Since u been gone

Il y avait des jours où on avait vraiment l'impression que rien n'allait, que tout tournait mal. Comme si on avait eu la malchance de casser un miroir et que la superstition prenait vraiment effet. Et qu'on allait d'un malheur à un autre. Il y avait des jours où on n'avait qu'une envie, c'était de se creuser un trou et de s'y cacher, juste le temps que ça passe, juste le temps de ne plus penser au monde qui nous entourait, juste alors pour se retrouver avec soi-même, dans le seul but de n'être que seule et de pouvoir alors plonger le nez dans ses propres pensées, afin de pouvoir redonner un sens à tout ce qui faisait que l'on vivait. Mais non, on n'en avait pas le droit puisqu'il fallait se contenter d'avancer d'après certains, sans même se soucier des parts de nous-même que l'on pouvait abandonner sur notre chemin. On devait se contenter de sourire au monde et ensuite faire comme si tout allait bien. Mentir donc, et se contenter de ça tout au long de sa vie. Passionnant. Mais trop nombreux étaient alors les personnes qui passaient leurs temps à mentir sur leurs états physiques et mentaux.

Et Billie Ziegler en avait marre de mentir. A un point que l'on imaginait même pas. Elle mentait, à son réveil et ça, jusqu'à ce qu'elle aille se coucher. Elle disait que tout allait bien alors que du matin au soir, quoi que l'on puisse penser, elle était au plus mal. On s'imaginait qu'elle avait enfin recommencer à manger normalement, alors qu'elle se contentait de manger pour tout recracher par la suite. Malade ? Et encore le mot était faible. Seule ? C'était parce qu'elle-même l'avait voulu. Elle ne pouvait rien y faire, elle était tombée un jour, et de tellement haut qu'elle n'avait jusque là pas encore réussi à se relever. Elle s'enfonçait, comme si, écroulée, elle continuait de creuser pour s'enfoncer, toujours un peu plus. Mais ça se voyait moins parce qu'elle avait tout doucement entreprit de se dissimuler derrière des sourires, de fausses joies. Le tout avait été de réussir à mentir à ses amis. Mentir à Joshua n'avait pas été trop dur, il lui avait suffit de passer un bon moment lors du bal. Et ça avait été le cas, le temps d'une nuit, Billie avait vraiment cru que les choses finiraient par aller mieux, parce qu'elle avait été heureuse. Mais au final, ça avait été tout le contraire, le perdre une nouvelle fois avait été comme un coup de poignard. Bien sûr qu'elle aurait dû s'y faire, et elle savait qu'il restait un élève de Taliesin, donc qu'il n'aurait pas pu rester. Déjà qu'il était venu de manière illégale. Il n'avait pas eu le choix, ça se comprenait mais pourquoi alors la douleur de la jeune Gryffondor s'était-elle multiplié ? Elle l'avait regardé s'éloigner, un grand sourire aux lèvres, mais à peine avait-il quitté son champs de vision que déjà, c'était comme s'il n'était pas revenu, comme si ce moment n'avait pas existé. C'était incroyable, et à la fois réellement insupportable. Dans sa tête, tout était probablement chamboulé, tout se mélangeait, toute ses idées, toutes ses pensées. C'était comme si elle devenait folle.

Se levant ce jour-là, son regard se posa dans son reflet, dans le miroir. Mais ce n'était pas elle, qu'elle y vit, c'était lui, son frère, c'était Kayne et il ne semblait pas très content. D'ailleurs, il semblait véritablement avoir mal, il saignait, du sang coulait au coin de sa bouche. Et malgré le fait qu'il ne paraisse pas très content, il pleurait. Ses joues étaient humides, et il était vraiment très pâle comme... En même temps oui, Kayne était mort. Tremblante, devenant pâle mais bien entendu pas à ce point, Billie s'avança vers le miroir, se mettant doucement à pleurer à son tour. « Kayne, je... » Touchant le miroir, elle ne toucha alors que le verre reflétant, et elle se mit encore plus à pleurer, laissant toujours sa main dans le miroir, s'imaginant que le miroir disparaîtrait mais que lui, son frère, il resterait et qu'il serait vraiment là alors, devant elle. Mais ce n'était pas le cas, et elle savait autre chose. Son frère n'était qu'une illusion, il n'était pas là, elle se l'était imaginé de toute pièce. « Tu n'es pas réel... ». Autant qu'elle se le dise, qu'elle le réalise et qu'il s'en aille. A être là, tel un reflet devant elle, il ne l'aidait pas, il ne l'aidait pas du tout. Ca lui faisait mal de ne pas pouvoir le serrer dans ses bras, contre elle, de ne pas pouvoir le toucher mais d'être alors obligé de le regarder, être obligé de le regarder sans qu'il ne puisse rien faire. Il ne semblait même pas pouvoir parler... Et son reflet lui faisait tellement mal, qu'elle avait presque envie de s'arracher le coeur. « Tu me fais du mal... Vas-t'en! ». Mais ça ne fit que pleurer Kayne davantage. A son tour il posa une main sur le miroir, tentant lui aussi de la toucher mais n'y parvenant pas, il baissa les yeux.

« Ne peux-tu donc pas partir ? Ne peux-tu donc pas me laisser tranquille ? Je vais mal ! Je vais mal sans toi ! Et toi, tu me hantes, encore et toujours ! Mais qu'ai-je fait de mal ?! ». Et il continua à garder son silence, tout en ayant lever les yeux vers elle, levé vers elle un regard tellement triste qu'il la brûla, comme si ce regard pouvait tuer. Tellement il était douloureux. « Pourquoi... Pourquoi Kayne ? » Elle ne parvenait plus à détacher son regard du miroir, c'était comme un nouvel espoir, elle le revoyait, encore. Il était là, et le sang qui coulait le rendait tellement réel, elle ne savait même pas pourquoi il pouvait saigner comme ça. « Pourquoi tu saignes... ».

Le reflet de Kayne se mit alors tremblant et il se mit à saigner, de plus en plus tandis que les pleurs de la jeune Ziegler se faisait de plus en plus fort. Il souffrait, ça se voyait et elle ne pouvait rien faire, rien du tout... Elle tapa alors si fort dans le miroir, qu'elle le brisa. Du sang se mit alors à couper de son poing, coulant de plus en plus. Elle l'avait cassé... Le reflet de Kayne se trouver dans chaque morceau du miroir, et dans chacun, elle le voyait encore plus triste, recouvert de sang. Et il se mit à crier. Un seul et unique mot mais c'était comme si chaque bout de miroir se mettait à le crier. « POURQUOI ?! ». Posant une de ses mains sur chacune de ses oreilles, Billie se redressa et sortit en courant. Ne s'arrêtant même pas quand elle passa à côté de Helena, qui la regarda assez inquiète, surtout en voyant le sang, elle se précipita dans les toilettes. Elle ne réalisa que là qu'elle tenait encore un bout de miroir. Elle n'en pouvait plus. Vraiment plus... Elle avait envie d'exploser, elle craquait. Et ce cri, poussé par son frère qui lui brûlait encore et toujours les oreilles... Bordel, pourquoi avait-il fallu qu'il réapparaisse ainsi hein ?! Se levant en titubant, elle se dirigea ver les toilettes les plus proches et se mit à vomir tout ce qu'il... N'y avait déjà plus dans son estomac. Elle allait mal, vraiment, et ça allait encore moins bien maintenant. Mais ça passerait ou en tout cas, elle ferait tout pour. C'était dur, bien trop dur. Mais ça passerait. N'est-ce pas ?

Non, ça ne passerait pas. Non, c'était tout simplement impossible. Elle savait que les choses ne s'arrangeraient plus, et en plus, et bien voilà, parce qu'elle commençait à voir des choses qui n'existaient pas. Ca n'irait pas mieux non, ça allait empirait. Serrant un peu plus le miroir dans sa main, elle se fit alors une entaille encore plus importante, mais elle ne sentit même pas la douleur, sur le coup. Trop énervant, peut être trop à cran, elle n'aurait su dire. En tout cas, une chose était sûre, elle n'en pouvait plus. Et elle ne tiendrait pas, un jour de plus. Et à regarder ce bout de miroir, tranchant, qui se trouvait entre ses doigts, elle devait bien avouer que l'envie était forte... Et si elle ne ressentait rien alors pourquoi pas. Elle se laissa glisser sur le sol, posant le bout de miroir sur son poignet. Hésitant, elle le glissa d'un bout à l'autre, mais n'appuyant pas assez fort. Elle avait peur, elle voulait en finir mais elle avait à la fois, si peur... Mais elle fit un mouvement trop rapide. Depuis quelques secondes, sans en avoir réellement conscience, sa main faisait doucement glisser la lame sur son poignet, mais sans réellement appuyer alors ça ne faisait rien. Mais c'est alors qu'un bruit la fit sursauter et que la lame pénétra dans son poignet. Le sang se mit aussitôt à couler. Tellement vite qu'elle se sentit défaillir au bout de quelques minutes. La trace de sang se faisait de plus en plus grande, et plus le sang coulait plus elle devenait pâle. Elle essaya d'appeler à l'aide, mais elle n'en avait plus la force. Se couchant doucement, elle posa sa tête sur son bras, se disant qu'elle avait réellement été bien stupide. Mais elle n'avait pas la force de se lever et d'aller chercher de l'aide, pas la force de se rendre à l'infirmerie non plus. Elle avait peur, en faite, peut être ne voulait-elle pas mourir. Mais n'était-il pas un peu tard pour penser à ça maintenant ? Elle était doucement en train de mourir, et bien entendu qu'elle le savait. Personne ne franchirait la porte des toilettes. Qui pourtant n'était pas fermé, ou alors, il serait trop tard. Le sang se répandait de plus en plus loin, de plus en plus vite. Jamais la jeune Gryffondor n'aurait pu imaginé que son sang la quitterait aussi vite. Elle n'avait même plus la force de se mettre debout, ni même la force de bouger, tout simplement. Toute force la quittait, elle ne parvenait plus à bouger du tout, et elle parvenait difficilement à maintenir les yeux ouverts. Devant elle, elle voyait Kayne, encore. Il avait toujours le même regard triste. Il pleurait encore. Mais cette fois, il ne saignait pas. Il se remit à crier encore, toujours la même chose mais cette fois, Billie comprenait. Il ne voulait pas que sa vie à elle se termine, là, maintenant. Et dans un sens, elle non plus ne le voulait pas. C'était fou comme un acte pouvait être aussitôt regretté... Elle aurait dû y réfléchir, peut être aurait-elle dû s'arrêter de courir quand elle avait vu Helena. Mais pourquoi alors n'avait-elle pas ressenti la douleur bordel... Se couper... Au moment où le bout de miroir avait pénétré sa peau, au moment où elle s'était mise à tant saigner. Elle avait eu l'impression que tout irait mieux, elle n'avait pas eu mal, elle avait ressenti comme un soulagement, comme une impression que tout irait mieux après. Ah bien y penser c'était tellement ridicule.

Elle avait froid, elle ne s'en était pas rendu compte jusqu'à maintenant mais Billie avait de plus en plus froid. Une fraicheur qu'elle ne pourrait pas arranger puisque c'était la chaleur de la vie qui s'éloignait doucement. D'ailleurs, bizarrement, elle sentit une pointe de fatigue la guettait. Elle la sentait depuis un moment déjà mais là, elle se faisait de plus en plus forte. Elle n'aurait qu'à se reposer un peu puis se lever après pour aller à l'infirmerie non ? Oui voilà, si elle dormait un peu, tout irait mieux après... Oui, elle n'avait qu'à se reposer un peu et tout ira mieux. Kayne se mit accroupi devant elle et quand il posa sa main sur sa joue, Billie fut légèrement étonnée de vraiment sentir ce contact. Il se mit alors à l'appeler. A crier son nom. C'était drôle comme sa voix pouvait être différente. Elle ressemblait... A celle de Seth. Mais elle avait les yeux aussi ouvert qu'elle le pouvait alors elle voyait que c'était Kayne. Il pleurait et il semblait inquiet. Mais quand il posa ses lèvres sur les siennes, elle ne comprit pas, il était son frère après tout non ? Pourquoi l'embrassait-il alors ? Elle voulait l'écarter mais elle n'en avait pas la force. Dormir, voilà tout ce qu'elle voulait. « Billie non, me fais pas ça ! Bordel Billie, ne t'endors pas ! Reste avec moi ! ». Oui, c'était la voix de Seth mais dans le corps de Kayne. Du bout des lèvres, elle prononça son nom mais si ses lèvres remuèrent, aucun son n'en sorti. Elle était trop faible, la vie l'abandonnait. « Je t'aime, me laisse pas. ». Il l'aimait ? Oui, il était son frère après tout... Elle se sentit soulevé, mais elle ne le sentit pas très longtemps. L'instant d'après, elle perdait conscience...

Mais ce n'était pas la fin, Kayne le lui avait promis, juste avant qu'elle ne sombre vraiment. Ce n'était pas son heure, c'était lui qui l'avait ajouté également. Et elle croyait tout ce qu'il disait. Et lorsqu'elle se réveilla dans l'infirmerie, elle comprit qu'il ne lui avait pas menti mais alors qu'elle s'attendait à le trouver à son chevet, elle ne vit que Seth. Endormi, serrant sa main dans la sienne. Elle ne voulut pas le réveiller, mais elle était inquiète. Où se trouvait Kayne s'il n'était pas à son chevet ! De toute la force qu'elle avait, elle se mit à crier son nom, crier et crier encore ! Il ne pouvait pas être parti ! Il ne pouvait pas ! Il lui avait demandé de ne pas le laisser alors pourquoi l'abandonnait-il ?! Seth se réveilla sous ses cris. Il voulut la prendre dans ses bras, la réconforter mais il la repoussa. Il se remit à pleurer. Et lorsqu'il ouvrit la bouche, le monde de la jeune fille s'effondra : « Kayne est mort depuis plusieurs mois Billie, il n'a jamais été là, il n'est plus là. C'est moi qui t'ai sauvé, pas lui. Tu imagines ce que tu as fait ? Tu imagines ce que tu as failli faire ? Tu ne trouves pas ton geste hypocrite ? Comment as-tu pu oser ?! Kayne est parti mais ce n'est pas une raison pour que tu parte aussi ! Imagines un peu ma réaction quand je t'ai trouver dans tout ce sang... Mais putain Billie, pour qui tu te prends ?! ». Et sans qu'elle ne puisse répondre quoi que se soit, il sortit de l'infirmerie. Billie était seule. Et elle risquait de le rester. D'ailleurs, personne ne vint lui rendre visite...