Silence
Wilou Riamh
Les reflets courent sur les yeux, miroitent, se dissolvent.
Ils s'évaporent avec les larmes.
Ils baissent leurs armes, genoux écorchés sur ces éclats de verre.
La guerre est perdue et plus rien ne sort de ces visages égarés.
En regardant vers le ciel, on voit les miettes tomber doucement.
Un moment suspendu: plus de trompettes, plus de tambours.
Les mains fiévreuses se terrent.
Les cœurs crevés se déversent sur ces draps en lambeaux.
Un reste debout, hagard.
Autour de lui, les brumes montent, pâles et envoûtantes.
Elles viennent chercher leur dû.
En tapinois, des doigts diaphanes guettent l'heure des offrandes.
Il tourne sur lui-même.
L'horizon n'a pas de limite: le panorama l'entoure, l'encercle.
Petite cage de fumée dans une vaste plaine endormie.
Il fait si clair ici bas.
Les souffles figés dans le vide ressemblent à des stalagmites.
Des petites volutes spiralées collées sur une feuille de verre.
Les poings serrés, les phalanges blanchies.
Est-il le dernier, celui qui respire encore au point du jour?