Siamoiseries

J'avais oublié.

Tout d'abord nos regards consentants,

Puis nos mains qui se joignent,

Nos visages qui se frôlent,

Nos lèvres qui se cherchent

Et qui cèdent à la langoureuse danse.

Nos corps qui se rapprochent,

Nos cheveux emmêlés,

Nos paupières mi-closes,

Mon cou à ta portée,

Ta gorge à mes baisers.

Tes dentelles aux contours de ta nudité,

Quand la pudeur te dispute à l'offrande de tout ton être tendu vers moi.

J'avais oublié.

Nos corps nus enlacés,

Nos jambes qui s'aiguisent,

Le parfum envoûtant de ta peau sur ma peau.

Nos mains aveugles

Soudain éprises d'audace et de liberté

Qui soulèvent tes frissons

Et font onduler mes hanches.

J'avais oublié.

Les à-coups de nos reins,

Pour rompre la douceur,

Qui cherchent la concavité.

La morsure féline,

Quand ton sourire perlé

Acère ses canines à mon endroit.

La mortelle randonnée

De ta langue délurée

Dans mes repères les plus intimes.

J'avais oublié.

Les mille et un détours,

A chaque parcelle de toi,

Que je m'autorise

Avant de boire à ta source.

Et puis la lente montée du plaisir

Qui t'éparpille sur le lit,

Offerte à mon habileté.

J'écoute avec délice

Ton chant de volupté,

Inégal, saccadé, crescendo

Jusqu'à ma tête prise au collet de tes cuisses.

En toi passe une onde de choc

Et je reste prisonnière,

Complice de tes convulsions.

Je ne savais pas

La gravité de ton regard

Au puits duquel le mien s'abime.

Un vertige me saisit,

Inconnu de moi.

L'Amour

Me dicte enfin sa loi.