/ GREEN PARIS /

Maxime

Paris 2114. Une terrible tragédie s'est abattue sur la capitale suite à la guerre bactériologique qui s'est déroulée entre l'hexagone et la Pologne : sortis victorieux de la Révolution Magenta qui opposa leur pays à la Russie, les polonais ont alors défié la France après une sombre histoire d'achats de DTH (Drone Tank Hybride, de petits vaisseaux spatiaux piloté par une intelligence artificielle) avec l'empire russe. Les dommages ont été considérables et impossible de connaître le nombre de victimes dans cette ignominie. Mais le pire est arrivé : béton, asphalte et contre-plaqué ont tous été ravagé par une bactérie se nourrissant de tous les matériaux nécessaires à la construction d'immeubles, de routes et de rails. La ministre de l'Écologie et le ministre du Logement ont alors travaillé de concert pour redresser très rapidement la situation, catastrophique pour l'économie du pays qui a traversé cette crise durant de trop lourdes années. Mais la découverte d'une nouvelle source d'énergie a complètement chamboulé l'existence des parisiens.


Un scientifique a inversé l'effet de la bactérie : lâchée par inadvertance sur une plante celle-ci s'est mise à grossir et fleurir en quelques secondes. Le Dr Stel a ainsi découvert une intelligence verte capable de s'embellir et de se développer jusqu'à maturité. L'Épopée Verte est née : les journalistes du monde entier sont arrivés en masse lorsque le gouvernement a lancé l'Opération Green Paris, mené par un parti écologiste fraîchement arrivé au pouvoir. En une semaine la capitale a revêtu un manteau vert incroyable : buildings, logements, hôtels ou encore commerces, l'économie est repartie de plus belle avec une nouvelle façon de consommer. Le développement durable et la consommation locale sont revenus au cœur des discussions. Les jardiniers, producteurs de fruits et légumes ainsi que les « green lanterns », les nouveaux ambassadeurs recherche et développement de la bactérie Stel, sont devenus les magnats du business. Paris a ainsi troqué son nom de ville pour celui de flore.


Si la capitale est devenue le nouvel eldorado, elle s'est aussi mise à l'écart de la province. En effet une énorme ceinture verte s'est constituée autour de l'ancien périphérique intérieur et la grogne s'est emparée des autres grandes villes. Les français se sont alors répartis en deux camps : d'un côté les steliens, prônant la suprêmatie de la technologie verte, de l'autre les normaliens, animés par une rancoeur et une déception sur la situation du pays. Un fossé social s'est ouvert, des émeutes se sont développées et la ville de Clermont-Ferrand, redynamisée en étant le premier chantier aéronaval, a été déclarée nouvelle capitale française. D'énormes bases militaires ont poussé sous les volcans d'Auvergne et l'informatique artificielle, déployée par des robots, s'est emparée des soldats les plus faibles pour les monter contre la flore de Paris. Le colonel Livo-Prudent, humain de la tête au torse, prothèses aux membres, a ainsi fait frémir les steliens lorsqu'il a menacé de bombarder l'ancienne capitale.


Quelques green lanterns ont cependant travaillé en douce sur des projets d'armes florales. La ceinture verte a été équipée de lifa (grenades paralysantes), de vaetylène (sève qui bloque temporairement la respiration) et de datassia (solidifie le sang) ; les troncs, lianes, feuilles et autres branches formant le paysage immobilier de la flore de Paris ont été suffisamment solides pour pouvoir encaisser les chocs des armes traditionnelles. Si le soutien de Londres, Bruxelles et Berlin était également à souligner, l'économie française a été à double-vitesse et du côté de Clermont-Ferrand pas question de se laisser faire. Entre l'envie de revanche des normaliens sur les polonais et la situation de la flore de Paris, Livo-Prudent était convaincu de l'utilité de sa frappe militaire.


Une Auvergne gonflée à la nouvelle technologie, une capitale biodynamisée, avant-gardiste ou conservatrice : la France s'est à nouveau divisée.

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