essuyer les défaites, les déceptions, les abandons. Ne jamais voir tout blanc ou tout noir, mais voir tout gris. Tout est à chaque fois mitigé. La tristesse n'est pas assez forte pour abandonner, la joie n'est pas assez intense pour sourire sincèrement. Il y a toujours une tache sur le tableau, un rien qui dérange. L'inexplicable sensation de ne pas mériter totalement le bonheur, et s'attendre à ce que tôt ou tard la sentence tombe. 

         Il y a aussi toujours la fatigue. Aider et se faire abandonner. Tout donner, même le courage qu'on n'a pas. Ecouter, sans broncher. Dire que ça va aller, alors que derrière l'écran, tout est si fade. Aimer jusqu'à l'infini, se démener, s'oublier pour que l'autre s'en sorte, juste demander si " ça va ? ". Ne rien demander en retour, si ce n'est un tout petit peu d'écoute, un tout petit peu d'amitié. Trois fois rien, mais de quoi ne pas se sentir délaissé. 

            Alors soyez attentifs et sincères. Essayez de comprendre, ne jugez jamais, ne donnez pas d'ordre, ne blessez pas. Mettez-vous cinq secondes à la place des autres. 

            Si c'était si facile, tout le monde serait heureux.