Sky With Hand

ferenk

Texte tissé autour de la chanson Sky With Hand du groupe Blue Sky Black Death. Publié initialement ici : http://dansmonshazam.wordpress.com/2014/02/11/cielbleu-mortnoire/

De là-haut, les observations doivent être bien différentes et les constats moins sommaires. On doit voir des points, des entités, des amas, des conglomérats, des lignes, des coutures, des coupures, du mouvement par impressions. Il faudrait à la fois embrasser l'ensemble et le particulier. Il y aurait cette extase de pouvoir tout balayer, le haut, le bas, le pourtour, et de partir, vers n'importe quelle direction.

            Quel pouvoir souhaiterais-tu avoir ?

            Il n'est plus permis de se laisser aller. Ils tapent durement le sol de leurs bottes aux semelles plates, et marchent le regard fixe. Mais il n'est pas permis de bouger différemment, de dévier, ils pourraient le voir. La déviance, c'est ce qu'on appelait autrefois l'originalité, la touche perso, voire la différence. Ils ont tué mon chien. Tu me tiens la main. Ils pourraient le voir, mais tu continues à le faire, et tu continueras, parce que tu as peur de ne plus avoir peur.

            Dans quel monde vivons-nous ?

            J'ai marché sur le sentier, j'ai même couru par moments, et j'ai pensé à toi, et j'ai répété mon mantra, et j'ai bu, et j'ai cru m'arrêter avant de me ressaisir. Je ne voulais pas lâcher. J'ai souris, dans l'effort j'aime sourire, il n'y a pas de sadisme, j'ai souris parce que je savais ce que l'arrivée promettait, et que la promesse du crépuscule s'approchait. J'aime prendre les virages serrés à la corde. J'aime courir dans les descentes. J'aime courir dans les montées. J'aime voir le paysage apparaître et disparaître. Qu'est-ce que le mal, sinon un passager dont on peut se défaire si l'on trouve passager plus accrocheur. Un pas de plus, un pas de plus, toujours un pas de plus. Un pas est un espoir, un pas me rapproche de la joie, un pas n'est pas un exploit mais une joie. Un pas de plus. Je me répétais cela, et puis je suis arrivé. Et j'ai compris.

            La dernière fois que tu as pleuré ?

            J'aurais voulu resté, puis je serais parti. J'aurais voulu crier, et je me serais tu, non pas par lâcheté, mais par nécessité d'aller de l'avant. Crier, cela équivaut à s'entreprendre, à assumer ou à passer pour dément. J'aurais eu besoin de temps, mais je n'en aurais pas pris, parce que depuis le début il me file entre les doigts. Je serais passé à l'action, si l'action veut bien de moi, si la réaction nécessite du courage, alors j'aurais réagi. Car je n'aurais pas baissé les bras vu qu'aux frontières de nos soucis restent des espoirs vivants et tranchants. J'aurais couru vers la lumière, j'aurais voulu voir une première fois les rayons, avant tout le monde, pour être en joie. J'aurais fait comme toi, avec toi. Voilà tout.

            Qu'aurais-tu fait à ma place ?

            Au-delà des montagnes, des océans, des forêts, les destinations sont multiples, les chemins cent mille fois plus. Emprunte un chemin, puis offre-le. Point d'origine à Point d'arrivée. Entre les deux, le tracé est une somme, un pas de plus, un pas de plus, un-et-un-font-deux, ainsi de suite, toujours. Cela fonctionne pour chaque étape, expérience, rencontre, vie, œuvre, travail… La chanson creuse son tracé à l'intérieur, et nous n'avons que des adjectifs limités pour décrire les émotions ressenties, souvent après écoute. La langue est limitée, l'imagination non. Image après image, sentiment après sentiment, reste les sensations, les visions sous les paupières, les notes inscrites. Ecoute une chanson, puis offre-la. Elle continuera de tracer son chemin. Epiphanie.

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