Si je pouvais un jour sur mes pas revenir
salome--2
Elle est là, je la sens, elle est comme endormie
elle est presque indolore et je peux l'oublier
je peux me réjouir,je peux rire et chanter
je peux faire des projets ,satisfaire des envies
garder un visage lisse et un air de bonheur
et certains jours de pluie rêver pendant des heures
en regardant la mer qui roule ses galets
dans un jeu inlassable toujours recommencé
Mais il suffit d'un rien ,d'un accent entendu
au détour d'un chemin ,d'une silhouette reconnue
comme étant du passé qui surgit au lointain
et mon visage se creuse des marques de mon chagrin
s'étend dans tout mon être ,cette poignante douleur
qui alourdit mon corps ,et qui torture mon coeur.
Puis s'impose fulgurant ce retour en arrière
et les larmes sont là aux bords de mes paupières
Si je pouvais, un jour ,sur mes pas revenir
comme l'enfant prodigue qui revient au pays
et qui va par les rues cherchant se souvenir
ayant á peine changé,ayant á peine vieilli
et reprend simplement le rythme de sa vie
Au plus fort de l'été,alors je reviendrais
A l'heure oú le ciel presque blanc devenu
se fait insoutenable á nos yeux embrasés
J'aurais pour m'accueillir les gestes empressés
et la joie de mes gens qui rient en s'exclamant,
l'obscurité propice ,et des murs la fraîcheur
et le sol si lisse,si souvent martelé
par mes galops pressés lorsque j'étais enfant.
M'envahirait soudain un immense bonheur
Me parviendrait alors le bruit sourd des machines
qui dehors inlassables ,engloutissent les grappes
et une senteur lourde remplirait mes narines ,
captivante et sucrée,qui s'imprégne á l'entour
et semble inviter á d'énivrantes agapes.
Sans attendre j'irai contempler a mon tour
l'avalanche des grains noirs aux reflets violacés
que des hommes demi nus aux gestes cadencés
dans une gueule béante enfournent sans répit.
Et le sombre nectar qui en cascades jaillit
d'un biblique sacrifice ,nous rend témoins muets
Au coucher du soleil, bientôt je sortirais
Je suivrais le chemin si souvent parcouru.
Aucun des gens croisés,inconnus me seraient
j'aurais bien des sourires ,des gestes de bienvenue
de ceux qui m'ont connue avant mes premiers pas
et qui vivent leurs vies jamais interrompues
détendus et sereins ,á l'abri des tracas
Sur la place il y aurait des groupes de gamins
reprenant une guerre ,qui cesserait le temps
de quelques heures studieuses,et dont les cris perçants
seraient le témoignage d'un combat incertain.
J'égarerais mes pas á travers le jardin
bien souvent déserté par les rares promeneurs
et je retrouverais ma famille assemblée
sur le seuil devisant ,appreciant la fraîcheur
qui succède le soir au soleil déclinant .
Si je pouvais un jour sur mes pas revenir
je vivrais doublement chacun de ces instants
je marquerais aux fers les pages de ma mémoire
pour que rien ne m'échappe,que les moindres sourires
que les moindres chagrins ,les bouderies dérisoires
les rencontres fortuites,les regards échangés
les mots que l'on m'a dit ,et ceux que j'ai pu dire
dans des bras inconnus les bals oú j'ai dansé
les visages qui s'estompent de ceux que j'ai aimés
Que toutes ces choses là que l'on nomme le passé
preuves oubliées d'un temps qui un jour a été
que j'ai laissé souvent sans y penser s'enfuir
restent pour toujours gravées sans jamais s'effacer
.....Si je pouvais un jour sur mes pas revenir.......